Carnet noir Freddy Buache, un passeur de films

ATS

30.5.2019 - 18:00

Freddy Buache, un passeur d'images et un ardent défenseur du cinéma d'auteur (archives)
Freddy Buache, un passeur d'images et un ardent défenseur du cinéma d'auteur (archives)
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Freddy Buache a été un ardent défenseur du cinéma d'auteur, et l'un des artisans du renouveau du cinéma suisse. Il défendait un cinéma exigeant et mettait une «passion gigantesque dans tout ce qu'il faisait», se souvient Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque.

«Freddy Buache a porté pendant plus de 45 ans la Cinémathèque suisse, c'était l'âme véritable de la Cinémathèque», a expliqué à Keystone-ATS Frédéric Maire. Il y a amené une collection de films «extraordinaires» et a permis de les faire connaître dans le pays.

«A l'époque, il allait porter la bonne parole du cinéma d'auteur», ajoute M. Maire, qui se rappelle avoir découvert certains cinéastes grâce à lui durant ses années d'école à Neuchâtel. «C'était un montreur, un passeur de films».

Cinéma suisse

Deuxième rôle «fondamental»: il a été un des artisans du renouveau du cinéma suisse. Il avait des liens avec les directeurs du festival de Cannes. C'est grâce à lui que les premiers films de Tanner, Soutter, Goretta, Reusser et Daniel Schmid y ont été montrés. «Avec les cinéastes, il a milité en faveur de la loi sur le cinéma (1963) qui reconnaissait le cinéma comme une création artistique importante».

Freddy Buache était aussi un critique cinématographique. «Il avait une vision du cinéma exigeante. Il pouvait être assez rude dans ses critiques. Il cherchait un cinéma novateur», ajoute le directeur actuel de la Cinémathèque. «Il aimait bien pousser une gueulante, mais c'était à bon escient, pour défendre le cinéma, contre la censure notamment».

D'autres chemins

«Freddy Buache était proche des surréalistes. Luis Buñuel était un de ses amis. Il aimait un cinéma qui cherchait d'autres chemins pour raconter le monde», observe M. Maire. «Il a défendu les premiers films de Jean-Luc Godard, de Theo Angelopoulos qui étaient ses amis».

Récemment, en avril, Jean-Luc Godard et Freddy Buache s'étaient croisés à la Cinémathèque, lors de la remise du Prix FIAF, la Fédération internationale des archives du film, au cinéaste. «Ils se parlaient souvent, ils se voyaient un peu moins, en raison des problèmes de mobilité de Freddy Buache», se souvient M. Maire.

Un mercredi sur deux, désormais nonagénaire, il donnait toujours ses cours aux étudiants, un partenariat entre l'Université de Lausanne et la Cinémathèque. «C'était bondé en permanence», raconte Frédéric Maire. «Freddy Buache, c'était une mémoire vivante. Il a vécu la naissance des cinémathèques et a rencontré les plus grands réalisateurs du monde. Quand il parle de Milos Forman, de Buñuel et de Godard, en disant qu'il les a rencontrés, c'est unique».

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