Cinéma La Palme d'or à «Parasite» de Bong Joon-ho

ATS

25.5.2019 - 21:57

«Parasite», drame familial magistral mâtiné de thriller du Sud-Coréen Bong Joon-ho, a remporté la Palme d'or samedi en clôture du 72e Festival de Cannes. Il dépeint la violence des inégalités sociales avec une grande maîtrise formelle.

La Palme d'or a été décernée à l'unanimité du jury, a précisé son président, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu.

«Nous avons été fascinés pas (le) film (de Bong Joon-ho). Cette fascination a continué à croître au fil des jours, d'où notre unanimité», a-t-il développé en conférence de presse, saluant également la grande efficacité du film.

Inspiré par le cinéma français

Bong Joon-ho, grand représentant de la nouvelle vague de Corée du Sud, est le tout premier cinéaste du pays à décrocher la suprême récompense cannoise.

«Merci beaucoup. Je suis très honoré, j'ai toujours été très inspiré par le cinéma français, je remercie Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol», a commenté celui qui succède au palmarès au Japonais Hirokazu Kore-eda, palmé l'an passé pour «Une affaire de famille».

Les points communs sont d'ailleurs frappants entre les deux films, puisque le film de Kore-eda racontait l'histoire d'une famille dans le désoeuvrement qui commet des larcins, avant d'accueillir une fillette chez eux.

L'humanisme débordant dans «Une affaire de famille» est moins présent dans «Parasite» dont la critique sociale s'avère féroce, avec une propension à la violence et l'humour noire savamment dosée par Bong Joon-ho.

Engrenage incontrôlable

«Parasite» raconte l'histoire d'une famille de chômeurs, celle de Ki-taek (incarné par Song Kang-ho, acteur fétiche de Bong Joon-ho), qui végètent dans un appartement en sous-sol sombre et sordide, où ils cohabitent avec les cafards et vivent d'expédients.

La vie de Ki-taek, sa femme et leurs deux enfants change de tournure le jour où son fils, Ki-Woo, décroche un travail de professeur particulier d'anglais pour une jeune fille dans une famille bourgeoise, les Park, qui habitent une somptueuse maison avec jardin, grandes baies vitrées et décoration soignée.

La famille de Ki-taek va vite s'emparer du filon: par d'habiles subterfuges, Ki-Woo fait embaucher sa soeur pour donner des cours de dessin au petit dernier, puis ses parents comme chauffeur et gouvernante. Mais, si tout semble aller pour le mieux pour cette famille d'arnaqueurs, l'arrivée de ces «parasites» dans la famille Park va en fait marquer le début d'un engrenage incontrôlable.

Grand Prix pour «Atlantique»

La Franco-Sénégalaise Mati Diop a été récompensée du Grand Prix, deuxième récompense la plus importante, pour son film «Atlantique», fable à la fois politique et onirique sur le sort des migrants et la jeunesse de Dakar.

«Les Misérables» du Français Ladj Ly, autre nouveau venu, et «Bacurau» des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles se sont eux vus décerner ex aequo le Prix du jury.

«Je dédie ce film à tous les misérables de France et d'ailleurs», a réagi Ladj Ly à propos de cette oeuvre coup de poing sur les violences policières dans les banlieues.

«Bacurau» est quant à lui un film de genre, à mi-chemin entre western et fantastique, qui raconte l'histoire du village imaginaire de Bacurau, dans le Sertao brésilien (région semi-aride et très pauvre du Nord-Est), frappé par des phénomènes étranges.

Beecham et Banderas meilleurs acteurs

L'actrice anglo-américaine Emily Beecham et l'acteur espagnol Antonio Banderas ont décroché les prix d'interprétation féminine et masculine. La première a été distinguée pour sa performance dans «Little Joe» de Jessica Hausner. Elle y incarne une scientifique obsessionnelle et borderline.

Antonio Banderas a lui été choisi pour sa performance dans «Douleur et Gloire» de son compatriote Pedro Almodovar, dans lequel il incarne un réalisateur plongé dans la dépression.

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