L'actrice Phoebe Waller-Bridge à Pasadena, le 13 février 2019 en Californie
L'actrice Phoebe Waller-Bridge à Pasadena, le 13 février 2019 en Californie
Phoebe Waller-Bridge, actrice décalée, scénariste demandée
L'actrice Phoebe Waller-Bridge à Pasadena, le 13 février 2019 en Californie
L'actrice Phoebe Waller-Bridge à Pasadena, le 13 février 2019 en Californie
Elle triomphe aux Etats-Unis avec la série «Killing Eve», revient dans la deuxième saison de «Fleabag» et va reprendre le script du nouveau James Bond: la Britannique Phoebe Waller-Bridge se démultiplie, portée par un jeu décalé et une plume corrosive.
«PWB», c'est d'abord une allure. Celle d'une trentenaire élancée, qui frôle le mètre quatre-vingt, carré brun court, nez effilé, élégante, immanquable dans le paysage télévisuel.
Il y a aussi cette voix grave, ce débit de mitraillette, ce rire toujours au coin des lèvres, qui habitent «Fleabag», la série tirée de son «one woman show» éponyme et dont elle est l'héroïne.
Derrière ce personnage, mélange très britannique, comme elle, d'une éducation impeccable et d'un sens aigu de la dérision, il y a une écriture affûtée, la sienne, qui explique son ascension bien plus que son seul jeu d'actrice.
Dans «Fleabag», dont la seconde saison sera mise en ligne le 17 mai sur la plateforme Amazon, Phoebe Waller-Bridge offre un cocktail détonnant d'humanité sans filtre, avec de l'humour irrévérencieux, du sexe, de la noirceur, mais rien de gratuit.
«Mon idée de départ, c'était de dire les choses que les femmes ne disent pas ouvertement d'habitude», expliquait-elle dans un entretien au site Broadway World, début mars, avant une série de représentations de «Fleabag», la pièce, à New York.
«Nous faisons toujours comme si nous étions innocentes et adorables, ces petites créatures parfaites», disait-elle, «mais en réalité, nous avons beaucoup, beaucoup d'autres facettes.»
Fleabag, jeune femme en révolte contre les conventions et contre elle-même, est fêlée, parfois auto-destructrice, mais son personnage ne tombe jamais dans la caricature.
Phoebe Waller-Bridge «ne s'excuse pas de présenter une héroïne imparfaite», renchérit, dans un entretien à l'AFP, Andrew Scott, l'un des personnages principaux de la saison 2.
- «Compréhension de l'humain» -
Ce ton est à ce point dans son époque que Canal+ a commandé une adaptation française, «Mouche», avec Camille Cottin (vue notamment dans «Dix pour cent») dans le rôle principal.
Il n'en fallait pas plus pour que la Britannique soit érigée en héroïne féministe, régulièrement comparée à une autre scénariste et actrice, l'Américaine Lena Dunham, dont l'univers est pourtant très éloigné.
«Parce que c'est une femme qui l'a écrite, on souligne que c'est une série féministe, mais je pense que parfois, cela sape le travail effectué», considère Andrew Scott. «Je pense que son talent et son don, c'est sa compréhension de l'humain.»
Cette dimension féministe est aussi renforcée par sa propension à offrir à d'autres actrices des rôles denses, eux aussi plein de contradictions.
C'est le cas dans «Fleabag», où rayonne Olivia Colman, récemment oscarisée pour «La Favorite», en belle-mère passive-agressive. Ou, dans la série «Killing Eve», des actrices Jodie Comer et Sandra Oh, cette dernière ayant reçu un Golden Globe pour sa prestation.
Alors que la deuxième saison de «Fleabag» s'annonce et que celle de «Killing Eve» est actuellement diffusée sur BBC America aux Etats-Unis et Canal+ en France, Phoebe Waller-Bridge s'est déjà envolée vers d'autres horizons.
Elle a été appelée au chevet du script du 25e opus des aventures de James Bond, à la demande expresse de 007 lui-même, à savoir le comédien Daniel Craig, qui voulait voir davantage d'humour dans ce film attendu en salle en avril 2020.
Ensuite, viendra une nouvelle série, «Run», commandée par HBO, écrite avec sa complice de toujours, Vicky Jones, et qui mettra en scène une femme en quête de réinvention.
Pour «Fleabag», c'en est sans doute fini, a-t-elle laissé entendre, après une seconde saison au ton moins abrasif.
«C'est plus profond», résume Andrew Scott au sujet des six nouveaux épisodes. Fleabag y tombe amoureuse d'un prêtre, joué par Scott, qui éprouve aussi des sentiments pour elle.
«Nous voulions raconter une histoire d'amour inhabituelle», dit-il «et parler de religion d'une façon attractive pour les gens de notre génération.»
Phoebe Waller-Bridge a renoncé à une partie des artifices déstabilisants de la première saison et va plus loin dans l'émotion avec, en main, son arme favorite, l'humour.
Elle «joue comme personne sur le comique de l'embarras», disait d'elle, sur la radio en ligne SiriusXM, la comédienne britannique Fiona Shaw, qui apparaît à la fois dans «Killing Eve» et «Fleabag».
«Vous êtes en train de rire, et elle va dire quelque chose de très triste» ou l'inverse, dit-elle. «Donc vous vous prenez constamment des coups dans l'estomac».
Retour à la page d'accueil