Actu people Japon: deniers publics et rites impériaux, un prince prend position

AFP

30.11.2018 - 09:43

Le prince Akishino et la princesse Kiko lors d'une conférence de presse, le 22 novembre 2018 à Tokyo
Le prince Akishino et la princesse Kiko lors d'une conférence de presse, le 22 novembre 2018 à Tokyo
Source: Maison impériale/AFP

Le frère du prince héritier du Japon a critiqué publiquement le projet de faire financer par des fonds publics des rites religieux prévus pour l'intronisation de son frère en 2019, une sortie rare pour un membre de la famille impériale.

Le prince Akishino, le plus jeune des deux fils de l'empereur Akihito, deviendra prince héritier lorsque son père abdiquera l'an prochain en laissant la place à son fils aîné Naruhito.

Au cours d'une conférence de presse organisée la semaine dernière et dont le contenu a été rendu public vendredi, il est entré de façon inattendue dans une controverse en cours au Japon sur le fait de savoir si une des cérémonies de l'accession au trône du prince héritier pourrait contrevenir au principe de la séparation de la religion et de l'Etat.

Akishino a souligné que le rite Daijosai qui doit être observé en novembre 2019 est "d'une nature hautement religieuse". "Je me demande s'il est correct de financer une chose aussi religieuse avec de l'argent public", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait exprimé son opposition au chef de l'Agence de la maison impériale. "Il ne m'a pas écouté", a lâché le prince.

La presse japonaise a rapporté que le chef de l'Agence, Shinichiro Yamamoto, a réagi en s'excusant mais en affirmant aussi avoir expliqué clairement à ce membre haut placé de la famille impériale le processus de décision.

Les remarques du prince Akishino ont suscité des questions, la Constitution du pays interdisant toute intervention impériale dans les affaires politiques.

"Si ses propos sont considérés comme une objection au financement public (décidé par le gouvernement), ils pourraient constituer une violation" de ce principe, a déclaré à l'agence de presse Kyodo une source au sein des services du Premier ministre.

Le prince a exprimé ses "vues personnelles" et "il n'y a pas de problème constitutionnel car elles n'ont aucune influence sur la politique du pays", a cependant déclaré de son côté à la presse le porte-parole adjoint du gouvernement, Yasutoshi Nishimura.

Les paroles du prince tombent au moment où des citoyens japonais, parmi lesquels figurent des membres d'organismes bouddhistes et des chrétiens, s'apprêtent à poursuivre début décembre le gouvernement en justice en raison de ses projets de financement de cérémonies liées à l'abdication de l'ancien empereur et son remplacement.

Des plaintes du même type avaient également été déposées au moment où Akihito succéda à son père Hirohito, décédé en 1989.

Tous les recours en justice ont à l'époque été déboutés, mais une cour d'appel a indiqué que des doutes pouvaient exister quant à la constitutionnalité de l'imputation sur les deniers de l'Etat des coûts de certaines cérémonies à caractère purement religieux, en l'occurrence répondant aux règles du shintoïsme.

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