“AlternaSuisse”AlternaSuisse - Une immersion captivante dans la "Romandie alternative"
Barman Nicolas
8.2.2020
Habitués à l'ombre, les espaces culturels alternatifs romands se retrouvent sous le feu des projecteurs grâce à un documentaire très bien ficelé intitulé “AlternaSuisse". Signé par le réalisateur Neuchâtelois Kevin Rumley, ce doc' vous permettra de plonger dans un univers libre et opprimé à la fois. À ne pas manquer.
De "l'Usine" de Genève au "U-Zehn" de Neuchâtel en passant par "les Wagons" sierrois, le documentaire "AlternaSuisse", produit par le collectif Lampad-r, visite dix espaces culturels alternatifs à travers la Suisse romande avec une volonté de présenter non seulement le caractère unique de ces endroits et des artistes impliqués mais aussi de montrer ce qui les unit dans cette lutte pour une cause commune : la liberté d’expression artistique et l’accès à l’art de manière abordable et locale. Un défi audacieux et réussi.
En attendant de vous rendre dans les salles, le réalisateur Kevin Rumley nous livre ses sentiments et ses perceptions sur cette scène qui mérite bien plus que de simples préjugés. Interview.
Y-a-t-il eu un élément déclencheur, de révolte peut-être, pour lancer ce documentaire “AlternaSuisse” ?
Un manque d'espace pour les artistes locaux. Une envie de créer une société plus juste et moins centrée sur le capital, fondée sur des valeurs de partages et d'ouverture. Un besoin de faire changer les choses culturellement, politiquement et socialement.
Ayant réalisé “AlternaSuisse" dans un pays conservateur, comment situez-vous aujourd’hui ces luttes pour la liberté d’expression artistique en Romandie? L'alternatif a aujourd'hui beaucoup changé. Les normes sont plus strictes, la sécurité a pris plus de place et enlevé des libertés qu'il y avait autrefois. Il n'est plus possible de squatter un endroit comme on le faisait, aujourd'hui on doit avoir des autorisations. Ce qui va à l'encontre même de l'esprit alternatif. Il y a cependant des exceptions. Le Pantographe qui avait vécu 10 ans à Moutier, a été évacué en 2016. Après 3 ans de recherches infructueuses, ils découvrent l'ancienne Usine Reuge à Ste Croix et tombent amoureux de cet espace, du village et de ses habitants. Ils l'occupent depuis plusieurs mois malgré les plaintes et expulsions auxquelles ils ont dû faire face car ils ont envie d'y installer un espace culturel autogéré et proposer des événements pour la région. Plus d'informations ici : https://pantographe.info/
Il y a aujourd'hui plusieurs manières de créer des espaces autogérés: le Pantographe, St Martin (Lausanne) et le L.A.C. (la chaux-de-Fonds), trois espaces qui sont dans notre documentaire sont des squats mais ils ont tous une approche différente de faire les choses. Le L.A.C (l'espace autogéré de création) a opté pour "la manière douce" et ont un accord pour pouvoir occuper l'espace. Grâce à cet accord, les politiciens de la Chaux-de-Fonds soutiennent en majorité leur projet et il n'y a rien qui s'oppose à leur présence aujourd'hui. Ils ne devaient être là que pour 2 ans mais sont devenus un endroit incontournable de la culture à la Chaux-de-Fonds.
D'autres espaces autogérés paient un loyer et forment des ateliers qui se répartissent pour que les coûts soient plus abordables. C'est le cas de Décal'quai à Montreux, U-Zehn à Neuchâtel, l'Usine Kugler à Genève pour ne citer que eux. Ça leur permet de réduire les frais et d'avoir un espace pour créer et pour l'exposer à un public à prix libre. Cela permet l'accessibilité à un large public, de toute classe sociale et de tout âge car l'argent n'est pas une barrière et pas besoin de dépenser 30.- pour voir un événement artistique.
Finalement, il y a des espaces comme les Wagons à Sierre. Un propriétaire leur laisse un espace pour pouvoir faire des événements gratuitement. Ça permet à des artistes d'exposer, les gens de se rencontrer autour d'un feu et d'une bouffe populaire. Pour répondre à ta question, la liberté d'expression n'a pas changé. Elle est toujours très présente et je ne pense pas qu'elle disparaisse un jour. C'est juste la manière de faire les choses et d'occuper ces espaces qui évoluent avec le temps.
Combien de "Claude Haegi" faudrait-il pour que les mentalités évoluent enfin?
Je ne pense pas que la solution ne vienne uniquement des politiciens. C'est comme pour l'écologie aujourd'hui. Un grand nombre de personnes se rend compte de l'importance de l'écologie et l'opinion publique à beaucoup évoluer à ce niveau grâce à des personnes et des associations qui ont une vision et qui veulent un changement. Ce n'est pas très loin de ce que proposent ces lieux alternatifs depuis de longues années, une autre manière de vivre, une société plus juste socialement et politiquement. Le changement vient avant tout des personnes qui vivent dans le pays. J'admets toutefois que le soutien des politiques aide à faire avancer les choses plus rapidement.
Autogérence, projets, entraide, spontanéité, rareté, le mouvement alternatif a tout pour faire rêver. Pourquoi tant de méfiance finalement de la part de la société civile? Ces lieux ont une mauvaise image en général. C'est un peu à cause des médias qui montrent des stéréotypes faux des personnes issues de ces mouvements sans connaître le sujet. On s'attaque à leur image pour les décrédibiliser, en disant qu'ils ne font rien de leur vie, qu'ils se droguent, qu'ils font du bruit. Avec le temps c'est devenu quelque chose auquel les gens croient. Avec AlternaSuisse on voulait les montrer comment ils sont vraiment et remettre les compteurs à zéro. Nous avons eu affaire à des passionnés par ce qu'ils font, qui recherche à être heureux avant tout, qui trouvent des moyens astucieux pour arriver à créer des projets sans argent, des gens qui ont des revendications sociales et politiques et qui sont toutes très cultivées. Il suffit de les laisser parler pour s'en rendre compte.
Dans le doc, Antonio Hodgers parle lui de « résistance ». Un mot fort et révolutionnaire pour un conseiller d’Etat genevois. Sur les différents lieux que vous présentez, la fracture et la lassitude envers la classe politique sont-elles sur un point de non-retour ? Pas forcément. Comme Antonio Hodgers, il y a des politiciens qui soutiennent ces espaces. Même les politiciens qui ne les soutiennent pas, se rendent compte ce qu'apportaient ces espaces culturellement à Genève avant le génocide des squats en 2007. Plusieurs résidents du Rhino ou d'Artamis ont eu le soutien de "leur ennemi" politique pour trouver un nouvel espace culturel, c'est le cas de la Cave 12 par exemple.
Pourquoi les gens doivent-ils venir voir ce documentaire ?
Pour découvrir une partie de la Suisse qu'ils ne connaissent pas. Pour se faire contagier par la passion de la trentaine d'intervenant du film et réaliser ce qu'apportent ces espaces culturels localement. Pour qu'ils fassent leur propre opinion sur le sujet. Malgré toutes les difficultés que ces lieux rencontrent, de voir ces personnes parler est un véritable hymne à la joie (de vivre).
Sorties en salle : - 11 février à 20h45 au Rex à Fribourg (en présence du réalisateur) Unique date à Fribourg. - 12 février à 20h00 au cinéma Minimum à Neuchâtel (en présence du réalisateur. Sortie du film au Zinema (Lausanne), C.D.D (Genève), Minimum (Neuchâtel) dès le 12 février pour une semaine au moins (à voir sur le site internet des cinémas). - 13 février à l'espace Noir à St Imier à 20h00 (en présence du réalisateur), d'autres projections y sont prévues les jours suivants. - 28 février au cinéma ABC de la Chaux-de-Fonds à 18h15 (en présence du réalisateur), d'autres projections y sont prévues les jours suivants.
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