CinémaLe Festival de Locarno a pu retrouver une partie de son public
bu, ats
14.8.2021 - 15:31
Le Festival du film de Locarno s'est terminé après 11 jours samedi soir sur la Piazza Grande. Il a couronné le cinéaste indonésien Edwin, qui a reçu le Léopard d'Or pour son film «Vengeance Is Mine, All Others Pay Cash».
14.08.2021, 15:31
15.08.2021, 08:41
ATS
Le réalisateur indonésien Edwin, coqueluche des festivals européens, est revenu sur le circuit cette année avec un film de série B: «Vengeance Is Mine, All Others Pay Cash» (La vengeance m'appartient, les autres paient cash). Ce film, qui dresse le portrait d'un jeune homme impuissant et en colère, coincé au milieu des années 80 indonésiennes machistes, n'a pourtant pas fait l'unanimité des critiques à Locarno.
Comme cela s'est produit pour de nombreuses productions l'année dernière, la pandémie a affecté le film, dont le tournage a dû être interrompu en raison du confinement. Le monteur du film a par exemple dû faire tout le montage en ligne. «Nous nous sommes amusés, mais la situation était difficile», selon Edwin.
Ce Léopard d'Or, choisi parmi 17 films en lice, met fin à cette 74e édition du Festival du film de Locarno. Un seul film suisse concourait dans cette catégorie: «Soul of a Beast» du réalisateur zurichois Lorenz Merz, qui a toutefois reçu une mention spéciale. Il raconte l'histoire d'un père adolescent qui tombe amoureux de la petite amie de son meilleur ami.
Autres prix
Toujours dans la compétition internationale, le prix de la meilleure interprétation féminine revient à l'actrice russe Anastasiya Krasovskaya. Elle fait ses débuts au cinéma dans le rôle principal «Gerda» de Natalya Kudryashova, un film «brouillon» comme l'ont qualifié certains critiques, offrant une «vision sombre de l'espace moderne russe qui ne laisse plus de place à l'épanouissement de l'âme».
La meilleure performance masculine a été réalisée par Mohamed Mellali et Valero Escolar, qui jouaient deux collègues de travail dans «Sis dies corrents» (Hommes à tout faire) de Neus Ballús. Ce film espagnol a fait rire toute la salle, en suivant des hommes de plusieurs nationalités travaillant sur un chantier.
«Rôle de prospecteur»
Cette première édition pilotée par le nouveau directeur artistique, le cinéphile érudit Giona A. Nazzaro, après une édition 2020 anémiée par la pandémie, est saluée par la presse. Le journal genevois Le Courrier estime par exemple que «le festival a retrouvé son rôle de prospecteur du cinéma d'auteur».
Ce grand rendez-vous estival du cinéma en Suisse a pu accueillir jusqu'à 5000 personnes cette année sur la Piazza Grande devant un écran XXL contre les 8000 en temps normal. Le public, même s'il était masqué et moins nombreux que d'habitude en raison des mesures sanitaires et d'une météo maussade en début de festival, s'est vu offrir un programme riche de près de 200 films, dont une centaine en première mondiale, une dizaine de premières suisses et une vingtaine de premiers longs métrages.
En plus de «Soul of a Beast», un autre film suisse a retenu l'attention : «Monte Verità», de Stefan Jäger avec les acteurs helvétiques Max Hubacher et Joel Basman. Ce long métrage raconte l'histoire des artistes et intellectuels, comme l'écrivain Hermann Hesse ou le psychiatre Carl Jung, qui ont fréquenté le Monte Verità au Tessin au début du XXe siècle à la recherche de nouvelles libertés.
Kim Gordon de Sonic Youth
Cette édition a vu défiler à Locarno une brochette de célébrités comme la musicienne new-yorkaise Kim Gordon de Sonic Youth, l'actrice française Laetitia Casta ou le scénariste américain John Landis, à qui l'on doit les Blues Brothers ou le clip Thriller de Michael Jackson, et qui a reçu un Léopard d'honneur. On peut encore citer Gale Anne Hurd, productrice de Terminator, l'actrice française Françoise Fabian ou Phil Tippette, créateur d'effets visuels.
Ce festival s’est achevée samedi soir avec la remise d'un prix au réalisateur italien Dario Argento pour l'ensemble de son œuvre et son interprétation surprenante dans Vortex du réalisateur argentin Gaspar Noé, un drame sur les amours d'un vieux couple sénile. Les spectateurs ont encore pu voir le film «Respect» de Liesl Tommy , un biopic inspiré de la vie de la chanteuse Aretha Franklin.
Débat sur les plateformes
Le rendez-vous des cinéphiles au bord du Lac Majeur avait ouvert avec «Beckett» de Ferdinando Cito Filomarino. Le fait que ce film ait été proposé dans la foulée sur Netflix n'a pas laissé indifférent. Cannes a par exemple refusé tous les films produits ou distribués par les grandes plateformes de streaming.
Le financement du cinéma suisse via les plateformes de streaming a aussi occupé une cinquantaine de politiciens, dont le conseiller fédéral Alain Berset, et de cinéastes lors d'un Dîner politique. Ces derniers ont plaidé pour le versement de 4% des revenus des plateformes de streaming à la branche du cinéma helvétique, évalué à une quinzaine de millions de francs par année. Les Chambres fédérales reprennent le dossier lors de la prochaine session d'automne à Berne.