Le Geneva International Film Festival (Giff) s'est ouvert vendredi soir avec la première suisse de la nouvelle saison de «The Kingdom Exodus» de Lars Von Trier. Pendant 10 jours, le Giff va explorer la fiction audiovisuelle contemporaine tous supports confondus.
Carine Bachmann, la directrice de l'Office fédéral de la culture, n'a pas manqué l'ouverture du Giff vendredi soir à Genève. «Dans l’époque instable que nous vivons, on ne saurait surestimer l’importance de la voix des créatrices et créateurs pour nourrir notre imaginaire, pour nous donner la liberté de penser et nous aider à appréhender le monde», a-t-elle déclaré.
«Le Giff est un OVNI»
«Le Giff est depuis ses débuts un OVNI dans le paysage des festivals de cinéma suisses, a-t-elle poursuivi. Novateur, constitué en grand rendez-vous d’expérimentation de la réalité virtuelle et de la création immersive, le Giff anticipe également les évolutions des modes de consommation du cinéma.»
Gilles Marchand, le directeur général de la SSR, a aussi marqué le Giff de sa présence: «Le festival, de manière originale et avant-gardiste, mélange joyeusement les écrans, les écritures et les publics. Ce qui est aussi la réalité de l’audiovisuel public, qui doit s’affranchir des vecteurs pour continuer à garder un contact vivant, dense, avec la société.»
Pour sa 2e édition, la directrice artistique Anaïs Emery propose une sélection des meilleures productions du moment, tous formats confondus: cinéma, séries et oeuvres immersives. Au total, 120 œuvres seront dévoilées jusqu'au 13 novembre, dont dix premières mondiales, trois premières internationales, cinq premières européennes et 67 premières suisses, le tout émaillé de prix.
Révolution numérique au cœur du Giff
La révolution numérique est au cœur du Giff. Deux installations immersives majeures sont proposées: l’œuvre en réalité virtuelle événement «Evolver» narrée par Cate Blanchett et produite par Edward R. Pressman aux côtés de Terrence Malick et la pièce de théâtre immersif «Les aveugles», basée sur le texte de Maurice Maeterlinck.
Anaïs Emery pense qu’"il n'y a pas de risques pour les gens du cinéma à s’intéresser, à expérimenter avec la création numérique, a-t-elle dit dans une interview accordée à Cineuropa. Les technologies sont encore en transition mais le langage lié à l’immersion, à l’interactivité, gagnerait sûrement à collaborer artistiquement avec les réalisateurs et producteurs de l’audiovisuel classique.»
Le phénomène est en pleine évolution. «Je pense que le risque plus grand serait de ne pas vouloir s’intéresser à cette révolution, poursuit-elle. Le risque est aussi lié au fait d’avoir une création numérique qui n’est pas prise en main par des personnes qui ont les compétences nécessaires pour raconter des histoires.»
Ecosystème
Cette industrie n’est pas encore complètement structurée, surtout en Suisse. «C’est en voie de développement mais ça prendra encore du temps. Je pense que toutes ces spécificités, que ce soit le cinéma, les séries ou la création numérique, coexistent au sein d’un même écosystème.»
Les artistes peuvent choisir tel ou tel autre format selon l’œuvre qu’ils veulent développer. «Les barrières qu’on croyait très rigides entre le monde de la TV, des séries et du cinéma sont en train de tomber alors qu’il y a juste dix ans, c’était inimaginable.»
Forte présence des séries
Cette édition est marquée par une forte présence des séries. Ces dernières années, les séries suisses se sont imposées grâce à une esthétique très soignée et à des thématiques fortes et actuelles.
Pour Anaïs Emery, «les séries représentent un développement artistique très enthousiasmant pour l’audiovisuel local. Les réalisateurs peuvent raconter des histoires plus longues, il y a des processus de travail différents, sans oublier la question de l’écriture qui est au centre du processus créatif du monde des séries».
«Grâce aux séries, les réalisateurs peuvent développer des imaginaires qui se déploient sur de longues périodes. Je pense que le public cherche dans les séries un miroir de notre société, c’est un format qui est en lien, d’une façon directe ou par le biais d’allégories, avec la société. Un bon exemple est la série 'This England' de Michael Winterbottom que nous proposerons cette année au Giff.»