Ursula Meier, réalisatrice du «Journal de ma tête».
Kacey Mottet-Klein, incarnant Benjamin Feller, dans «Journal de ma tête».
Fanny Ardant dans le rôle d'Esther Fontanel, dans «Journal de ma tête».
Kacey Mottet-Klein, alias Benjamin Feller, l'ado tourmenté du «Journal de ma tête».
Le parcours de Kacey Mottet Klein, dans «Naissance d’un acteur», d'Ursula Meier.
Ursula Meier et Kacey Mottet-Klein
Ursula Meier, réalisatrice du «Journal de ma tête».
Kacey Mottet-Klein, incarnant Benjamin Feller, dans «Journal de ma tête».
Fanny Ardant dans le rôle d'Esther Fontanel, dans «Journal de ma tête».
Kacey Mottet-Klein, alias Benjamin Feller, l'ado tourmenté du «Journal de ma tête».
Le parcours de Kacey Mottet Klein, dans «Naissance d’un acteur», d'Ursula Meier.
Nommée présidente du jury de la Caméra d’Or au prochain Festival de Cannes, la réalisatrice Ursula Meier était à l'honneur cette semaine sur RTS Un et RTS Deux. Elle a d’abord livré, dans «Naissance d’un acteur», un portrait intime de la carrière fulgurante de Kacey Mottet-Klein, qu’elle a vu grandir sous l’oeil de sa caméra («Home», «L’Enfant d’en Haut»). Le jeune homme est d’ailleurs aussi le héros trouble de «Journal de ma tête», son nouveau film diffusé également cette semaine. Rencontre avec la réalisatrice qui se confie sur ses inspirations, ses projets et les liens qu’elle tisse avec son acteur fétiche.
Bluewin: Votre fiction «Journal de ma tête», qui a été diffusé ce mercredi 4 avril, retrace l’histoire d’un jeune garçon responsable du crime de ses parents, et qui aurait pu être influencé par la littérature que lui a proposé sa professeure, incarnée par Fanny Ardant. Vos héros sont souvent auteurs de méfaits dont on cherche la justification… cette ambivalence vous fascine?
Ursula Meier: Un personnage n’a jamais qu’une couleur, l’être humain est d’une extrême et infinie complexité. Il faut aller chercher au cœur de l’âme humaine, sans la juger, dans ses contradictions et ses zones d’ombre. Sinon on est dans le cliché. C’est vrai que je mets en scène des personnages assez complexes, souvent cabossés par la vie, pour lesquels on peut éprouver au début assez peu d’empathie mais qui, peu à peu, peuvent nous toucher par leur fragilité, leur ambivalence, leurs doutes, leur humanité.
«La télévision suisse permet une liberté totale»
Dans le court-métrage «Naissance d’un acteur» que vous avez réalisé à propos de Kacey Mottet-Klein, on voit l’éclosion de ce jeune acteur suisse. Quels sont ses atouts? Il est devenu votre acteur fétiche?
Il a un talent fou! Ce n’est pas pour rien que j’ai eu un coup de foudre en le découvrant en casting pour «Home» alors qu’il n’avait que 7 ans et demi et n’avait jamais joué auparavant. Il parvient à incarner totalement les personnages, pas simplement les jouer. C’est aussi quelqu’un qui n’a pas peur de prendre des risques, d’aller puiser et chercher au plus profond de lui, dans ses zones troubles. Il se donne tout entier, à 100%, sans limite. C’est aussi une histoire de confiance. Et cette confiance que l’on a l’un pour l’autre est unique, extraordinaire et n’a pas de prix. Et puis Kacey n’a pas peur non plus du travail, parfois de refaire et refaire une scène afin de trouver une vérité par exemple dans l’épuisement de la scène.
Après l’expérience de «Home» j’ai eu envie d’écrire mon film suivant pour lui. Avec ce désir de le voir évoluer à différents âges, de l’observer devenir adulte, de le faire grandir devant la caméra. On se connaît très bien, et il ne faut évidemment pas s’endormir et se conforter dans cette relation de travail, mais continuer de la faire évoluer, à la bousculer sans cesse. Ce qui a été le cas dans «Journal de ma tête» par exemple. Un vrai challenge.
«Bien sûr, j’aurai un peu de pression au moment du festival...»
Vous serez bientôt, au prochain Festival de Cannes, la Présidente du jury de la Caméra d’Or? Quels sont vos objectifs, vos espoirs et vos appréhensions pour ce rôle?
J’espère être à la hauteur! Bien sûr, j’aurai un peu de pression au moment du festival. Mais je serai avec 6 autres jurés et ne vais pas décider seule… C’est pour moi le plus beau jury qu’il puisse y avoir, car il s’agit de premiers films! Il y a donc une vraie prise de risques mêlée à l’innocence des premiers films, innocence qu’il faut - malgré l’expérience acquise - retrouver à chaque film suivant. Chaque œuvre devrait être pour moi vécue comme un premier film. Car il y a une grâce, une énergie, une folie que l’on ne retrouve parfois plus dans les films suivants de cinéastes dont on a tant aimé le premier film. C’est donc pour moi une immense excitation, et beaucoup de curiosité…
Quelles sont vos inspirations et quels sujets souhaiteriez-vous aborder?
Chaque film répond pour moi à une nécessité très profonde. Je ne fais pas un film pour faire un film. C’est un désir fort et fou, qui a une part d’inconscient. Des multiples désirs -d’acteurs, de lieux, de bribes d’histoires…- qui à un moment se court-circuitent, l’alchimie opère et l’idée du film est là. Je travaille actuellement sur trois projets, dont un américain qui est un film de genre.
«En Suisse romande, le cinéma est né à la télévision», une affirmation parue dans un récent hommage au collectif Groupe 5. Qu’en pensez-vous? Quels sont les liens qui relient ces deux supports?
La télévision suisse permet une liberté totale. Ce film, par exemple, n’existerait pas sans la télévision. Il y a une commande de thème, de format, un budget… C’est très cadré et justement c’est très stimulant et très créatif. J’ai toujours aimé les contraintes sinon mon imaginaire part dans tous les sens. Lorsque je n’ai pas de contrainte extérieure alors je me les impose à moi-même afin de ne pas me perdre… C’est l’imaginaire confronté au réel. La télévision permet aussi un possible changement de public. C’est une remise en question de certains acquis et une prise de risques à d’autres endroits.
Vous êtes de nationalité franco-suisse. Où vivez-vous aujourd’hui?
Entre Lausanne, les montagnes au-dessus de Montreux et Bruxelles. J’aime la douce folie belge mélangée au calme suisse. Rien ne m’apaise autant que la beauté des paysages en Suisse. Il y a un parfait équilibre avec le côté décalé, surréaliste et plein d’humour de la Belgique.
On sait assez peu de choses concernant votre vie personnelle. Pourquoi?
Je pense que ça n’intéresse personne… Mais il y a de beaucoup de moi dans mes films, non pas de façon littérale et factuelle, mais il y a une énorme part de mon inconscient!
A voir ou revoir: «Naissance d’un acteur» et «Journal de ma tête», troisième volet de la série de téléfilms «Ondes de choc». Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.
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