«Quand les fous meurtriers passent à l’acte»« Elle n’as pas seulement tué Ilias, elle a tué toute notre famille »
Elvire Küenzi
31.8.2023
Le magazine « Temps Présent » est bien connu pour ses enquêtes sur des sujets de société. Sur Play RTS, vous pouvez retrouver toutes les anciennes émissions diffusées. Durant l’été, on a regardé quelques épisodes, dont celui-ci qui revient sur les folies meurtrières. Inquiétant.
Elvire Küenzi
31.08.2023, 11:56
31.08.2023, 11:57
Elvire Küenzi
Ilias avait 7 ans. Il a été poignardé par une retraitée en rentrant de l’école. Alex, quant à lui, a été battu à mort par l’un de ses copains sous l’emprise de la drogue. L’épisode de Temps Présent « Quand les fous meurtriers passent à l’acte » revient sur ces deux tragédies.
Si le titre de l’émission est accrocheur, la question mérite que l’on s’y attarde : comment définir la responsabilité des auteurs et la manière dont ceux-ci doivent être sanctionnés par la loi quand on évoque la folie ?
Tuer pour attirer l’attention
Au moment de son passage à l’acte, la retraitée Alice F. a déjà été internée deux fois en hôpital psychiatrique. Depuis plusieurs années, elle envoie régulièrement des courriers à l’administration publique pour se plaindre de sa situation, revivant ce qu’elle considère comme étant une injustice vécue il y a plus de trente ans.
En effet, à cette époque, Alice se fait sommer de quitter son logement et finira par se faire expulser. Sa crainte ? Devenir sans abri.
Le psychiatre médico-légal Steffen Lau éclaircit les motivations de l’intéressée en expliquant : « Il faut imaginer qu’elle a commis cet acte ultime pour attirer l’attention, celui-ci a provoqué une réaction des autorités qui lui a apporté une satisfaction parce que ça lui permet de poursuivre son combat. Enfin, elle reçoit l’attention dont elle estime avoir besoin pour résoudre son problème apparu il y a 20 ou 30 ans ».
Alice F. souffre de ce qu’on appelle dans le jargon « un délire quérulent », soit une tendance pathologique à combattre et à revendiquer une réparation disproportionnée d'un préjudice réel ou imaginaire
Selon le jugement, Alice F. est reconnue coupable de meurtre en 2020. Cependant, selon le verdict, il a été admis que celle-ci a agi sous l’emprise de la folie. Par conséquent, elle n’est pas responsable de ces actes et donc impunissable. La retraitée est internée, enfermée à titre préventif en raison du risque de récidive élevée.
Ce verdict est difficile à concevoir pour la famille du petit Ilias qui éprouve, en plus d’une profonde tristesse, une vive colère contre la retraitée : « Une psychopathe arrive et lui ôte la vie. (…) Elle n’a pas seulement tué Ilias, elle a tué toute notre famille. »
Le meurtre d’Alex Faber
Nous sommes en 2014, Alex a 23 ans. Il vient de terminer ses études et de décrocher un emploi à Londres. Mais tout bascule quand il participe à une soirée festive avec l’un de ses amis, une nuit durant laquelle les deux jeunes hommes consomment de la kétamine et de la cocaïne.
La chroniqueuse judiciaire Christine Brand explique la manière tragique dont Alex a été tué : « Il a été frappé à mort, étranglé, étouffé par une bougie qu’on lui a enfoncé dans la gorge. Il a été atrocement brutalisé ».
Délire, coup de folie, violence ? L’auteur du meurtre tente de se dédouaner en prônant la légitime défense puis change de version, il aurait pris son ami pour un extraterrestre. La justice doit donc définir son état de responsabilité.
Tout d’abord condamné à 12 ans pour viol (sur sa petite amie) et meurtre avec préméditation, il sera jugé à nouveau en appel en 2019 par la Haute Cour Cantonale.
Verdict ? L’homme est acquitté pour le viol et déclaré en état d’irresponsabilité, il prend trois ans. Mais son jugement fait débat, ce qui donne lieu à une troisième sentence en 2022 où il écope de 12 ans et doit suivre un traitement contre la dépendance.
Un jugement définitif qui, évidemment, n’atténue pas la douleur de la mère d’Alex, Katja Faber : « La douleur est indescriptible » confie cette femme qui a appris le décès de son fils alors qu’elle était en Espagne. « Je me suis assise et le policier m’a regardée et il m’a dit votre fils est mort. C’est comme si on m’avait frappé tellement fort que j’avais le souffle coupé ».
Les nouveaux épisodes du magazine sont diffusés tous les jeudis soir à 20h10 sur RTS1.
Pour voir les anciens reportages, rendez-vous sur Play RTS :