CinémaLocarno solidaire avec les grévistes à Hollywood
bu, ats
20.7.2023 - 10:14
De passage à Lausanne, le directeur artistique du Festival du film de Locarno, Giona Nazzaro, ne cache pas ses soucis sur l'impact du conflit à Hollywood sur le programme de la 76e édition du 2 au 12 août. Il se réjouit en revanche de la rétrospective mexicaine et de la présence d'un groupe de scénaristes suisses «très singuliers».
20.07.2023, 10:14
ATS
«Cette question de l'impact des nouvelles technologies sur les conditions de travail et de rémunérations sur le personnel de la branche du cinéma est centrale», a déclaré Giona Nazzaro dans un entretien avec Keystone-ATS, en marge de l'open air concocté par ses soins à Lausanne. La manifestation se tient jusqu'au 23 juillet sur la «Piazza Piccola», l'esplanade du quartier des arts Plateforme 10.
A Locarno, l'actrice australienne Cate Blanchett est censée accompagner une de ses productions, «Shayda», qui sera projetée sur la Piazza Grande le samedi 12 août. Ce film australien s’intéresse au destin d’une mère iranienne et de sa fille, forcées à l’exil.
Mais Giona Nazzaro n'en dira pas plus, lâchant du bout des lèvres «on doit encore évaluer la situation». Il en profite pour rappeler le soutien du festival à la grève des scénaristes et des acteurs américains, qui souhaitent, outre une revalorisation des salaires, obtenir des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle (IA).
Evoquant un autre thème d'actualité, la disparition de Jane Birkin, Giona Nazzaro se veut discret: «On essaie d'être un peu pudique, même dans l'expression du deuil.» Il relève toutefois la complexité de cette artiste, qui a su se renouveler après avoir émergé à une époque où l'image de la femme était très sexualisée.
«Si j'étais un jeune cinéphile»
Pour revenir à Locarno, Giona Nazzaro lance: «si j'étais un jeune cinéphile aujourd'hui, je viendrais poser ma tente dans le Grand Rex pour suivre la rétrospective mexicaine d'une trentaine de films, dont la plupart n'ont jamais été vus à l'étranger. Originalité: ce cinéma a su s'affranchir des codes de celui de son grand voisin du nord, les Etats-Unis.
Parlant de la production actuelle dont Locarno se fait aussi largement l'écho, Giona Nazzaro relève une forte prise de risques des réalisateurs et réalisatrices: «l'histoire bouge comme le cinéma: c'est toujours intéressant de voir comment la conversation entre les artistes et l'histoire se développe et comment le média cinéma évolue dans ce cadre».
Le cinéphile invite le public à venir se perdre dans l'offre de Locarno et voir des films auxquels il n'aurait pas songé. Le festival, avec près de 200 films, et une dizaine de sections, offre des angles d'approche très différents avec les oeuvres de jeunes réalisateurs et réalisatrices et d'autres plus confirmés.
La «nouvelle bande» suisse
Parlant de la trentaine de films ou de co-productions suisses proposés pour cette 76e édition, Giona Nazzaro met en avant la «nouvelle bande» de cinéastes suisses. Celle-ci est formée d'artistes «très singuliers» comme les frères jumeaux Zürcher, Ramon et Silvan, Andreas Fontana, Cyril Schäublin, Carmen Jaquier, Basil Da Cunha, Valentin Merz ou Lorenz Merz, pour n'en citer que quelques-uns.
«Chacun de leur film a la patte d'un auteur ou d'une autrice, avec une identité suisse projetée à l'échelle européenne et mondiale», résume-t-il.
Avec le départ de la figure tutélaire du festival Marco Solari, Giona Nazzaro, à la direction artistique de Locarno pour la 3e année consécutive, parle de période de transition. «La marque du président Solari sur le festival est évidente et ne sera jamais oubliée». Le nom de son ou sa successeure devrait être connu la semaine prochaine.