Guerre en Ukraine Macron n'exclut pas un envoi de troupes occidentales au sol

AFP

2.5.2024

Emmanuel Macron a détaillé, dans The Economist, son plan pour éviter une mort «brutale» de l'Europe, assumant au passage sa position controversée sur la possibilité d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, si Moscou allait «percer les lignes de front».

Emmanuel Macron affirme que la Russie «est rentrée dans une logique de guerre totale» (archives).
Emmanuel Macron affirme que la Russie «est rentrée dans une logique de guerre totale» (archives).
IMAGO/ABACAPRESS

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2.5.2024

«Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s'il y avait une demande ukrainienne – ce qui n'est pas le cas aujourd'hui – on devrait légitimement se poser la question», a dit le président français dans un long entretien publié jeudi par l'hebdomadaire britannique.

Le chef de l'Etat français a créé la controverse fin février en affirmant que l'envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien ne devait pas «être exclu» à l'avenir. La plupart des pays européens, ainsi que les Etats-Unis, s'étaient nettement démarqués, même si certains ont depuis fait un pas en sa direction.

La Russie «dans une logique de guerre totale»

Dans The Economist, Emmanuel Macron affirme que la Russie «est rentrée dans une logique de guerre totale». Et il faut l'empêcher de gagner en Ukraine, faute de quoi «nous n'aurons plus de sécurité en Europe».

Plus largement, il inscrit cette question dans la nécessité d'aboutir à une «crédibilité militaire européenne», lors d'un débat qu'il a appelé de ses voeux il y a une semaine à la Sorbonne.

Dans ce discours, à l'approche des élections européennes de juin qui voient son camp largement distancé dans les sondages par l'extrême droite, il avait mis en garde: «l'Europe peut mourir».

Cette «mort» peut être «beaucoup plus brutale qu'on ne l'imagine», insiste-t-il jeudi. Selon lui, «un sursaut est possible» mais doit être «beaucoup plus profond» face à un «triple risque existentiel pour notre Europe»: «militaire et de sécurité», «économique» et démocratique.

Sur la défense, les Européens doivent s'asseoir «autour de la table pour bâtir un cadre cohérent», plaide Emmanuel Macron. «L'Otan apporte une de ces réponses et il ne s'agit pas de balayer l'Otan. Mais ce cadre est beaucoup plus large», ajoute-t-il.

«Je dis aux Européens: réveillez-vous!»

Ce débat doit dépasser l'Union européenne, avance encore le président français, qui veut «arrimer la discussion dans le cadre de la Communauté politique européenne», ce nouveau format qu'il a inspiré pour inclure notamment Londres après le Brexit. «Ce serait une erreur d'exclure des pays qui ne sont pas dans l'UE», comme la Norvège, le Royaume-Uni ou les Balkans".

La réflexion doit aussi inclure l'arme nucléaire, dont la France et le Royaume-Uni sont dotés en Europe, réitère-t-il. Il propose que les partenaires européens «prennent en compte» cette «capacité» française, «sans pour autant la mutualiser».

Sur le plan économique, à la veille d'une visite d'Etat en France du président chinois Xi Jinping, lundi et mardi, Emmanuel Macron appelle l'Europe à défendre ses «intérêts stratégiques» et «les enjeux de sécurité nationale» au nom de la «réciprocité» dans ses relations commerciales avec Pékin. «Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose.»

S'agissant de la «vulnérabilité démocratique», le chef de l'Etat, qui a promis de s'impliquer dans la campagne des européennes, lance enfin un avertissement aux électeurs: «la meilleure façon de construire ensemble, c'est d'avoir le moins de nationalistes possible».

«Je dis aux Européens: réveillez-vous!», «tous les nationalistes européens sont des brexiters cachés», ajoute-t-il, visant particulièrement l'extrême droite française.

Après avoir prôné la sortie de l'Europe, le Rassemblement national tire maintenant «les dividendes de l'Europe en voulant la détruire sans rien dire», accuse le président Macron. «C'est comme si on était en train de dire +ce n'est pas grave de confier la banque à des braqueurs+», ajoute-t-il.