Interview Lauriane Gilliéron: «Aux Etats-Unis, j’ai souffert de harcèlements divers»

d'Aurélia Brégnac/AllTheContent

10.5.2019 - 08:24

Figure helvétique glamour, Lauriane Gilliéron a d’abord été Miss Suisse, avant de devenir, il y a plus de 10 ans, actrice au-delà de nos frontières. Actuellement en tournage de la série genevoise «Quartier des Banques», Lauriane Gilliéron s’est confiée à «Bluewin.ch» sur sa carrière à Hollywood, ses rencontres prestigieuses, mais aussi son passé de reine de beauté et ses rêves de comédienne.

Suite au succès de la première de saison de «Quartier des Banques», une deuxième saison est actuellement en tournage. Vous reprenez donc le rôle de Virginia. Pouvez-vous nous parler de ce personnage, nous rappeler son parcours, et la place qu’il va prendre dans les prochains épisodes?

Je joue le rôle de Virginia Grangier, la femme du personnage principal, incarné par Vincent Kucholl. Dans la saison 1, l’intrigue se joue autour d’une tentative de meurtre sur ce dernier. C’est alors ma belle-sœur qui doit reprendre les rênes de la banque... Des scandales de blanchiment d’argent, des comptes mal gérés, de malfrats sont découverts. Le secret bancaire suisse dans toute sa splendeur. Ce milieu est représentatif de l’hypocrisie de ce qui a trait à l’argent, à la banque en général. Dans la saison 2, qui se déroule deux ans plus tard, les personnages ont évolué: il y a beaucoup de changements, surtout pour mon personnage, qui reprend sa vie de femme et sa vie professionnelle en main... C’est très intéressant à jouer. Mes scènes sont plus importantes. Je suis bien intégrée dans l’histoire...

«Même si je devais prendre du poids ou en perdre pour un rôle(...), je n’hésiterais pas»

Après 10 ans de carrière, vous avez multiplié les collaborations. Avec quels scénaristes et acteurs en particulier souhaiteriez-vous aujourd’hui tourner?

La liste est très longue car j’admire beaucoup de gens dans mon métier! Si je dois choisir, ce serait le réalisateur Alejandro Iñárritu pour l’international. Et Jacques Audiard; j’adore ce qu’il fait, ses drames, comme le film «Un Prophète», par exemple. En ce qui concerne les acteurs, Nicole Kidman est ma préférée parmi toutes, elle représente tout ce que j’aimerais dans ma carrière. Elle pourrait jouer ma mère qui m’aurait eu très jeune. Ce serait un vrai bonheur. Tourner avec Tom Hardy, également: parce qu’il est incroyablement beau, et parce que c’est un acteur phénoménal. Pour les scénarios, je suis vraiment fan de la période de Seconde Guerre mondiale. Alors ce serait un rêve de tourner un film qui se passe à cette période, comme «Le Patient anglais», «La Môme»... Et puis, jouer des rôles qui n’ont pas forcément trait à la beauté. Comme Charlize Theron dans «Monster», qui est l’exemple parfait d’une femme connue pour sa beauté, mais qui a ensuite beaucoup évolué, a pu se métamorphoser.

C’est un problème d’être considérée comme une jolie femme? Vous seriez prête, vous aussi, à vous transformer pour un rôle? Prendre beaucoup de poids, par exemple?

Non, ce n’est pas un problème. Mais quand une actrice est considérée comme une jolie femme, elle est mise dans cette case-là, et on en oublie qu’elle a des choses à dire, qu’elle a du talent, qu’elle peut jouer autre chose... Alors, même si je devais prendre du poids ou en perdre pour un rôle, me couper les cheveux: oui, bien sûr, je n’hésiterais pas.

Après votre année de Miss Suisse, vous êtes partie aux Etats-Unis pour vous lancer à Hollywood. Vous y avez vécu pendant de nombreuses années. Pourquoi êtes-vous rentrée?

Pour de multiples raisons. J’ai réalisé que je pouvais faire ce que j’aimais en Europe, près de ma famille. Puis, il y a le fait que j’ai souffert de harcèlements divers... j’en avais ras le bol. Et enfin, le fait que Trump a été élu... Je ne me sentais plus chez moi.

«Si je pouvais vivre en Suisse en faisant ce que j’aime.... ce serait le bonheur total!»

Vous parlez de harcèlement à Hollywood... Un rapport avec l’affaire Weinstein?

Non, je n’ai jamais rencontré Harvey Weinstein, mais c’est un exemple qui s’est fait prendre. Il y en a beaucoup d’autres qui ne se sont jamais fait prendre. A Los Angeles, tout tourne autour du cinéma alors automatiquement le phénomène a plus d’ampleur.

Vous êtes plus épanouie en Europe?

Oui. Si je pouvais vivre en Suisse en faisant ce que j’aime... ce serait le bonheur total! J’espère qu’un jour ça arrivera. Pour l’instant, je suis à Paris, qui est la Mecque du cinéma francophone. Il y a une diversité des castings plus importante. J’y suis depuis novembre dernier, alors je me donne quelques années pour voir... En attendant, je tourne «Quartier des banques», ce qui me ramène en Suisse de temps en temps. Je suis plus heureuse en Europe que je ne l’étais ces dernières années à Los Angeles en tous cas.

Pourtant, le mode de vie américain vous correspond peut-être davantage, vous qui êtes vegan?

 Oui, c’est plus simple à Los Angeles, mais ce n’est pas les Etats-Unis! Ce n’est pas le Mid-West... Le veganisme est un mode de vie. Je suis végétarienne depuis l’âge de 7 ans, et je suis devenue vegan là-bas. Maintenant, je suis très simple niveau nourriture, j’ai juste besoin de matières premières que je peux trouver partout.

Avant d’être comédienne, vous vous êtes d’abord faite connaître par votre élection de Miss Suisse en 2005, puis l’année suivante, vous avez remporté la troisième place lors de Miss Univers. Quels souvenirs gardez-vous de cette période?

Tout s’est passé très vite! J’ai fait tellement de choses en une année. J’ai fait des rencontres incroyables. C’était une expérience en soi, que je suis très heureuse d’avoir faite. Maintenant, ça ne me définit pas, ça n’a jamais été mon objectif de départ. C’était un tremplin pour réaliser mes rêves de comédie. Le concours de Miss Univers, qui s’est passé à Los Angeles, est un très bon souvenir, et c’est ce qui m’a décidé à m’installer là-bas. Avec ma force de caractère d’aujourd’hui, ce serait plus difficile de revivre l’expérience. J’ai joué le jeu, mais je n’ai jamais fait de choses qui me compromettent, comme porter de la fourrure ou faire des pubs pour de la viande.

«Je ne peux attribuer le succès de mon année de Miss Suisse qu’à mes parents, Raffy Locher et moi.»

Vous avez des déceptions ou des regrets? Que changeriez-vous?

Pas de déceptions... mais sans ma mère, qui a fait énormément pour moi cette année, je ne m’en serais pas sortie. On pense qu’on est chouchoutée, choyée, mais c’est totalement le contraire. J’ai souvent été seule dans mes trajets, dans le train, avec des grosses valises... A part Raffy Locher, mon manager de l’époque, qui gérait mon emploi du temps, ce n’est pas une organisation qui s’occupe de nous 24h/24. Je n’en ai pas souffert, mais lorsqu’on prend 34% du salaire, on s’attend à autre chose. Je ne peux attribuer le succès de mon année de Miss Suisse qu’à mes parents, Raffy Locher et moi.

Ce titre vous a apporté de la confiance?

Je pense que la confiance en moi s’est forgée déjà toute petite avec les concours de gymnastique que j’ai pu faire. Oui, c’est une expérience en plus, qui m’a permis d’être plus débrouillarde. Mais c’est plutôt la compétition sportive qui a forgé mon caractère.

A l’époque de Miss Suisse, un magazine alémanique vous a critiquée sur votre physique? Qu’en pensez-vous avec le recul d’aujourd’hui?

Je ne m’en rappelle pas vraiment. C’est tellement loin. C’est le rôle des médias, et c’est un journal – «Blick», ndlr – qui n’a pas grand-chose à dire. Franchement, que ce soit durant cette année-là ou ensuite avec ces histoires de chirurgie plastique: ça glisse, comme sur les plumes d’un canard! Ca ne m’atteint pas parce que je n’en ai rien à cirer de ce qu’un magazine comme ça ou ses lecteurs pensent de moi. Je pense qu’on n’a pas les mêmes valeurs de vie. Si on regarde les tabloïds en Amérique, au Royaume-Uni ou en France, c’est la règle du jeu... J’ai un peu été épargnée car il n’y avait pas grand-chose à dire. Mais j’ai quand même été la cible de quelques méchancetés.

«Devant George Clooney ou Matt Damon, c’est très facile de perdre ses moyens...»

Vous avez aussi tourné, il y a quelques années, une pub Nespresso aux côtés de George Clooney. Vous avez dû faire beaucoup d’envieuses... Racontez-nous un peu vos impressions aux côtés de cette icône du glamour?

Quand j’ai été choisie, j’étais tellement surprise. Je n’ai pas vu les choses venir. J’avais peur de perdre mes moyens le jour du tournage. Devant George Clooney ou Matt Damon, c’est très facile de perdre ses moyens... Mais ça a été super: George Clooney est chaleureux, drôle avec tout le monde; Matt Damon, plutôt timide et réservé. L’équipe était vraiment super, je garde un merveilleux souvenir de ce moment.

Avez-vous encore du temps pour votre vie personnelle?

Ma vie professionnelle a toujours été une priorité pour moi, même si je ne renie pas ma vie privée. Mais à l’heure actuelle, ma vie privée ne regarde que moi; je suis très bien seule, à faire avancer ma carrière d’actrice. Tout va bien, je suis heureuse. On va de l’avant!

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