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Interview Joaquin Phoenix: «Je ne suis pas sûr de savoir ce qui est réel...»
De Marlène von Arx, Los Angeles
11.10.2019
Les critiques et le public sont unanimes: dans «Joker», Joaquin Phoenix nous livre une prestation magistrale. Pendant notre interview pour Bluewin, l'acteur explique comment il s’est glissé dans la peau de ce personnage complexe derrière le masque de clown, ce qu’il déteste chez lui et pourquoi il estime devoir sa carrière à son défunt frère River.
Jack Nicholson a été nominé aux Golden Globes pour son rôle de Joker, et Heath Ledger a obtenu un Oscar à titre posthume pour sa performance. Ces deux interprétations ont-elles influencé la vôtre?
Non, j’ai vu les deux films à leur sortie au cinéma, mais pas depuis. Nous voulions faire notre propre film, sans lien avec les interprétations précédentes ni les bandes dessinées. Et j’ai essayé d’ancrer le personnage le mieux possible dans la réalité.
Comment votre métamorphose s’est-elle déroulée?
Le point de départ a été le rire. Le réalisateur Todd Phillips m’a montré des vidéos de personnes qui faisaient des crises de rire incontrôlables, avant même que je ne lise un scénario. Le processus a débuté quatre mois avant le début du tournage, et deux mois avant, j’ai également commencé à me pencher sur les mouvements avec l’aide d’un chorégraphe. En temps normal, je n’aime pas échanger mes idées avec qui que ce soit d’autre que le réalisateur au travail, mais Michael Arnold m’a vraiment initié au vocabulaire de la danse et du mouvement. Nous tournions déjà depuis sept semaines lorsque je me suis maquillé pour la première fois. Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, mais tout cela a donné vie au Joker.
«J’ai perdu de la masse musculaire et j’étais plus vulnérable aux blessures.»
Vous avez perdu 23 kilos pour le rôle. Comment cela vous a-t-il affecté?
Cela affecte les mouvements. On se sent plus léger et, d’une certaine manière, plus fort, parce qu’on a le contrôle sur son corps et on est maître de ses impulsions. D’un autre côté, je me sentais aussi plus faible physiquement: j’ai perdu de la masse musculaire et j’étais plus vulnérable aux blessures. Ce sont des éléments sur lesquels on a un contrôle. Et c’est finalement ça, ce dont j’ai besoin: quelque chose de visible pour le personnage. Tout ne doit pas venir de l’imagination ou se baser sur des recherches. Une partie doit aussi venir de l’expérimentation.
Quelle est la première chose que vous avez mangée après votre régime?
Je ne m’en souviens pas. C’était probablement à l’aéroport. Pendant un moment avant le régime, je mangeais simplement ce dont j’avais envie, comme j’allais devoir renoncer à beaucoup de choses ensuite. Lorsque j’ai commencé mon régime, j’ai pris quatre kilos, c’est fou!
Quand avez-vous su que vous maîtrisiez Arthur et le Joker?
A ce jour, je n’ai toujours pas ce sentiment. Chaque fois que j’avais l’impression de comprendre sa motivation, ce sentiment se dissipait toujours d’une façon ou d’une autre. Mais il y avait aussi quelque chose d’excitant à ne pas comprendre sa motivation. Et d’ailleurs, je ne suis pas non plus sûr de savoir à 100% ce qui est réel dans le film et ce qui ne l’est pas.
Cela n’est pas forcément mauvais…
Non, et j’aime ça, même. Peut-être que je ne voulais pas vraiment la connaître… (il réfléchit) Non, ce n’est pas vrai. En tant qu’acteur, cela fait partie de mon travail de comprendre la motivation. Mais nous ne nous comprenons pas toujours nous-mêmes non plus. La psychologie humaine est très complexe.
Vous arrive-t-il souvent de ne pas comprendre un personnage?
Je n’ai pas toujours besoin d’avoir toutes les réponses, mais cela n’a jamais été aussi radical que pour ce rôle.
Arthur est exclu de la société. Vous avez grandi dans une famille hippie. Vous êtes-vous déjà senti mis à l’écart?
Non, je ne me suis jamais senti mis à l’écart. Et décrit comme cela, Arthur pourrait presque sembler sympathique. Je le comprends et je compatis aussi pour lui, mais je le trouve aussi atroce. Après tout, on a aussi une responsabilité. Dès le début, il n’est pas innocent: c’est un narcissique typique. Il veut être entendu et adoré. Je trouve cela détestable et je ne pense pas que tout se serait bien passé si les gens l’avaient seulement mieux traité.
Pendant le tournage, comment cela se passait-il avec les gens autour de vous, votre famille, votre fiancée Rooney Mara?
J’étais assez isolé, car vous ne pouvez pas imaginer à quel point manger et boire font partie de l’environnement social. Et je ne pouvais y participer. Honnêtement, je ne me mêle pas aux gens pendant les tournages en général. L’équipe de tournage devient mon environnement social et le film ma vie. Mais c’est pareil pour d’autres aussi. Mes amis acteurs ne parlent de rien d’autre lorsqu’ils travaillent. C’est pénible pour les gens qui ne sont pas impliqués dans le projet. Je ne veux imposer cela à personne.
«Ma mère est probablement la personne qui m’a le plus influencé et inspiré dans ma vie.»
Arthur/Joker est très proche de sa mère. Comment votre mère a-t-elle influencé votre vie?
Ma mère est probablement la personne qui m’a le plus influencé et inspiré dans ma vie. C’est vraiment une femme incroyable: pendant que je m’amuse dans les festivals de films et que je change le monde (rires), elle le fait vraiment en Europe de l’Est avec son ONG qui porte le nom de mon frère. Le «River Phoenix Center for Peace Building» enseigne notamment la communication non violente et la justice réparatrice (alternative à la prison). Elle a 75 ans, a consacré sa vie à cette organisation, et a fait bouger les choses.
Votre frère River Phoenix, aujourd’hui décédé, vous a un jour fait voir le film «Raging Bull» et vous a convaincu de ne pas abandonner le cinéma. Pourquoi doutiez-vous de votre avenir à Hollywood à l’époque?
J’avais arrêté de jouer pendant un certain temps à l’époque. Les rôles proposés n’étaient pas très inspirants. Il n’y avait pas beaucoup de matière pour les adolescents. Je ne voulais pas faire de films pour enfants. Mais il a dit «maintenant, tu t’y mets», et m’a prédit un bel avenir. Ma mère et moi, on s’est regardés, on ne savait pas d’où il tirait cela. Mais je me souviens que cela m’a donné la confiance nécessaire pour continuer.
Le film «Joker» est actuellement en salles.
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