Aux portes du dépôt de bilan dimanche dernier, le studio Weinstein semble avoir finalement trouvé une alternative à la faillite, grâce à un accord de reprise avec l'ex-responsable des PME de l'administration Obama, décidée à transformer la société co-fondée par le producteur déchu Harvey Weinstein en modèle de promotion des femmes à Hollywood.
"Notre équipe est heureuse d'annoncer que nous avons franchi un pas important et trouvé un accord pour acheter des actifs de The Weinstein Company (TWC) afin de lancer une nouvelle société, avec un nouveau conseil d'administration et une nouvelle vision incarnant les principes que nous défendons depuis le début du processus à l'automne", a déclaré jeudi soir la responsable, Maria Contreras-Sweet, à la tête d'un groupe d'investisseurs qui négocie depuis l'automne une reprise de la TWC.
"Ces principes n'ont jamais varié et consistent à bâtir un studio de cinéma mené par un conseil composé d'une majorité de femmes indépendantes", à "sauver 150 emplois" et "créer un fonds de compensation des victimes", a-t-elle ajouté.
Mme Contreras-Sweet n'a donné aucun détail sur l'accord trouvé, ni confirmé le montant de l'opération. Jusque-là, le projet était évalué à 500 millions de dollars, dont 225 millions de dollars de reprise de dettes.
Le conseil d'administration de la TWC a confirmé lui aussi avoir "passé un accord" pour céder ses actifs aux investisseurs emmenés par Maria Contreras-Sweet et le milliardaire Ron Burkle.
"Nous voyons cela comme une issue positive obtenue dans des circonstances incroyablement difficiles", a-t-il souligné dans un communiqué.
- Bénédiction du procureur -
Le procureur de l'Etat de New York, qui avait bloqué début février un premier projet de reprise de Mme Contreras-Sweet, au motif que les fonds prévus pour dédommager les victimes des abus sexuels d'Harvey Weinstein étaient insuffisants et que la direction de la nouvelle société incluait des cadres ayant couvert ses agissements, a lui aussi semblé bénir le nouveau projet.
"Nous sommes contents d'avoir reçu des engagements express des parties que la nouvelle société créera un véritable fonds de compensation pour les victimes, bien alimenté, et appliquera une politique des ressources humaines qui protégera les employés et ne récompensera pas indûment les mauvais acteurs", a-t-il réagi jeudi soir dans un communiqué.
Le procureur, qui n'abandonne pas pour autant la plainte qu'il a déposée au civil contre la TWC, pour n'avoir pas protégé ses employés face au comportement du producteur, a laissé entendre que le nouveau projet restait toutefois à finaliser.
"Nous allons travailler avec les parties dans les semaines à venir pour s'assurer qu'elles honorent leurs engagements", avant la signature définitive, a-t-il indiqué.
L'annonce de cet accord intervient alors que la Weinstein Company (TWC) avait annoncé dimanche être prête à déposer le bilan, précisément faute d'accord avec le groupe d'investisseurs emmené par Mme Contreras-Sweet et Ron Burkle.
La TWC avait alors fait de multiples reproches à Mme Contreras-Sweet, laissant entendre que les discussions entre les deux parties étaient difficiles.
Mme Contreras-Sweet s'était dite "surprise" de ces critiques, assurant vouloir "créer une société dirigée par des femmes", capable de "servir d'exemple" à Hollywood, où le #MeToo a fait chuter de nombreux hommes de pouvoir.
La TWC, fondée en 2005 par Harvey Weinstein et son frère Robert après qu'ils eurent revendu Miramax à Disney, est dans la tourmente depuis la publication des premières accusations d'abus sexuels contre Harvey Weinstein le 5 octobre. Le producteur en disgrâce en avait été écarté dès le 8 octobre.
Mais depuis, plus d'une centaine de femmes, dont des célébrités comme Ashley Judd, Gwyneth Paltrow ou Salma Hayek, ont accusé Harvey Weinstein de les avoir sexuellement harcelées, agressées ou violées.
Plusieurs d'entre elles ont attaqué Harvey Weinstein et la TWC en justice, des assignations qui pourraient se traduire par des millions de dollars à payer en dommages et intérêts.
Après avoir produit des films à succès comme "Le discours d'un Roi" ou "The Artist", la plupart des projets que la TWC avait dans ses cartons sont aujourd'hui suspendus.
Les dates de sortie de films déjà achevés, comme "The Upside", un remake du film français "Les Intouchables", ou "The War with GrandPa", une comédie avec Robert de Niro, ont été repoussées sine die.
Et les droits sur plusieurs projets en gestation ont été vendus, notamment ceux d'un film de Quentin Tarantino sur les célèbres meurtres commis par les disciples de Charles Manson en 1969, cédés à Sony.
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