Interview Alexis Favre: «Pour moi, c'est une prime à la crétinerie absolue»

Anna Décosterd/AllTheContent

29.8.2018

Nous avons rendez-vous sur une paisible terrasse genevoise. Alexis Favre arrive à vélo, élégant, décontracté et désolé d'être en retard. De huit minutes exactement. Comme à l'antenne, il est attentif, prévenant et disponible. En bref, absolument charmant. Rencontre avec celui qui est désormais seul aux commandes de l'émission «Infrarouge», sur la RTS.

Bluewin: Nous sommes vendredi, et je vous cite: «bien commencer une semaine, c’est bien finir la précédente». Votre bilan pour celle qui s’achève?

Alexis Favre: je suis globalement satisfait. Nous avons mis en place quelques jalons pour l’émission de la semaine prochaine, calé des rendez-vous et établi une tactique qui fonctionne. Bien que le sujet ne soit pas définitivement arrêté, nous avons déjà quelques idées. Je me sens donc «zen dans le noir».

Dans une autre interview, vous avez déclaré faire du sport par peur de la quarantaine. Course, natation, vélo: vous êtes un grand sportif, un grand angoissé ou les deux?

Avant tout, un grand angoissé! J’anticipe toujours le pire, qui, heureusement, ne se produit généralement pas. (rire) Et bien sûr, le sport est un excellent remède à l’angoisse, je pratique donc assidûment. En fait, en matière de sport, j’ai un parcours de sportif classique: j’en ai fait beaucoup dans ma jeunesse, puis plus du tout, et de nouveau beaucoup en devenant sage avec l’âge.

Vous confessez une passion pour le XXe siècle et notamment pour trois objets
cultes qui le représentent selon vous: la cigarette, le bas résille et le technicolor. Pourquoi ce choix?

Oui c’est vrai que j’aime le XXe siècle! Malgré son côté sanglant, c’est aussi le siècle de l’excès et de la démesure,un siècle de jouisseurs, en totale opposition avec le XXIe, qui se veut plutôt vertueux.
En cela, la cigarette est l’objet le plus humain qui soit: c’est un vice délicieux, une perte de temps, un espace de paresse, un synonyme de soirées excessives. Il en est de même avec le bas résille, qui ramène à l’irrationnel de la séduction, à l’élégance désuète d’un vêtement pas du tout confortable. Le bas résille, c’est un pied de nez à tout ce qui est efficace, fonctionnel, à «valeur ajoutée». Pour finir, le technicolor représente le moment dans l’Histoire où «quelqu’un a allumé la lumière»: on n’imagine plus le monde aujourd’hui; on le voit. L’humanité se retrouve en pleine lumière, et ça m’intéresse.

«On n’imagine plus le monde aujourd’hui; on le voit.»

Parlons télévision: quelles sont vos émissions préférées, et celles qui vous ont le plus énervé?

Commençons par celles qui m’ont le plus énervé, c’est le plus facile. (rire) Je déteste la téléréalité de la dernière génération, comme «les Anges de la téléréalité». Pour moi, c’est une prime à la crétinerie absolue, qui n’offre aucun second degré.
J’ai adoré «Tout le monde en parle». Le trio Ardisson-Ruquier-Fogiel a fait ma culture télévisuelle. J’aime les grands talk-shows, faits par de grands professionnels. Si je rêve d’en mener un moi-même? Bien sûr! Mais cela restera un rêve. En Suisse, nous n’avons pas la culture du star system, c’est difficile de casser le moule. Franchement, vous imaginez Stephan Eicher et un Conseiller fédéral débattre pour savoir comment déjeuner en paix?

Comment voyez-vous l’avenir du débat télévisé, et plus largement de la télévision?

Il y a 5 ans, le débat télévisé n’avait plus la cote, et suscitait peu d’initiatives. Actuellement, les espaces de débat se sont multipliés. C’est lié à la réconciliation avec la démocratie directe, le besoin d’avoir son destin en main, en faisant intervenir tout le monde. Le débat démocratique est l’un des succès de la Suisse.
Quant à la télévision elle-même, elle traverse bien sûr une période d’incertitudes. La TV de grand-papa, que l’on allumait à heure fixe et qui trônait au salon, c’est fini. Mais la télévision, c’est avant tout du contenu que l’on peut regarder sur différents supports, à différents moments. Et la production de ce contenu-là est plutôt en constante augmentation.

«Je suis comme tout le monde, sensible à la nécessité de rester raisonnable et de s’ouvrir à des alternatives.»

Le débat que vous avez animé cette semaine portait sur l’alimentation et le contenu de nos assiettes. Et vous? Que mettez-vous dans votre assiette?

J’adore faire à manger et je cuisine souvent! Je ne suis ni végétarien ni vegan, et j’apprécie la viande. Pour autant, ce ne sera pas steak-frites tous les jours. Je suis comme tout le monde, sensible à la nécessité de rester raisonnable et de s’ouvrir à des alternatives.

Votre fils est bien sûr encore trop jeune (il a trois ans), mais si un jour il vous annonce qu’il a l’intention d’organiser une soirée burgers, pizza et Netflix à volonté, direz-vous oui?

Bien sûr! Et sans hésiter! (rires) Tout d’abord, parce que la malbouffe ne me fait pas peur. Ensuite, parce que je suis contre ce type de contrôle moral sur la nourriture, contre la radicalisation alimentaire. Je l’avoue tout de suite, il m’arrive d’aller chez Mc Donald’s! Et franchement, si mon fils ne me demande que ça, je m’estimerai extrêmement chanceux!

Pour terminer, une question difficile: on vous a souvent qualifié de «beau gosse de la RTS», est-ce amusant, flatteur, agaçant?

Pas facile, en effet! Je dirais que ça fait toujours plaisir parce que nous sommes tous humains, que je ne suis pas certain que ce soit un qualificatif toujours bien intentionné, et que ce n’est probablement pas très important.

«Infrarouge»: tous les mercredis à 21h10 sur RTS Un. Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

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