CinémaPedro Almodovar Lion d'or à Venise pour «La chambre d'à côté»
ATS
7.9.2024 - 20:35
La Mostra de Venise a décerné samedi son Lion d'or à Pedro Almodovar, pour son premier film américain. Dans «La chambre d'à côté», le réalisateur espagnol met en scène les actrices Tilda Swinton et Julianne Moore dans une histoire de suicide assisté.
07.09.2024, 20:35
07.09.2024, 22:09
ATS
«La chambre d'à côté» relate l'histoire d'Ingrid (Julianne Moore), autrice de romans angoissée par la fin de l'existence, et Martha (Tilda Swinton), son amie de jeunesse, ancienne reporter de guerre habituée à défier la mort, vivant seule dans son bel appartement new-yorkais et qui, atteinte d'un cancer, décide de mettre fin à ses jours.
«Je crois que dire adieu à ce monde proprement et dignement est un droit fondamental de tout être humain», a affirmé l'ancien enfant terrible de la Movida en recevant son prix sur la scène du palais du cinéma du Lido de Venise.
«Je sais que ce droit va à l'encontre des religions ou croyances ayant Dieu comme seule source de vie», a-t-il ajouté. Mais il a exhorté «les croyants de toute religion à respecter et ne pas intervenir dans les décisions individuelles à ce sujet». «Les êtres humains doivent être libres (...) de mourir lorsque la vie leur est insupportable», a-t-il conclu.
Premier grand prix
A 74 ans, Almodovar, auteur de chefs d'oeuvres comme «Tout sur ma mère» et «Parle avec elle», récompensés aux Oscars, n'avait jamais été consacré par le prix suprême en festival.
C'est finalement le jury présidé par Isabelle Huppert, autre grand visage du cinéma d'auteur européen, qui offre cette distinction à l'Espagnol, cinéaste des femmes et des sentiments par excellence.
«C'est mon premier film en anglais mais l'esprit est espagnol», a-t-il commenté. Personnage haut en couleurs, apparaissant encore à Venise vêtu d'un costume rose saumon, Almodovar n'en recèle pas moins une certaine noirceur, plus marquée ces dernières années.
Alors que son nom aura longtemps été synonyme de transgression, d'humour osé, de mélodrames flamboyants et d'héroïnes hors du commun, ses oeuvres sont de plus en plus tourmentées par le déclin physique et la peur de la mort. Pour expliquer cette nouvelle gravité, il évoque souvent sa vie d'homme vieillissant, reclus avec chat et «fantasmas» (fantômes ou fantasmes).
Vincent Lindon en père
La Mostra a récompensé une autre figure reconnue, du cinéma français cette fois: Vincent Lindon. L'acteur de 65 ans est primé pour un rôle qui lui va comme un gant, mêlant intime, social et politique, celui d'un père confronté à la dérive de l'un de ses fils vers l'extrême droite violente, dans «Jouer avec le feu».
«Il est très rare qu'un président (de jury) français soit aussi généreux avec quelqu'un de son pays. C'est très rare et très chic», a-t-il souri avant d'aller embrasser Isabelle Huppert qui lui offre «un prix dont (il a) rêvé longtemps et (qui) change le cours de l'existence».
Nicole Kidman sulfureuse
Le prix d'interprétation féminine est allé à Nicole Kidman qui se joue une nouvelle fois, à 57 ans, de son image glamour dans «Babygirl», un thriller érotique nouvelle génération. L'actrice s'expose comme rarement dans ce rôle d'une magnat new-yorkaise de la tech ayant une liaison avec un jeune stagiaire qui l'entraîne dans un jeu SM soft.
Un trophée qui est aussi un message: il récompense un film post-MeToo et salue une prise de risque rare dans la profession. Kidman est filmée à quatre pattes, en train de laper une tasse de lait dans un jeu de soumission, nue, de dos, ou faisant des injections de botox.