Interview Natasha St-Pier: «Comme il était malade, il fallait être à la hauteur...»

de Caroline Libbrecht / AllTheContent

11.2.2021

La chanteuse d'origine canadienne Natasha St-Pier dédie à son fils de 4 ans un livre sur la passion qui a changé sa vie: le yoga. «Yoga pour parents débordés» (Flammarion), un livre à lire de toute urgence pour respirer, méditer et se détendre en famille!

Vous êtes connue en tant que chanteuse et, grâce au livre «Yoga pour parents débordés», on vous découvre professeure de yoga. Comment l’éveil au yoga s’est-il opéré?

Au début, je me suis intéressée au yoga en tant que discipline sportive. En 2000, quand je suis arrivée à Paris, je cherchais une activité physique. Une amie m’a parlé du yoga et c’est comme ça que le yoga est arrivé dans ma vie. Comme je suis plutôt souple, je faisais bien les postures et cela me plaisait. Après l’avoir pratiqué pendant des années, j’ai suivi plusieurs formations de yoga pour pouvoir l’enseigner. J’ai eu la chance de trouver sur ma route les bonnes personnes au bon moment… Et me voilà professeure de yoga!

Vous découvrez le yoga en 2000, alors que vous enchaînez les sorties de disques, les tournées et les invitations sur les plateaux de télévision. Le yoga vous a-t-il aidée à bien vivre votre notoriété et le rythme soutenu qui en découlait?

J’aurais aimé, mais non! Peut-être qu’inconsciemment le yoga m’a donné une discipline de vie, mais je n’y voyais surtout qu’une pratique sportive. J’ai mis du temps à comprendre que le yoga, c’est beaucoup plus que ça! C’est une philosophie, une science, c’est une pratique qui nous aide à vivre dans le moment présent et à devenir chaque jour un peu meilleurs. Dans le yoga, il y a aussi la respiration, la méditation. Finalement, la pratique physique n’est qu’un des nombreux aspects du yoga.

«J’avais presque tout, mais il me manquait un truc essentiel et je ne savais pas quoi.»

Comment avez-vous vécu les années pendant lesquelles votre carrière a décollé?

Je n’irais pas jusqu’à dire que j’étais malheureuse… Loin de là! J’avais du succès, je faisais de belles rencontres et j’interprétais des chansons magnifiques. J’ai toujours eu beaucoup de chance… mais il manquait quelque chose; comme si je sortais de chez moi en ayant l’impression d’avoir oublié quelque chose. J’avais presque tout, mais il me manquait un truc essentiel et je ne savais pas quoi.

Comment avez-vous découvert ce qui vous faisait défaut?

Grâce à la naissance de mon fils Bixente, en 2015. Cela m’a bouleversée, parce que c’était la première fois que je devenais maman et que j’avais la responsabilité d’un petit être humain. Et comme il était malade, il fallait être à la hauteur de la situation (né avec une malformation cardiaque, il a été opéré à seulement quatre mois, NDLR). A ce moment-là, j’étais prête à entendre ce que le yoga a à nous proposer, en plus des postures, des étirements et des respirations. J’ai commencé à lire, chercher, étudier pour comprendre ce que je n’avais pas compris jusqu’à présent. J’ai fait une pause d’une année pour être présente pour mon fils, j’en ai profité pour me consacrer à cette nouvelle quête. Nous ne sommes pas que des êtres de chair et d’os, il ne faut pas négliger le spirituel.

Comment le yoga vous a-t-il aidée à surmonter l’épreuve de la maladie de votre fils?

Le yoga m’a permis d’être dans le moment présent, sans regarder le passé - avec des phrases comme «c’était mieux avant» - et sans me projeter dans l’avenir - «Je serai heureux quand…». Juste profiter de l’instant présent. On apprend à être heureux maintenant, même si rien n’est parfait. On cultive une certaine forme de bien-être.

«Ces parents d’enfants malades sont pudiques et seuls.»

A ce moment-là, vous avez écrit «Mon petit coeur de beurre» (paru aux Editions Michel Lafon, en 2017). Pourquoi?

Je voulais raconter mes débuts, ma vie de chanteuse jusqu’à la naissance de mon fils, Bixente. J’ai côtoyé beaucoup de gens à l’hôpital lors de son opération et j’ai réalisé à quel point ces parents d’enfants malades sont pudiques et seuls. J’ai voulu briser cet isolement. J’ai voulu trouver le positif dans cette épreuve.

«Je ne voulais pas éduquer un enfant en ville.»

Peu après, vous êtes partie vivre dans les Landes, dans le sud-ouest de la France. Se rapprocher de la nature fait-il du bien?

J’ai voulu retrouver ce que je connaissais. Et ce que je connaissais, c’était la nature, car j’ai grandi à la campagne, au Canada. Je ne voulais pas éduquer un enfant en ville. J’ai eu l’impression d’un retour aux sources. Je suis plus épanouie aujourd’hui: j’arrive à voir les choses telles qu’elles sont. J’ai un équilibre entre ville et campagne, entre maternité et travail, entre famille et amis. J’essaie de nourrir cet équilibre.

En 2020, vous avez sorti l’album «Croire». Vous êtes très croyante, pourquoi avoir envie que cette foi ressorte dans vos chansons?

Cela fait partie de moi. Ce sont des pans de ma personnalité, je les propose au public, c’est ma manière d’être et de vivre. Dans cet album, je voulais évoquer cette partie-là de moi: la spiritualité.

On vous a vue dans l’émission «Mask Singer», sur TF1. Cette participation vous a-t-elle amusée?

Les gens savent que j’adore me costumer depuis que je suis toute petite. J’ai trouvé «Mask Singer» très drôle et libérateur. Je n’avais pas le carcan du maquillage et du stylisme, il y avait juste la voix et le fun!

«Yoga pour parents débordés» (Flammarion)
«Yoga pour parents débordés» (Flammarion)
©Flammarion/La Réserve
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