Interview Catherine Ceylac: «Je regrette que tout soit formaté, parfois manipulé»

Caroline Libbrecht/AllTheContent

13.2.2019

Catherine Ceylac animait «Thé ou Café».
Catherine Ceylac animait «Thé ou Café».
Thé ou Café - France TV

Aux manettes de «Thé ou Café», Catherine Ceylac a régné sur les week-ends de France 2 pendant 22 ans. Le 1er décembre, elle tirait sa révérence lors du dernier numéro de l'émission culte. Mais elle n'a pas dit son dernier mot et, comme elle le confie à «Bluewin», elle pense déjà à la suite!

Après l’arrêt de «Thé ou Café», comment le public a-t-il réagi?

J’ai eu énormément de réactions de téléspectateurs, des réactions d’une grande bienveillance. C’est extraordinaire! On leur a retiré une émission qui leur était familière. 22 ans à l’antenne, ce n’est pas neutre. Cesser ce rendez-vous du week-end, cela crée un vide dans l’emploi du temps de nombreuses personnes. Tous me demandent où ils vont me retrouver. Cela me met du baume au coeur. Je ne pensais pas que l’émission avait une telle importance dans la vie des téléspectatrices et des téléspectateurs.

«Face caméra, j’ai bien souligné que ce n’était pas mon choix d’arrêter l’émission»

Comment s’est déroulée la dernière émission?

J’ai enregistré la dernière des dernières avec des gens extraordinaires qui ne sont pas du tout venus pour faire leur promotion. En général, les invités prennent la parole pour parler de leur actualité, mais cette fois-là c’était différent. Laurent Gerra, Arielle Dombasle, Chantal Ladesou, Louis Chedid, Amélie Nothomb, Thierry Marx sont venus sur le plateau. Ce sont des personnalités d’une grande fidélité. Ils ont voulu m’apporter leur soutien, leur reconnaissance, mais aussi leur humour. Ce n’était pas une émission triste. On a revisité les 22 ans de «Thé ou Café», avec joie et émotion.

A la fin de cette dernière émission, quel message avez-vous voulu transmettre?

Face caméra, j’ai bien souligné que ce n’était pas mon choix d’arrêter l’émission. J’ai dit que les liens que nous avons tissés sont indéfectibles. J’espère que la culture continuera de rayonner sur la télévision publique. Tous les invités étaient touchés. Ils ont dit des choses sincères, des choses qu’on entend rarement à la télévision. Aujourd’hui, à la télé, dans les débats, on ne se respecte pas forcément. On a fermé le chapitre «Thé ou Café», d’une manière qui nous ressemble, avec gratitude et respect.

«Il y a une seule émission que je regarde...»

Il est vrai que cette qualité d’écoute et cette bienveillance qui ont fait votre style se font rare aujourd’hui à la télévision. Quelles émissions regardez-vous?

Il y a une seule émission que je regarde: «C à vous», sur France5. Grâce à Anne-Élisabeth Lemoine et à son équipe, on y retrouve une belle écoute, une sincérité authentique, sans agressivité.

Que pensez-vous des autres émissions de télévision aujourd’hui?

Je regrette que tout soit formaté, parfois manipulé. Je pense que le téléspectateur s’en rend compte, il n’est pas dupe et il voit juste. Le public ne connaît pas forcément les rouages de la télé, tant mieux! Mais il est instinctif, il sent les choses, il comprend tout.

Alors que la page «Thé ou Café» s’est tournée, allez-vous rester en contact avec certaines personnalités que vous avez invitées?

J’étais en contact avec de nombreuses personnalités, puisqu’on a fait 1800 émissions. J’ai reçu environ 1500 invités, car certains sont revenus plusieurs fois. Mais je ne les ai jamais considérés comme des amis, à part peut-être une dizaine qui sont devenus des proches. J’ai toujours eu des relations professionnelles, sans lien personnel, en me mettant à la place du téléspectateur. Je pense que c’est ainsi qu’on fait les meilleures interviews. J’ai de l’estime pour eux, mais pas de lien affectif. C’est la base du travail de tout journaliste: conserver une juste distance pour poser les bonnes questions, sans complaisance. Ceux qui ont été là pendant ces 22 ans et avec qui j’ai tissé des liens d’amitié demeurent, mais il s’agit d’une petite dizaine de personnes, pas davantage. Il ne faut pas mélanger le professionnel et le personnel.

«C’est très déstabilisant et choquant. Il y a une part de tristesse...»

Comment appréhendez-vous votre départ de France Télévisions, après 22 ans de bons et loyaux services?

C’est très déstabilisant et choquant. Il y a une part de tristesse, mais il y a aussi de l’enthousiasme par rapport à l’avenir. Je ne suis pas une nostalgique, le passé ne m’intéresse pas. Le présent m’intéresse un peu, mais c’est vraiment le futur qui me plaît. Je me dis que tout est à construire. D’ailleurs, je vois déjà des pistes apparaître, avec des projets inattendus. Je suis dans la fraîcheur du futur!

Peut-on déjà parler de vos projets?

Mes envies se situent autant dans la presse écrite qu’à la télévision et au théâtre. Ce sont les trois pôles vers lesquels je m’oriente. J’ai aussi un livre en préparation, sur le thème de l’amour. Je suis passionnée par la vie des autres. Ma propre vie est bien, mais elle me paraîtrait morne si je n’avais plus l’opportunité d’exercer mon métier et d’échanger avec les autres. J’ai le goût des autres!

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