Actu peopleMalgré la polémique, le «J'accuse» de Polanski entre en compétition à la Mostra
AFP
30.8.2019 - 21:59
Malgré la polémique qui fait rage sur sa sélection en compétition, Roman Polanski dévoile vendredi à la Mostra son film sur l'Affaire Dreyfus, «J'Accuse», dans lequel il voit un parallèle avec sa situation, s'estimant «harcelé».
«Ce sentiment de persécution, c'est assez simple de le comprendre. Il suffit de voir sa vie», a expliqué sa femme Emmanuelle Seigner, qui joue aussi le rôle féminin principal de «J'Accuse», lors de la conférence de presse du film vendredi après-midi à Venise, où le réalisateur n'était pas présent.
Les producteurs du film ont pris soin au début de cette conférence de presse d'appeler à laisser «derrière nous toute polémique» pour se concentrer sur le film.
«Ici, ce n'est pas un tribunal moral, mais une merveilleuse Mostra», a ajouté le producteur italien Luca Barbareschi. «Le film doit être autorisé à parler» et c'est le public qui «doit juger» l'oeuvre, a-t-il encore dit.
«J'Accuse» sera présenté vendredi à 19H15 (17H15 GMT) en avant-première mondiale à Venise, où il fait partie des 21 films en compétition pour le Lion d'or.
Thriller sur fond d'espionnage, le film raconte l'Affaire Dreyfus, du point de vue du lieutenant-colonel Georges Picquart, incarné par Jean Dujardin, chef des services de renseignement et personnage clé du dénouement de l'affaire.
Il avait diffusé les preuves permettant d'innocenter le capitaine Dreyfus, français d'origine alsacienne et de confession juive accusé de trahison, mettant fin à ce scandale majeur de la IIIe République en France qui a duré douze ans (1894-1906).
«L'Affaire Dreyfus est probablement annonciatrice de tout ce qui s'est passé par la suite dans le XXe siècle, notamment concernant l'Holocauste», a souligné le producteur français Alain Attal.
«La meilleure manière de répondre pour les générations futures, c'est de laisser des films de cette importance, qui peuvent donner à penser à nos enfants», a-t-il ajouté.
Roman Polanski, toujours poursuivi par la justice américaine pour le viol en 1977 d'une adolescente, a dit à plusieurs reprises qu'il voyait dans cette affaire un écho à sa propre histoire, s'estimant «harcelé» et «persécuté».
Des propos qu'il réitère dans le dossier de presse du film. «Je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l'oeuvre dans ce film et que cela m'a évidemment inspiré», dit-il dans une interview avec l'écrivain Pascal Bruckner.
- «Histoires absurdes» -
«C'est comme une boule de neige, chaque saison en ajoute une couche. Des histoires aberrantes de femmes que je n'ai jamais vues de ma vie et qui m'accusent de choses qui se seraient déroulées il y a plus d'un demi-siècle», poursuit-il, alors que trois femmes ont lancé de nouvelles accusations contre lui ces dernières années.
La présence de «J'Accuse» en lice pour le Lion d'or a suscité ces dernières semaines de vives critiques de la part des féministes, comme la fondatrice du groupe de pression Women and Hollywood, Melissa Silverstein, pour qui le Festival «est complètement sourd aux questions liées à #MeToo».
La présidente du jury Lucrecia Martel a elle-même affirmé mercredi être «très gênée» par la sélection du film, et indiqué qu'elle «n'assisterait pas» à la projection officielle.
Elle est ensuite revenue sur ses propos, indiquant n'être «en aucune façon opposée» à sa présence en compétition et n'avoir «aucun préjugé» sur cette oeuvre.
Dans le sillage de #MeToo, le réalisateur s'attire depuis plusieurs années les foudres des féministes, qui n'acceptent pas que ses films continuent à être montrés dans des festivals et qu'il continue à recevoir des honneurs.
Aux Etats-Unis, le réalisateur poursuit même en justice l'Académie des Oscars, qui a décidé de l'exclure.
Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977 de détournement de mineure pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans.
Il a fui les Etats-Unis à la suite d'un changement de position du juge, qui risquait de le condamner à une peine plus lourde que prévue. Les procureurs américains cherchent toujours à le faire revenir dans le pays pour qu'il reçoive sa sentence.
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