Nouveau défi En pleine reprise, les acteurs du tourisme confrontés à l'inflation

ol

27.5.2022 - 10:15

Alors que la saison estivale a bien débuté pour le tourisme suisse, grâce à une demande intérieure toujours soutenue, l'inflation vient jouer les trouble-fête, au risque d'entraver la reprise, avertissent différents professionnels sur secteur.

Le grand défi actuellement est posé par l'inflation, alors même que la Suisse est déjà une destination de vacances onéreuse.
Le grand défi actuellement est posé par l'inflation, alors même que la Suisse est déjà une destination de vacances onéreuse.
KEYSTONE

27.5.2022 - 10:15

«Actuellement, les prévisions sont bonnes pour la clientèle suisse et européenne», indique à AWP Damian Constantin, directeur de Valais/Wallis Promotion. «Il est cependant difficile de savoir si cela suffira à compenser l'absence des marchés lointains, qui sont encore très loin d'atteindre leur niveau d'avant crise, bien que la clientèle américaine ait commencé à faire son retour», précise-t-il.

De plus, avec l'allègement des restrictions sanitaires, de nombreux Suisses devraient à nouveau mettre les voiles pour l'étranger. «Nous constatons une nette reprise des voyages, surtout pour les destinations en Europe», indique un porte-parole du TCS. Hors le Vieux continent, les destinations les plus demandées sont l'Amérique latine, les Etats-Unis et le Québec, ainsi que l'Afrique du Sud, alors que l'Asie est boudée.

«La saison estivale a bien démarré, les activités ont repris dans la clientèle entreprise», relève Sabine Schenker, directrice du marketing pour les hôtels alpins Sunstar. La clientèle américaine et des pays arabes revient peu à peu, mais les touristes asiatiques manquent toujours à l'appel.

Même son de cloche pour les hôtels Arenas, à Wengen et à Sils Maria, qui profitent d'une solide demande pour cet été, leur clientèle étant «à 80% en provenance de Suisse». Les touristes allemands, français, britanniques et néerlandais sont également de retour, tandis que les Américains reviennent timidement.

L'inflation épée de Damoclès

Le grand défi actuellement est posé par l'inflation, alors même que la Suisse est déjà une destination de vacances onéreuse. «L'effet risque de se faire sentir en particulier sur la clientèle européenne», explique M. Constantin. «Mais les clients sont prêts à payer pour la qualité», relativise-t-il.

En Suisse, l'inflation a atteint un pic en avril à 2,5% sur un an, mais tout de même bien inférieur aux 7,4% de la zone euro pour le même mois.

«L'augmentation des prix de l'énergie pèse, de même que celle des produits alimentaires. Où cela était possible, nous avons relevé nos prix», indique Mme Schenker.

«L'inflation est une problématique importante dans l'hôtellerie et nous devons la prendre en compte dans nos activités et services», ajoute une porte-parole des hôtels Arena. «Nous remarquons chez nos fournisseurs une nette augmentation des prix pour le matériel et les denrées alimentaires». Pour autant, la solution ne consiste pas à transférer systématiquement la hausse des coûts sur les clients: «Les hôtels doivent prendre en compte le marché local lors de la fixation des prix ainsi que la valeur de leurs murs».

Les auberges de jeunesse sont également touchées, indique une porte-parole de Youth Hostel, mais aucune hausse des prix générale n'est prévue pour le moment. «Actuellement, la plus faible marge peut être compensée par une demande plus importante». Les réservations en provenance de l'étranger sont en effet en hausse.

«Nous nous attendons à ce que les prix de l'énergie et des marchandises augmentent ou aient déjà augmenté. Mais pour l'instant, nous ne répercutons pas cette hausse sur nos clients», indique le porte-parole du Touring Club Switzerland (TCS). Au lieu d'augmenter ses prix, l'entreprise préfère faire des économies dans d'autres domaines.

Selon un sondage conduit par HotellerieSuisse début mai, plus de la moitié des établissements ont augmenté leurs prix par rapport à l'année dernière. Dans la majorité des cas, la hausse s'explique par des prix d'achat plus élevés, par exemple dans l'énergie, tandis qu'un tiers des hôtels justifie cette augmentation par des charges de personnel plus élevées. «Le problème pourrait toutefois encore s'aggraver face à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée», relève la faîtière.

ol