Commentaire Film d'ouverture du Festival de Cannes: Juliette Armanet? Elle m'énerve!

Valérie Passello

13.5.2025

«Partir un jour»: c'est le film choisi cette année pour ouvrir le Festival de Cannes. Mardi soir, les spectateurs ont découvert le long-métrage signé Amélie Bonnin et porté en grande partie par la chanteuse Juliette Armanet. Et – c'est rageant de le constater – elle excelle, comme dans tout ce qu'elle fait! Commentaire.

Valérie Passello

Pour la première fois dans l’histoire du Festival, c’est un premier long métrage réalisé par une femme qui ouvre la 78e édition. blue News l'a vu en avant-première. Il sort dans les salles romandes ce mercredi 14 mai.

D'abord, notons que la chanteuse Juliette Armanet joue là son premier rôle principal dans un film. Et cette femme, référence de la chanson française contemporaine, bête de scène, auteure de talent... est aussi une très bonne actrice!

Il y a des gens comme ça, qui savent tout faire. Et forcément, nous, avec nos imperfections, nos deux pieds gauches et notre voix de fausset, ça nous agace prodigieusement. Pour résumer, je vous dirais que Juliette Armanet, elle m'énerve! Basse et pure jalousie, évidemment.

Blague à part, dans «Partir un jour», Juliette Armanet nous met une jolie claque sur grand écran. Et elle tire admirablement son épingle du jeu face à des «pointures», comme on dit.

François Rollin, qui joue le rôle de son père, est parfait, mais on peut dire qu'il a pas mal roulé sa bosse dans le cinéma. On se souvient aussi de son savoureux personnage dans la série «Kaamelott»: «Tempora mori, tempora mundis recorda», ça ne veut strictement rien dire, mais j'avais envie de le placer.

Par contre, face à Dominique  Blanc, actrice de la Comédie Française, qui incarne sa mère, Juliette Armanet fait preuve de fraîcheur et de spontanéité: elle «sonne» plus juste, c'est indéniable. 

Le terme «sonner,» d'ailleurs, n'est pas choisi au hasard. Le film est en effet une comédie musicale, dans le style «On connaît la chanson», d'Alain Resnais, sorti en 1997.  Mais en moins réussi. Les parties chantées sont souvent massacrées par les acteurs.

Pas facile, notamment, d'écouter «Pour que tu m'aimes encore» vociféré par trois gaillards dont ce n'est pas le métier, et ça s'entend. Alors certes, moi, ça me fait toujours plaisir de fredonner des airs connus, de Stromae à Nougaro, en passant par Axelle Red, Bénabar ou Céline Dion, mais pour le coup, j'aurais pu m'en passer.

Chansons, donc, mal interprétées... sauf par Juliette Armanet. Je vous l'ai dit: ça énerve!

Retour vers le futur, de «Top Chef» au restoroute

Parlons de l'histoire, maintenant, qui repose donc presque entièrement sur les épaules de la chanteuse, alias Cécile dans le film. Bastien Bouillon, star montante du cinéma français, tient le reste en incarnant Raphaël.

Cécile est une femme forte à qui tout réussit. Après avoir été finaliste de l'émission «Top Chef», elle s'apprête à ouvrir un restaurant gastronomique à Paris.  

Mais alors qu'elle est tournée vers un futur qui s'annonce brillant aux fourneaux, elle va être rattrapée par son passé. Son père, qui tient un relais routier de l'Est de la France, est victime d'un infarctus. La jeune femme va donc retourner dans le village de son enfance pour donner un coup de main à ses parents. 

Et Cécile va vite se retrouver comme prise dans une capsule temporelle. L'immersion dans son passé va faire émerger chez elle des tonnes de questions sur son avenir. Et faire ressurgir Raphaël, son amour de jeunesse, qui paraît bien tentant au premier abord, un peu comme dans les comédies romantiques américaines. Mais le vernis va s'écailler un peu: à découvrir, je ne voudrais surtout pas «spoiler».

À travers l'histoire de Cécile, «Partir un jour» parle d'émancipation, de lutte des classes, de rêves, de nostalgie, de choix de vie. Le tout sur un ton léger, avec autant d'émotion que d'humour. 

Si le côté comédie musicale n'a pas pris en ce qui me concerne, j'ai tout de même été emportée dans le tourbillon de la vie de Cécile et c'est bien là ce qui importe au cinéma. Le pire, et ça m'énerve, c'est que je dois dire merci pour ça... à Juliette Armanet!

Ma note: 8/10

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