Actu people Riad Sattouf : son plaidoyer enflammé pour la liberté d'expression

Riad Sattouf estime que la France doit prendre conscience de ce qu'elle est pour ne pas perdre ce qui fait son essence. Dans une interview pour Le Figaro, l'auteur de l'Arabe du Futur a confié son point de vue sur la liberté d'expression, cette exception culturelle française aujourd'hui menacée.

Riad Sattouf sort le cinquième tome de sa saga (devenue un carton d'édition) de l'Arabe du Futur. L'auteur y revient sur un épisode bouleversant de son enfance, ce moment où son père, séparé de sa mère, décide d'enlever son frère de 5 ans pour l'emmener en Syrie. Dans une interview pour Le Figaro, le dessinateur a profité de cette sortie pour revenir sur son enfance et parler d'un sujet qui lui tient à cœur : la liberté d'expression, et la liberté de manière plus générale, qui l'a frappée lorsqu'il est arrivé en France à l'adolescence après avoir grandi en Libye et en Syrie.

« Quand je suis arrivé en France, j'ai été frappé par la liberté dont on pouvait jouir en toute impunité. Et ce sous toutes ses formes, liberté d'expression, de création, de penser, de faire ce que l'on veut, de manifester, de décrier le président. Les filles pouvaient embrasser les garçons dans la rue sans craindre un châtiment définitif comme ça pouvait être le cas dans mon village syrien où les libertés sentimentales étaient inexistantes. La France m'a donné envie de me joindre à la communauté des écrivains et des dessinateurs, qui peuvent plancher toute une nuit sur une page ou ne vivre que pour écrire », a-t-il expliqué.

L'auteur est d'autant plus choqué par les velléités d'atteintes à la liberté d'expression qui interviennent ces dernières semaines en France qu'il a vécu « de l'autre côté ». « Cette liberté d'expression, de penser, de douter, qui est attaquée aujourd'hui il faut la défendre et la protéger, car elle est unique au monde (...) Il faut continuer à écrire des livres à clamer haut et fort ses idées et ne céder sur rien. Les créateurs et les hommes politiques doivent faire front à ces attaques. On a le droit d'être choqué ou horrifié par une caricature, certainement pas d'empêcher les dessinateurs d'en faire. Le jour où on interdira tel type de caricature, il y aura forcément des personnes qui demanderont leur interdiction sur d'autres sujets. C'est sans fin », ajoute-t-il.

Pour autant, Riad Sattouf pense que tout n'est pas perdu sur ce sujet épineux. « Je suis d'un naturel optimiste, la France va s'en sortir. La société française est en train de prendre conscience de ce qu'elle est par rapport au reste du monde. Personne n'a envie d'habiter la Russie de Poutine ou la Turquie d'Erdogan. Selon moi, la France se rend compte qu'elle va devoir préserver ce qu'elle est au risque de disparaître », a-t-il conclu.