L'acteur et réalisateur français Roschdy Zem, le 27 juin 2019 à Paris
L'acteur Roschdy Zem a été récompensé par le César du meilleur acteur pour «Roubaix, une lumière», à Paris le 28 février 2020
Roschdy Zem, un acteur brut devenu incontournable
L'acteur et réalisateur français Roschdy Zem, le 27 juin 2019 à Paris
L'acteur Roschdy Zem a été récompensé par le César du meilleur acteur pour «Roubaix, une lumière», à Paris le 28 février 2020
C'est une figure discrète mais incontournable du 7e Art français. Récompensé vendredi par un César du meilleur acteur pour «Roubaix, une lumière», Roschdy Zem est un acteur brut à la force tranquille, dont le parcours a été jalonné de plus de 80 films, mêlant cinéma d'auteur et populaire.
Nommé trois fois aux César dans la catégorie meilleur second rôle (pour «Ma petite entreprise», «Le Petit lieutenant» et «La Fille de Monaco»), une fois pour le meilleur premier film («Mauvaise foi») et une fois pour la meilleure adaptation («Omar m'a tuer»), il n'avait jamais été récompensé.
Dans le polar sombre d'Arnaud Desplechin «Roubaix, une lumière», l'acteur franco-marocain de 54 ans incarne un commissaire charismatique et sensible, plein d'humanité, à contre-pied des personnages classiques de policiers.
Un rôle qui lui avait déjà permis de décrocher en janvier le Prix Lumière du meilleur acteur, décerné par la presse internationale en France.
«C'était le rôle parfait pour lui», confiait à l'AFP en mai à Cannes Arnaud Desplechin, qui voit en lui «un seigneur» qu'il a «vu grandir de film en film», un homme «très pudique».
«Lino Ventura a une pudeur qui me bouleverse. Je trouvais que Roschdy avait cette pudeur. Et en le filmant, je me suis dit que ce n'était pas du tout Ventura, c'était Trintignant, parce qu'il a une précision de jeu chirurgicale».
- Des puces au grand écran -
L'acteur, qui s'est illustré l'an dernier aussi par son rôle de président de la République aux faux airs de Barack Obama, dans la série «Les Sauvages» de Rebecca Zlotowski, s'est imposé tout au long d'une carrière où il a joué des hommes virils, avec de nombreux rôles de flics dans des polars français, mais aussi des personnages complexes, d'hommes mutiques ou écorchés, révélant sa fragilité.
Rien ne le prédisposait pour autant au cinéma. Né le 28 septembre 1965 de parents d'origine marocaine vivant dans un bidonville, qui le placent en famille d'accueil en Belgique jusqu'à ses 5 ans avant de s'installer à Drancy, Roschdy Zem devient d'abord vendeur de chaussures aux puces de Clignancourt.
Il découvre le théâtre seulement à 20 ans, en accompagnant une amie à un cours. Il commence alors à faire des castings et débute au cinéma dans «Les Keufs» de Josiane Balasko, avant «J'embrasse pas» d'André Téchiné, avec qui il travaillera à nouveau dans «Ma saison préférée» et «Alice et Martin».
Il multiplie ensuite les rôles dans le cinéma d'auteur, se faisant vraiment connaître en veilleur de nuit dans «En avoir ou pas» de Laetitia Masson et surtout en toxicomane dans «N'oublie pas que tu vas mourir» de Xavier Beauvois.
L'acteur à la stature imposante et au visage buriné joue ensuite chez Dominique Cabrera («L'Autre côté de la mer»), Patrice Chéreau («Ceux qui m'aiment prendront le train») ou Pierre Jolivet («Ma petite entreprise»).
- le prix d'«Indigènes» -
Devenu populaire, on le voit au début des années 2000 dans des films grand public («Chouchou» de Merzak Allouache, «36 Quai des Orfèvres» d'Olivier Marchal) ou plus pointus («Va, vis et deviens» de Radu Mihaileanu, «Le Petit Lieutenant» de Xavier Beauvois), avec des rôles variés, traçant la voie pour d'autres acteurs issus de l'immigration.
L'année 2006 marque un tournant. Grâce à «Indigènes» de Rachid Bouchareb, sur les tirailleurs nord-africains pendant la Deuxième guerre mondiale, il remporte collectivement le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes avec les autres acteurs du film.
Il réalise également cette année-là son premier film comme cinéaste, «Mauvaise foi», sur l'histoire d'amour entre une femme juive et un homme musulman.
Suivront «Omar m'a tuer» (2011), sur l'affaire Omar Raddad, «Bodybuilder» (2014), dans l'univers du culturisme, «Chocolat» (2016), sur le premier clown noir de France, et enfin le polar sombre «Persona non grata» l'an dernier.
Il continue parallèlement sa carrière d'acteur, alliant cinéma d'auteur et populaire, de «La Fille de Monaco» (2008) d'Anne Fontaine au «Jeu» (2018) de Fred Cavayé.
Actuellement à l'affiche de «La Fille au bracelet» de Stéphane Demoustier, il joue en ce moment aussi au théâtre dans «Trahisons» d'Harold Pinter, mis en scène par Michel Fau.
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