Cinéma suisseLe public n'a pas été au rendez-vous des nouvelles sorties
zm, ats
31.12.2021 - 12:25
Annulations ou reports: la reprise ratée de l'année cinématographique n'a pas vraiment surpris. Mais Ivo Kummerchef de la section cinéma à l'Office fédéral de la culture (OFC) discerne un point positif: l'essor du documentaire suisse.
Keystone-SDA, zm, ats
31.12.2021, 12:25
ATS
Avec 41%, la part de marché du film documentaire suisse est supérieure d'un tiers à la moyenne des dix dernières années. Cela peut beaucoup changer d'année en année, relève Ivo Kummer dans un entretien-bilan avec l'agence Keystone-ATS. En 2015, ce genre occupait 23% du marché et en 2012 68%, des variations surtout liées aux films de fiction.
Parmi les docs qui ont particulièrement bien marché figure «Lynx» de Laurent Geslin et «Le Nouvel Evangile» de Milo Rau. Le premier a été présenté en première mondiale au festival de Locarno et sortira en salle le 24 février. Le deuxième, qui replace l'histoire de Jésus dans l'époque contemporaine, a passé dans plusieurs festivals internationaux et reçu le prix du Cinéma suisse dans sa catégorie.
Mieux financés
Pour Ivo Kummer, il ne faut pas y voir une nouvelle mode chez les réalisateurs suisses. Mais ce qui est sûr, c'est qu'aucun autre pays ne produit autant de documentaires et que le public apprécie. A la mi-décembre, 44 films avaient été projetés au cinéma.
Par ailleurs, les documentaires bénéficient dorénavant d'un meilleur financement. Les soutiens ont passé entre 2016 et 2020 de 16,5 millions de francs à 19 millions. Une manne qui a contribué à améliorer la qualité, selon le directeur du cinéma suisse.
Pas de deuxième «Platzspitzbaby»
Avec un total de quelque 60 films, dont six coproductions minoritaires, la production cinématographique suisse est toujours en retrait d'environ 20% par rapport à celle de l'avant pandémie (2019: 76). Les entrées de cinéma devraient aussi être nettement inférieures à celles de 2020, lorsque «Platzspitzbaby» avait fait à lui seul la moitié des billets.
Pourtant, il y avait matière à espérer avec des productions telles que «Stürm – La liberté ou la mort», qui relate la relation entre l'un des plus célèbres criminels de Suisse et son avocate, ou «Und morgen seid ihr tot», qui raconte la prise d'otages de deux Suisses sur la Route de la soie il y a dix ans. «Franchement: ça ne s'est pas bien passé», admet Ivo Kummer.
Le cinéma lieu d'échanges
Malgré une campagne pour faire revenir le public dans les salles obscures, les fans de cinéma sont restés encore frileux. Même le dernier James Bond, «No Time to Die», n'a pas réussi à inverser la tendance. Le passage au numérique s'est lui confirmé.
Ivo Kummer invite les exploitants à faire de leurs salles des lieux de culture. «Le cinéma doit être plus qu'acheter un billet et manger des pop-corn». Dans cette perspective, l'OFC prévoit des aides ponctuelles pour permettre aux cinémas d'organiser des discussions thématiques ou d'inviter une équipe de tournage en marge de sa programmation.
L'ascendant du numérique n'est quant à lui pas si négatif. Les festivals de cinéma ont réussi à jongler souvent à court terme entre une partie ou l'entier de leurs projections en ligne, relève le patron du cinéma suisse. Cette expérience digitale pourra être revalorisée après la crise sanitaire.
Les coups de la pandémie
Quant à la production cinématographique elle-même, elle a dû traverser une nouvelle année de pandémie. Elle a pu compter sur des mesures rapides de soutien grâce à d'autres organismes d'aide au cinéma et à la Société suisse de radiodiffusion (SSR), explique Ivo Kummer. Les dommages ont pu être réduits, surtout pour les producteurs.
Par ailleurs, une deuxième saison de courts-métrages sur le confinement a été financée en collaboration avec la SSR. Les résultats, qui servent de témoins de l'époque, ont permis aux cinéastes d'exprimer leurs réflexions sur la pandémie. Ils sont visibles sur la plateforme Play Suisse.