Interview Marthe Keller: «C’est comme un câlin quand j’arrive»

Aurélia Brégnac / AllTheContent

31.7.2018

Marthe Keller.
Marthe Keller.
RTS/Philippe Christin /AllTheContent

Actrice de renommée internationale et d’origine suisse, Marthe Keller a récemment tourné «Dévoilées», un téléfilm en partie réalisé à Genève et qui sera diffusé au second semestre de cette année. Un nouveau drame dans lequel elle incarne une femme au passé trouble. Elle a accepté de nous rencontrer, de nous parler de son amour pour son métier et pour sa région. Elle retrace aussi ses meilleurs souvenirs et nous conte ses passions.

Bluewin: Le tournage de la nouvelle fiction «Dévoilées» s’est achevé à Genève. Comment cela s’est-il passé?

Marthe Keller: C'était absolument merveilleux. Il y avait une atmosphère formidable dans l’équipe, comme dans une famille. Vous savez, cela peut varier d’un tournage à l’autre. Sur un plateau, il y a tous types de personnes, tous âges, toutes classes sociales. Tout était très bien organisé, d’un grand professionnalisme. Je dirais que c’est l’un des meilleurs tournages que j’ai eu l’occasion de faire! Après, j’ai même eu le blues, car l’équipe me manquait…

Ce film est l’histoire de trois générations de femmes d’une même famille (une grand-mère, une mère et une fille) qui seront toutes, chacune à leur manière, confrontées au djihadisme. Parlez-nous de votre personnage, une femme dont le passé fait écho avec celui de sa petite fille, radicalisée.

Il y a un grand secret autour de cette femme qui, par le passé, a eu deux hommes dans sa vie, très différents. L’un terroriste, dont elle est tombée follement amoureuse et par qui elle a été entraînée, à cause de sa naïveté. Il y a cette culpabilité d’avoir indirectement été impliquée dans un attentat. Il y a ces choses qu’elle n’a jamais dites à personne, et elle sent que l’histoire se répète. Tout ressurgit en fait lorsque sa petite fille, à son tour entraînée par un homme, se radicalise et qu’elle va tenter de la sauver… J’ai beaucoup aimé ce rôle, cette femme mystérieuse. Le scénario est très bien ficelé, le rôle très bien écrit. C’est fluide, intelligent. Tout était dans une continuité, cela roulait. Il y a une grâce autour de ce film.

Dans votre carrière bien remplie, quels sont vos meilleurs souvenirs de tournage ou vos meilleures collaborations?

«Marathon Man» en 1976, mon premier film américain. C’était génial. Il y avait encore de l’argent, c’était soigné. Il y a aussi «Elle court, elle court, la banlieue» en 1972, «Au galop», plus récemment en 2012. En fait, il y a très peu de films que je n’ai pas aimés. Je ne fais que les films que j’ai envie de faire, pas pour gagner de l’argent. J’adore les comédies, les rôles bien écrits.

«Peut-être que, née à Paris, je ne serais pas devenue actrice. Je cherche le calme, la profondeur, la solitude.»

Vous avez côtoyé des pointures du cinéma américain (Dustin Hoffman, Al Pacino, etc.). Vous êtes toujours en contact?

Beaucoup sont morts, malheureusement. Mais certains, comme Sydney Polack, ou des metteurs en scène de Broadway. Il y en a d’autres avec qui on se parle tous les deux semaines. Concernant Al Pacino, tout a déjà été dit dans la presse…

Vous êtes à la fois Française, Allemande, Américaine d’adoption. Mais vous êtes d’abord Suisse, née à Bâle. Dans quelle mesure vous sentez-vous ici chez vous?

Je vis entre Paris, les Etats-Unis et la Suisse. Mais j’adore être ici, j’aime les petites villes au bord du lac, et surtout la montagne. Je préfère la Suisse romande à la partie alémanique. Je m’y sens complètement chez moi. C’est comme un câlin quand j’arrive. Je me ressource, c’est comme un psychiatre. J’aime ces souvenirs d’enfance qui reviennent. Une enfance merveilleuse. Des souvenirs d’ennui aussi, à Bâle, où je regardais les passants par la fenêtre et m’imaginais leur vie. Je suis peut-être devenue actrice pour cela! Peut-être que, née à Paris, je ne serais pas devenue actrice. Je cherche le calme, la profondeur, la solitude. Je m’ennuie plus entourée, dans les mondanités, que seule, à bouquiner ou aménager ma maison.

Le pays a changé depuis l’époque à laquelle vous êtes partie?

Tout a changé. Pas les endroits que j’aime, mais il y a maintenant de grandes chaînes à la place des petits commerces, où il y avait plus de contacts. Mais c’est une chance énorme de pouvoir choisir les lieux que j’aime pour me ressourcer.

Qu’est-ce que vous aimez particulièrement ici?

La gentillesse, l’organisation, la qualité de vie en Suisse sont formidables. On est moins stressé. Et ce n’est pas un cliché! Je préfère le calme de la montagne à l’activité de la ville. Je reviens après les tournages, j’apprends mes textes en me baladant sur les sentiers de montagnes.

«J’aime bouquiner, apprendre, être libre de faire ce que je veux. La liberté est la seule chose qui compte.»

Quels sont vos loisirs? Vous pratiquez encore le ski. Car vous avez en effet pratiqué intensivement cette discipline étant adolescente...

Non, je ne skie plus, suite à ma blessure lorsque j’étais jeune. Je préfère maintenant me promener, au printemps et en été. Quand il y a moins de monde et que les chemins sont dégagés. Sinon, je ne m’intéresse pas trop à la mode, mais j’adore l’immobilier, les maisons, la décoration. Je passe du temps à l’aménagement de mon intérieur. Je crois que j’aurais aimé être architecte d’intérieur. J’aime aussi bouquiner, apprendre, être libre de faire ce que je veux. La liberté est la seule chose qui compte.

Y a-t-il un rôle qui vous ferait rêver aujourd’hui?

Pas particulièrement. Cela dépend du scénario, ça vient des metteurs en scène. J’aimerais éventuellement échapper au rôle de personnes souffrant d’Alzheimer ou du cancer… J’adorerais jouer dans des comédies comme à l’époque. J’aime aussi tout ce qui touche à la folie, aux personnes qui ont des troubles psychiatriques… Les films historiques ne m’intéressent pas tellement, sauf peut-être ceux qui racontent la guerre, contre l’oubli. C’est quand on me propose que je choisis, en fait.

Quels sont vos projets de tournage cette année?

J’ai quatre projets. Deux en France, un aux Etats-Unis et un autre en Suisse. Des choses intéressantes… mais je ne peux pas en dire plus!

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