Cinéma Le cinéma rêve d'un nouveau départ à Venise

ATS

2.9.2020 - 21:21

«Ces derniers mois, qui étaient comme des années, nous étions dans nos bulles, nourris d'images dans nos salons», a lancé la présidente du jury Cate Blanchett aux invités, tous masqués, rassemblés dans la salle de gala du Palais du cinéma.
«Ces derniers mois, qui étaient comme des années, nous étions dans nos bulles, nourris d'images dans nos salons», a lancé la présidente du jury Cate Blanchett aux invités, tous masqués, rassemblés dans la salle de gala du Palais du cinéma.
Source: KEYSTONE/EPA/CLAUDIO ONORATI

Après la maladie, l'angoisse du confinement et les soirées streaming, place enfin au 7e art: la 77e édition de la Mostra de Venise a ouvert officiellement mercredi soir, premier grand festival international de cinéma depuis que le Covid a bouleversé la planète.

«Ces derniers mois, qui étaient comme des années, nous étions dans nos bulles, nourris d'images dans nos salons», a lancé la présidente du jury Cate Blanchett aux invités, tous masqués, rassemblés dans la salle de gala du Palais du cinéma.

Mais aujourd'hui le cinéma doit répondre au «besoin vital (...) pour des inconnus de se réunir dans le noir» pour une «expérience collective» à nulle autre pareille, a-t-elle ajouté, en robe bleu nuit à paillettes, avant que ne soit donné comme chaque année le coup d'envoi officiel du plus ancien festival de cinéma du monde.

Rappel cruel des contraintes exceptionnelles avec lesquelles doit cependant composer la Mostra, qui a dû renoncer au défilé habituel de stars hollywoodiennes: c'est par des vidéos tournées au téléphone portable qu'une brochette de célébrités qui n'ont pas fait le déplacement, de Dustin Hoffman à Jane Campion en passant par George Clooney, ont partagé leur amour du cinéma.

L'actrice oscarisée Tilda Swinton, elle, était bien là en chair et en os (et en noir et blanc) pour recevoir un Lion d'Or d'honneur, et crier sa «pure joie» de voir des films avec «d'autres êtres vivants, sur grand écran». Elle a rendu hommage à l'acteur américain Chadwick Boseman, décédé fin août, tandis que l'ensemble de l'assistance a offert une ovation debout à Ennio Morricone, compositeur de musique de films de génie décédé le 6 juillet

En salle

La veille, le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, avait eu ce cri du coeur dans un entretien avec l'AFP : «nous en avons assez de voir des films en streaming! L'expérience du film en salle nous manque. Et il est temps de redémarrer». Si le plus ancien des festivals de cinéma du monde prend bien son envol sur le Lido de Venise face à la mer, c'est avec des mesures sanitaires draconiennes.

Le tapis rouge a été bordé d'un haut mur gris, bouchant la vue des passants, pour éviter les attroupements. Tous les accès sont surveillés par caméra thermique. Ceux qui ont de la température n'entreront pas.

Signe de l'importance de l'évènement pour la planète cinéma, les directeurs des plus grands festivals européens ont rangé leur rivalité dans leur poche pour illustrer mercredi leur solidarité, lors d'une conférence de presse commune.

«Nous ne sommes pas encore dans le monde d'après» le Covid, a mis en garde Thierry Frémaux, le directeur du festival de Cannes contraint à l'annulation au printemps, tout en disant avoir «toute confiance en l'avenir». Et il en faudra: l'industrie cinématographique mondiale est en plein marasme après des mois de fermeture de salles ou d'arrêt de tournages autour de la planète.

18 films en compétition

C'est un film italien, «The Ties»/«Lacci», de Daniele Luchetti, qui devait ouvrir le bal. Présenté hors compétition, ce drame intimiste explore avec brio les fêlures d'une famille napolitaine sur trois décennies. Le jury, lui, se mettra au travail jeudi pour commencer à visionner les 18 films en compétition, dont 8 réalisés par des femmes, venant aussi bien d'Italie, d'Inde que de Pologne et d'Azerbaïdjan.

Aux côtés de Cate Blanchett siègent notamment l'acteur américain Matt Dillon, le réalisateur allemand Christian Petzold, ou encore la comédienne française Ludivine Sagnier, pour désigner le successeur de «Joker» de Todd Phillips, couronné l'an dernier avant de remporter cinq mois plus tard deux Oscars.

Des cinéastes confirmés sont de la compétition, comme l'Israélien Amos Gitaï avec «Laila in Haifa» ou le Japonais Kiyoshi Kurosawa («Les amants sacrifiés»).

La Cinémathèque suisse sera à l’honneur à travers la coproduction italo-suisse «Guerra e pace» des cinéastes italiens Martina Parenti et Massimo D’Anolfi. Le film a été tourné dans quatre endroits, dont les locaux de l'institution à Penthaz (VD).

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