Cinéma «Zwingli» un théologien sous-estimé

ATS

20.3.2019 - 09:05

Le réalisateur Stefan Haupt pense que l'exemple de Zwingli devrait inspirer l'Eglise aujourd'hui (archives).
Le réalisateur Stefan Haupt pense que l'exemple de Zwingli devrait inspirer l'Eglise aujourd'hui (archives).
Source: KEYSTONE/GAETAN BALLY

Le film «Zwingli» retrace une épopée de l'histoire religieuse de la Suisse. Rencontre avec son réalisateur, Stefan Haupt, pour qui le réformateur zurichois est encore trop souvent complètement sous-estimé.

Lancé depuis la mi-janvier dans les salles obscures de Suisse alémanique, le long-métrage sortira le 27 mars sur les écrans romands. Il a également été présenté fin janvier aux 54e Journées de Soleure dans la catégorie du «Prix du public».

Le film a été tourné dans le Grossmünster de Stein am Rhein (SH) et en Allemagne. Ce portrait ne se limite pas aux réformes introduites par Zwingli. Il retrace surtout le parcours du réformateur d'Einsiedeln à Zurich, son caractère et son histoire d'amour avec la veuve Anna Reinhart qui deviendra sa femme et qui l'incitera à abolir le célibat des prêtres.

Une grosse production

«Zwingli» s'apparente à une grosse production pour la Suisse: il a nécessité six millions de francs de budget et trois ans de tournage. L'idée de départ ne vient pas de Stefan Haupt. Elle émane du réalisateur allemand Mario Krebs qui voulait à l'origine faire un film sur Katharina Luther puis a découvert au détour de ses recherches la figure de Zwingli.

«On pense en général que tout ce qui se rapporte à la réforme à Zurich est dénué d'humour et empreint d'une grande pudeur». Le film dépeint au contraire Huldrych Zwingli comme un homme joyeux et plein d'esprit, un prêtre proche du peuple, à l'aise à la taverne, époux passionné.

Un érudit proche du peuple

L'enthousiasme du réalisateur pour le théologien n'est pas le fait du hasard. Le Zurichois de 57 ans a grandi dans une famille où la religion jouait un grand rôle. Adolescent, il s'est intéressé de près à la foi. Ce n'est qu'à l'âge adulte que l'Eglise est devenue pour lui un «corset trop étroit». «Je crois que nos racines nous influencent beaucoup plus que ce que nous pensons», estime Stefan Haupt.

Zwingli lui-même a montré une soif d'apprendre incroyable: ce fils d'un maire de commune a étudié à Berne, Bâle et Vienne, savait jouer de plusieurs instruments de musique et maîtrisait de nombreuses langues. Le cinéaste a ainsi pu tenir dans ses mains des traductions de passages bibliques où figurent en parallèle les versions en hébreu, en grec, en latin et en allemand.

Le réformateur ne s'est pas contenté de traduire la Bible, il s'est aussi beaucoup investi dans l'alphabétisation de manière à rendre les livres accessibles aux croyants.

Un modèle

Stefan Haupt voit Zwingli comme un habitué de la Cité qui avait gardé le sens des réalités. «Le théologien avait choisi de s'engager pour les plus faibles et appliquait à lui-même ce qu'il prêchait, contrairement à bon nombre de ses coreligionnaires».

Réaliser ce film tenait de la gageure: il fallait raconter Zwingli de manière à plaire à un large public en évitant l'exégèse théologique. Un défi relevé apparemment avec succès puisqu'il a reçu des commentaires positifs autant de la part de théologiens que des exploitants de salles de cinéma.

Des doutes

Le réalisateur n'a pas voulu créer un mythe autour de l'homme d'Eglise. «C'était un homme aux prises avec ses doutes, en lutte avec des ambivalences très fortes et à la recherche de la meilleure voie». Le film montre par exemple le traitement que Zwingli a réservé aux anabaptistes: il n'entrevoyait aucun autre choix que la guerre pour sauver la nouvelle religion. L'homme n'était pas sans failles.

Stefan Haupt est relativement peu connu en Suisse romande. Il avait obtenu un certain succès en 2014 avec «Le Cercle», un film qui revenait sur l'histoire d'un couple gay en Suisse dans les années 1950 et 1960. Il avait obtenu plusieurs distinctions dont le meilleur documentaire/essai à la Berlinale.

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