Deux touristes regardent le célèbre panneau Hollywood le 21 février 2019
L'actrice Alyssa Milano est devenue le fer de lance des appels au boycott de la Géorgie pour lutter contre la loi limitant le délai légal de l'avortement
Le gouverneur républicain de Géorgie Brian Kemp le soir de sa réelection à Athens, le 6 novembre 2018
Un militant pour la défense de l'avortement lors d'une manifestation à Washington DC le 19 janvier 2018
Hollywood tiraillé entre incitations fiscales et restrictions sur l'avortement
Deux touristes regardent le célèbre panneau Hollywood le 21 février 2019
L'actrice Alyssa Milano est devenue le fer de lance des appels au boycott de la Géorgie pour lutter contre la loi limitant le délai légal de l'avortement
Le gouverneur républicain de Géorgie Brian Kemp le soir de sa réelection à Athens, le 6 novembre 2018
Un militant pour la défense de l'avortement lors d'une manifestation à Washington DC le 19 janvier 2018
Elle reste encore marginale mais la grogne monte à Hollywood: l'Etat américain de Géorgie, qui a su séduire studios et producteurs avec des dispositifs fiscaux très favorables, pourrait désormais se mettre à dos l'industrie du divertissement en durcissant sa loi sur l'avortement.
Alec Baldwin, Don Cheadle, Ben Stiller, Mia Farrow, Amy Schumer et plusieurs dizaines d'acteurs américains emmenés par Alyssa Milano avaient déjà menacé fin mars de boycotter les tournages en Géorgie si l'Etat adoptait ces nouvelles mesures restreignant l'interruption volontaire de grossesse.
Sourd à ces demandes, le gouverneur républicain de cet Etat du sud des Etats-Unis, Brian Kemp, vient de ratifier une loi interdisant l'avortement dès que les battements du coeur du foetus sont perceptibles. Cela correspond environ à la sixième semaine de grossesse, un stade où bien des femmes ignorent encore qu'elles sont enceintes.
Alyssa Milano est aussitôt montée au créneau. «Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que le plus grand nombre de productions possibles quitte cet Etat qui continue à promouvoir une politique oppressive et néfaste, contraire à tout ce que l'industrie du divertissement défend», a déclaré l'actrice au site BuzzFeed News.
Ironie du sort, elle est contractuellement tenue d'achever en Géorgie le tournage de la série télévisée «Insatiable», prévu pour encore un mois.
La Géorgie a en effet de nombreux atouts, notamment financiers: le coût de la vie est bien moindre qu'à Los Angeles et surtout, l'Etat a adopté en 2008 des mesures fiscales très avantageuses pour les productions qui s'y tournent, qui peuvent avoir jusqu'à 30% de crédit d'impôt.
Des films Marvel comme «Black Panther» ou «Avengers: Infinity War» ont été réalisés en Géorgie, qui accueille aussi les équipes de nombreuses séries télévisées, comme «Stranger Things», «Ozark» ou «The Walking Dead».
L'an dernier, plus de 450 productions y ont installé leurs caméras, investissant 2,7 milliards de dollars.
- Les valeurs et l'argent -
«Je comprends que les réductions d'impôts soient géniales (...) mais Brian Kemp vient juste de transformer les millions que vous économisez, et les milliards que vous injectez dans l'économie de cet Etat, en argent du sang», a dénoncé vendredi dans un éditorial au vitriol Mary McNamara, critique pour le Los Angeles Times.
«Le sang de toutes les femmes et filles qui vont désormais recourir aux aiguilles à tricoter et aux charlatans pour mettre un terme à leur grossesse», a-t-elle accusé.
Plusieurs producteurs indépendants ont également pris position contre la loi géorgienne.
«Je ne peux pas demander à l'employée d'une production sur laquelle je travaille de se marginaliser ou de remettre en cause sa souveraineté inaliénable sur son corps», a ainsi déclaré David Simon, créateur de séries à succès comme «The Wire» ou «The Deuce».
«Killer Films ne considérera plus la Géorgie comme un lieu de tournage viable jusqu'à ce que cette loi ridicule soit retoquée», a prévenu de son côté la présidente de Killer Films, Christine Vachon, sur Twitter.
Le syndicat des scénaristes américains a lui aussi affirmé dans un communiqué que cette loi sur l'avortement fait de la Géorgie «un endroit inhospitalier pour ceux qui travaillent dans l'industrie du film et de la télévision».
Mais les grands studios, eux, restent prudents, sinon muets.
«Nous allons continuer à surveiller la situation», a assuré vendredi à l'AFP Chris Ortman, porte-parole de la Motion Picture Association of America, association qui regroupe les six poids lourds de Hollywood (Paramount, Sony, Universal, Disney, Warner Bros, récemment rejoints par Netflix).
«Il faut se souvenir que d'autres Etats ont tenté d'adopter des législations similaires et qu'elles ont été invalidées par des tribunaux ou qu'elles font actuellement l'objet de plaintes», a-t-il affirmé, relevant que les productions en Géorgie représentent plus de 92.000 emplois et autant de familles.
Un discours que refuse Mary McNamara, «Hollywood doit partir maintenant», tranche-t-elle, citant dans son éditorial Brian Kemp lui-même, qui avait lancé en signant la loi: «Nous ne pouvons pas échanger nos valeurs personnelles contre de l'argent».
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