Interview Sara Mortensen: «J'ai la chance d'interpréter des personnages forts»

de Léa Drouelle/AllTheContent

11.7.2019

Sara Mortensen, actrice franco-norvégienne.
Sara Mortensen, actrice franco-norvégienne.
Patrick Fouque/TF1

Figure montante de la télévision française, l’actrice franco-norvégienne Sara Mortensen a joué dans de nombreuses séries à succès: «Plus Belle à la Vie», «Engrenages», «Clem», «Femmes de loi»… Elle a récemment décroché l’un des rôles titres de la série policière «Astrid et Raphaëlle» sur France 2, dans lequel elle interprète une enquêtrice autiste.

L’actrice nous raconte son ascension fulgurante à la télévision, revient sur ses premières amours au théâtre et nous parle de la Norvège, pays d’origine de sa mère.

Mardi 2 juillet sur France 3, les fans de «Plus Belle à la Vie» vous ont vue camper pour la dernière fois le personnage de Coralie Blain, que vous incarniez depuis 7 ans. Comment vivez-vous ce départ?

Je n’étais pas disponible pour tourner les prochains mois, alors les producteurs ont décidé de continuer sans moi. C’est une page qui se tourne, un peu étrangement c’est vrai, mais c’est un livre que j’ai fermé et que je suis très contente d’avoir dans ma bibliothèque. Aujourd’hui, j’ai plein de choses super qui m’attendent donc je le prends avec sérénité.

D’autant plus que la série «Astrid et Raphaëlle» s’annonce prometteuse au vu du succès de l’épisode pilote…

Oui, je vais tourner à partir de septembre pour huit épisodes, alors qu’à la base il devait n’y en avoir que six. Donc c’est finalement un mal pour un bien!

Vos parents travaillent tous les deux dans le monde du spectacle, vous côtoyez donc le théâtre depuis l’enfance. Pourtant, votre vocation d’actrice vous est venue sur le tard. Comment avez-vous «atterrie» sur scène?

Mes parents se sont rencontrés au Grand Magic Circus. Mon père était un artiste, mais a fait beaucoup de métiers différents. Ma mère était une actrice pure et dure. Aujourd’hui, elle enseigne le théâtre et joue à Oslo. Quand j’étais petite, j’allais effectivement beaucoup au théâtre mais je préférais voir ce qui se passait dans les coulisses.

J’aimais bien cet univers, mais ce n’était pas une passion. J’ai fait des études de littérature et d’histoire. Quand j’ai terminé, j’ai réalisé que je ne me voyais pas devenir chercheuse. Alors je me suis inscrite à un stage d’été au cours Florent. Et à partir de là, c’était fini.

Quel est votre premier souvenir au théâtre marquant depuis la première fois que vous êtes montée sur scène?

Au cours Florent, il y avait un double cursus français-anglais que j’ai suivi. J’ai passé une audition pour une pièce en anglais. Je me suis retrouvée directement propulsée en troisième année à jouer le rôle de Nina dans une adaptation de la pièce de La Mouette, d’Anton Tchekhov. Un petit défi!

Votre plus beau souvenir de théâtre?

Le rôle d’Axelle dans «Un petit jeu sans conséquence», pièce écrite par Jean Dell et Gérald Sibleyras, que j’ai jouée avec la compagnie Boulevard des Planches au Théâtre de Ménilmontant en 2006.

«Dans une série comme «Plus Belle à la Vie», c’est l’opposé. On a vingt minutes pour une séquence...»

Les plateaux de tournage et les scènes de théâtre sont deux univers très différents. Comment les décriveriez-vous?

Au théâtre on répète longtemps, on a le temps d’essayer des choses, de faire des brouillons et de les effacer. Une fois sur scène, on peut s’amuser, faire des impros, tout en restant sur les rails, même si je pense que chaque représentation est unique.

Dans une série comme «Plus Belle à la Vie», c’est l’opposé. On a vingt minutes pour une séquence et on en tourne parfois plus de huit par jour. Il faut être au taquet!

Le théâtre vous manque?

Ça me titille un peu d’y retourner, car ça fait huit ans que je ne suis pas montée sur les planches. Mais c’est difficile d’être disponible pour les deux à la fois.

Vous préparez à fond vos rôles. Vous allez même jusqu’à vous immerger dans les univers de vos personnages avant de les interpréter. Quel a été le plus difficile?

Le rôle d’Astrid, dans «Astrid et Raphaëlle», qui est une autiste de haut niveau. C’était presque du somnambulisme. J’ai eu très peu de temps pour me préparer à ce rôle. Heureusement j’avais déjà été au contact d’enfants autistes en animant des ateliers avec mon père. J’ai aussi discuté avec des mamans d’autistes, des associations et des autistes eux-mêmes, notamment au Café Joyeux, à Paris.

Et le plus amusant?

Apprendre à faire des cocktails pour la série «Chefs» (France 2). J’ai joué plusieurs rôles de flics et c’était assez drôle aussi. Une fois, j’ai même menotté un policier dans un commissariat marseillais pour m’entraîner! J’ai aussi passé une journée entière avec des démineurs à Orly. Plonger dans un univers qui ne me concerne en rien me fascine totalement. J’adore apprendre des choses.

Que pensez-vous de l’évolution des séries françaises depuis ces dix dernières années?

Il y a de vraies propositions, mais je trouve qu’on reste plutôt sages, un peu trop dans le politiquement correct. Mais il y a quand même des productions de qualité qui sortent des sentiers battus. C’est précisément ce qui m’a séduite dans «Astrid et Raphaëlle».

Une dans laquelle vous rêveriez de jouer?

Je ferais bien un saut de puce dans «Dix Pour Cent»! A l’époque, j’avais d’ailleurs auditionné pour jouer Andrea, l’agente interprétée par la géniale Camille Cottin…

Que faites-vous de votre temps libre quand vous ne jouez pas?

Ça ne m’est pas arrivé depuis longtemps!(rires) Je suis passionnée de danse, j’ai fait du classique et du modern jazz pendant des années. Mais c’est une discipline exigeante qui nécessite du temps. J’aimerais bien me remettre au moderne-jazz à l’occasion. Sinon, je voyage. J’aime aussi beaucoup lire et aller à des concerts.

Votre mère est norvégienne et une grande partie de votre famille vit là-bas. Vous y retournez souvent?

Quand je peux et que j’ai le temps, oui! Mon fils y passe toutes ses vacances. J’y retourne justement cet été, le premier été que j’ai de libre depuis dix ans!

«J’aime bien l’aspect «oignon», où il faut enlever les couches»

Que pensez vous des séries norvégiennes? Vous avez déjà eu l’occasion de tourner en Norvège?

Les séries norvégiennes sont top, j’adore! Je n’ai pas encore eu l’occasion de tourner là-bas, mais j’ai déjà passé quelques auditions. Cela ne se passe pas du tout comme en France. Les femmes sont naturelles, peu maquillées. On cherche davantage une personnalité qu’un physique. On prend aussi beaucoup plus de temps lors d’une audition. On joue dans un bout de décor et les acteurs sont là pour nous donner la réplique.

Pour revenir à votre carrière en France, vous avez la chance d’incarner des rôles intéressants et très variés…

J’ai effectivement la chance de ne pas avoir d’étiquette, sinon celle d’interpréter des rôles très forts. Des femmes brutes de décoffrage mais fragiles à l’intérieur. J’aime bien l’aspect «oignon», où il faut enlever les couches.

D’autres tournages pour les mois à venir?

J’ai récemment tourné dans la série «Il a déjà tes yeux», de Lucien Jean Baptiste qui sera diffusée sur France 2. Mais à partir de septembre jusqu’à mi-janvier, je vais me consacrer à mille pour cent au tournage d’ «Astrid et Raphaëlle».

Camille Cottin en images

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