César 2022 César du meilleur film à «Illusions perdues» de Xavier Giannoli

ATS

26.2.2022 - 01:01

«Illusions perdues», adaptation du grand roman de Balzac sur la presse et ses dérives, signée Xavier Giannoli, a triomphé vendredi lors d'une cérémonie des César, qui se voulait sobre et sans surprise, sur fond de guerre en Ukraine. Il repart avec sept statuettes.

Keystone-SDA

Le long métrage, qui partait grand favori de cette 47e édition des récompenses du cinéma français à Paris, a notamment valu un César du meilleur espoir masculin à Benjamin Voisin, 25 ans, qui interprète l'ambitieux idéaliste Lucien de Rubempré, jeté dans le grand bain des ambitions parisiennes.

En récompensant «Illusions perdues», les César, parfois critiqués pour leur nombrilisme ou leur déconnexion, font triompher l'un des rares films français post-confinement à avoir conjugué succès populaires (plus de 870'000 entrées) et ambition artistique.

Le réalisateur, Xavier Giannoli, qui succède à Albert Dupontel couronné l'an dernier pour «Adieu les Cons», n'est, comme ce dernier, pas venu chercher son prix. C'est «un artiste indépendant», a simplement commenté son co-scénariste Jacques Fieschi, interrogé par l'AFP.

Cinq César pour «Annette»

Egalement absent, l'autre grand gagnant est Leos Carax, avec son opéra-rock «Annette» (cinq statuettes). Le réalisateur de 61 ans est le premier à réaliser le doublé César de la meilleure réalisation et prix de la mise en scène à Cannes, où son film était projeté en ouverture du dernier festival.

Son acteur star, l'Américain Adam Driver, nommé dans la catégorie du meilleur acteur, était lui présent, mais est reparti bredouille, snobé par les votants de l'académie, qui lui ont préféré Benoît Magimel.

L'acteur, talent précoce dont la vie et la carrière ont ensuite fait les montagnes russes, est récompensé à 47 ans pour son rôle de malade du cancer en fin de vie dans «De son vivant» d'Emmanuelle Bercot. Du côté de la meilleure actrice, les César ont rendu justice à Valérie Lemercier, pour «Aline», vrai-faux biopic qu'elle a consacré à la star internationale de la chanson Céline Dion.

Sage-femme récompensée

Marqués par les scandales et les flops, les César étaient attendus au tournant. La cérémonie s'est déroulée sans éclat ou incident majeur, mis à part une brève incursion de l'humoriste Marie, qui a levé sa jupe et lancé «Bonsoir, voici mon cul! Joyeux hommage à la cul-ture», mais sans jamais vraiment décoller. Les audiences, samedi, diront si la formule a convaincu.

Il faut dire que le coeur n'était pas vraiment à la fête, alors que la guerre était dans toutes les têtes, comme l'ont rappelé nombre de stars montées sur scène, dont l'Australienne Cate Blanchett qui a reçu une longue ovation et un César d'honneur: «Difficile de penser à autre chose qu'à l'Ukraine» a-t-elle reconnu.

De nombreux hommages ont été rendus aux disparus, dont Gaspard Ulliel, mort il y a un mois, à 37 ans, dans un accident de ski alpin, et Jean-Paul Belmondo.

C'est finalement une actrice non professionnelle qui a apporté une touche de fraîcheur à la soirée, lorsque Aïssatou Diallo Sagna, sage-femme dans le civil, a reçu son César du meilleur second rôle pour «La Fracture», un film sur la France des gilets jaunes, où elle joue son propre rôle. «Ce César, il est à nous, les soignants! C'est notre récompense», a-t-elle déclaré, rayonnante, à la presse.