People Saint-Barth, loin des polémiques sur l'héritage, ne veut pas de business autour de Johnny

AFP

26.2.2018 - 12:01

A Saint-Bathélemy, la tombe de Johnny Hallyday le 12 décembre 2017 au lendemain de son enterrement
A Saint-Bathélemy, la tombe de Johnny Hallyday le 12 décembre 2017 au lendemain de son enterrement
Source: AFP/Archives

"Ici, personne ne veut faire du business sur Johnny Hallyday", insistent les habitants de Saint-Barthélemy, cette petite île des Antilles où repose "l'idole des jeunes" et où les fans commencent à se rendre en pèlerinage, mais pas en masse.

Alors que la bataille juridique et médiatique fait rage dans l'hexagone autour de l'héritage de la star décédée d'un cancer à 74 ans dans la nuit du 5 au 6 décembre, les habitants de Saint-Barth refusent d'en parler, continuant de défendre ce que Johnny avait aimé dans l'île: la préservation de sa tranquillité.

Certains soulignent tout au plus que Laeticia, l'épouse du chanteur, était appréciée dans l'île.

Quant aux fans, ils sont encore peu présents. "On a quelques personnes qui viennent nous demander si on a assisté à l'enterrement, si Johnny était venu dans la boutique", témoigne Anna, jeune vendeuse d'un magasin de vêtements et chapeaux dans le quartier Saint-Jean. "Mais on pensait qu'il y aurait plus de monde", ajoute-t-elle.

Jean-Michel, menuisier de 52 ans, n'est pas venu pour Johnny mais pour aider à la reconstruction de St-Barth, dévasté par l'ouragan Irma. Lui qui a démissionné de l'entreprise qui l'employait dans le bassin d'Arcachon est sur l'île depuis une semaine, embauché par une société locale à court de main-d'oeuvre.

Dans le cimetière de Lorient, où le chanteur a été inhumé, il avoue n'être "pas un grand fan" mais a "suivi comme tout le monde son enterrement". "C'est ma femme qui m'a dit de venir", explique-t-il, avouant lui avoir promis une photo de la tombe.

"J'avais pourtant dit que je ne viendrais pas", témoigne une autre quinquagénaire, également à St-Barth pour raison professionnelle, et qui souhaite rester anonyme. "Mais tout le monde m'a dit qu'il fallait que j'y aille, et finalement je suis là, alors que je ne suis même pas fan", dit-elle en jetant un coup d'oeil rapide à la tombe.

Près de trois mois après la mort de Johnny, celle-ci reste l'une des plus fleuries: recouverte de sable, elle est jonchée de compositions florales en forme de moto, de guitare, d'aigle ou d'arc-en-ciel, de roses blanches, de peluches et de bougies.

Une couronne de fleurs de "mamie Rock", la grand-mère de Laeticia, côtoie des photos du chanteur ou des cailloux d'anonymes venus laisser un témoignage de leur passage, avec une simple date et un prénom.

-"Fan pour la vie"-

Autour de la croix blanche, des messages, parfois inscrits sur des coquillages, soulignent l'attachement des fans: "souvenir, souvenir", "tu me manques", "Johnny for ever", "Merci Johnny", "je t'aime de tout mon coeur", "fan pour la vie"...

"On vend beaucoup de roses blanches, de fleurs tropicales ou de créations originales", explique Claire Mozer, qui tient l'une des deux boutiques de fleurs de l'île. Celle qui avait reçu les premières commandes de la famille continue sans relâche de répondre aux commandes et exigences de fans qui, pour beaucoup, ne pourront jamais se rendre dans ce petit territoire français à plus de 6.700 km de Paris.

"Ils ne demandent pas toujours de grosses choses, parfois une simple rose ou une inscription sur une pierre. On rend service aux gens. Certains pleurent, nous racontent la première fois qu'ils ont rencontré Johnny, leur tatouage en hommage à leur idole", témoigne-t-elle.

"On ne s'y attendait pas du tout", dit-elle. Mais si elle reconnaît que cette recrudescence de commandes "donne un plus" à son activité, ternie par l'ouragan Irma, elle refuse "d'en faire un business".

"Ici, personne ne veut exploiter cela, personne ne voudra organiser quelque chose autour de la mort de Johnny", renchérit Virginie Roumegoux, récente habitante de St-Barth venue l'aider dans son commerce.

"Des gens viennent par petits groupes, pour la journée, notamment lorsqu'il y a des bateaux de croisière" mais, dans cette île de 9.000 habitants, où logements et places d'avions et de bateaux sont limités, "il n'y aura jamais de tourisme de masse", assure-t-elle.

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