Le corps comme objet d'artLe Suisse qui a vendu sa peau
Fabian Tschamper
24.3.2021
Il y a treize ans, Tim Steiner a vendu l’œuvre d’art qu'il porte sur son dos pour la somme de 240 000 francs. Depuis lors, il est exposé dans des musées et des salons. Après sa mort, son dos sera dépecé et encadré. Son histoire a fait l’objet d’un film satirique.
F. Tschamper
24.03.2021, 13:57
25.03.2021, 13:47
Fabian Tschamper
L’acquéreur du dos de Tim est Rik Reinking, un collectionneur d’art hambourgeois. Les 240 000 francs ont été partagés entre l’homme tatoué et l’artiste belge Wim Delvoye. Le propriétaire peut donc exposer Tim Steiner comme un objet d’art, mais aussi revendre le dos de Tim – voire le léguer. Et après la mort de Tim, l’œuvre d’art qui recouvre son dos sera dépecée et encadrée.
A l’époque, Tim Steiner a passé plus de deux ans à se faire tatouer, pendant trois à cinq heures par jour. La douleur infernale qu’endurait le Zurichois le faisait perdre connaissance. Tim Steiner fait partie d’une œuvre d’art qui lui survivra. Elle sera exposée dans des musées du monde entier. Tim a arrêté il y a longtemps de s’exprimer à ce sujet et refuse les interviews depuis plusieurs années.
C’est de cette histoire que s’est inspiré le film «L’homme qui a vendu sa peau».
Les personnages, Sam Ali et Abeer, sont originaires de Raqqa, sur les rives de l’Euphrate. Ils se sont juré un amour éternel et rêvent d’une vie paisible. Alors que Sam fuit la Syrie avant d’être emprisonné, Abeer est contrainte d’épouser un diplomate. Ce dernier, qui représente son pays à Bruxelles, emmène Abeer avec lui.
Alors que Sam souhaite la rejoindre, un artiste lui propose de faire de son corps une œuvre et de l’emmener ainsi à Bruxelles – au lieu d’arriver en Europe en tant que réfugié syrien. L’artiste, Jeffrey Godefroy, lui tatoue donc un visa Schengen dans le dos et transforme le corps de Sam en objet d’art. Le monde lui est désormais ouvert, mais cette liberté a un prix: il a conclu un pacte avec le diable de l’art.
Le film satirique s’est frayé un chemin jusqu’aux Oscars 2021, puisqu’il est nommé dans la catégorie du meilleur film international.