En 2023, on fête les 40 ans de morceaux-déclics pour des artistes: «Holiday» marque l'arrivée d'une certaine Madonna, tandis que «Sunday Bloody Sunday» plonge U2 entre succès commercial et tensions politiques irlandaises.
Madonna au Festival de Cannes, le 16 mai 1991
Bono, leader de U2, en concert à Montréal le 9 juillet 2011
David Bowie (à gauche) lors de la présentation du film "Merry Christmas Mr Lawrence" de Nagisa Oshima (à droite), le 11 mai 1983 au Festival de Cannes
Il y a 40 ans, Madonna déboule et U2 détonne - Gallery
Madonna au Festival de Cannes, le 16 mai 1991
Bono, leader de U2, en concert à Montréal le 9 juillet 2011
David Bowie (à gauche) lors de la présentation du film "Merry Christmas Mr Lawrence" de Nagisa Oshima (à droite), le 11 mai 1983 au Festival de Cannes
. U2, le «Dimanche Sanglant»
Pour «Sunday Bloody Sunday», Bono, leader de U2, rend hommage à son batteur Larry Mullen dans son autobiographie «Surrender».
Le roulement martial de batterie ouvre idéalement ce morceau évoquant le «Dimanche Sanglant», un des jours les plus sombres du conflit nord-irlandais. Le dimanche 30 janvier 1972, à Londonderry (les habitants préfèrent dire Derry, Londonderry étant synonyme de domination britannique), des parachutistes britanniques ouvrent le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant 13 morts. Décédé plus tard d'une autre cause selon l'enquête officielle, un blessé ce jour-là est considéré par les familles comme le 14e mort du «Bloody Sunday».
Ce titre vaut des menaces au groupe irlandais, venues «des gens des deux côtés du fossé sectaire», mentionne Bono. Mais ce hit, sur le 3e album «War», fait surtout de U2 une machine à remplir les stades.
. Madonna, «qu'on ne voit pas arriver»
En 1983 paraît l'album «Madonna» d'une inconnue du même nom, avec un premier tube «Holiday». «On voit arriver cette chanteuse... qu'on ne voit pas arriver, peu de gens imaginent ce qu'elle va devenir», expose à l'AFP Eric Jean-Jean, animateur de «Bonus Track», émission sur les coulisses des chansons sur la radio RTL.
L'histoire est en marche. «Elle a déjà les crocs, sait ce qu'elle veut», résume le co-auteur du livre «60 ans de musique pop». A l'époque, comme le dit Eric Jean-Jean, Madonna «ne maîtrise rien sur la production». En 1984, elle choisira Nile Rodgers, guitariste de Chic, pour produire son deuxième album, «Like A Virgin», celui de l'explosion internationale. Rodgers, pas choisi au hasard, vient de produire «Let's Dance» de David Bowie.
. Bowie danse enfin au son du succès
«Il comptait sur moi pour lui faire un son susceptible de plaire au plus grand nombre», raconte Rodgers au sujet de sa rencontre avec Bowie dans un bar de New York dans «David Bowie: Rainbowman», ouvrage de référence de Jérôme Soligny.
Avec «Let's Dance», album porté par la chanson du même nom, «Bowie, qui avait un public resserré, se retrouve dans la tourmente d'un énorme succès, avec des fans de la première heure qui lui reprochent d'être devenu grand public», développe Eric Jean-Jean.
Quand Bowie fait entendre pour la première fois la chanson «Let's Dance» à Rodgers, «grattée comme ça, à la guitare sèche, elle n'avait rien d'un tube». «Mais il était convaincu que c'en était un», se souvient-il.
. New Order, déprime et jackpot
New Order, groupe né des cendres de Joy Division après le suicide de son leader Ian Curtis, entre dans les charts sans le vouloir, contrairement à Bowie.
«Blue Monday», avec un texte cafardeux et un format de près de huit minutes inadapté en radio, devient le maxi 45 tours le plus vendu de l'histoire.
«Le truc est un ovni, c'est de la musique électronique d'un groupe de rock tendance new wave», décrit l'animateur de «Bonus Track».
«Je suis nul avec le fric (...) +Blue Monday+ n'était qu'un clou de plus dans le cercueil», retient le bassiste du groupe Peter Hook dans son livre «Substance».
. Un Depeche Mode très Gore
«Everything Counts» marque une révolution chez Depeche Mode. C'est la première fois que Dave Gahan, le chanteur, ne s'occupe que des couplets, le refrain revenant à Martin Gore, multi-instrumentiste.
«A l'époque, c'est Martin Gore qui fait les chansons et Dave Gahan qui les chante», raconte Eric Jean-Jean. «Là, Martin Gore a découvert ce qu'on appelle la musique industrielle allemande et avec ce morceau la new wave se met à la politique, sur fond d'Angleterre thatchérienne, et dénonce la course au profit permanent», conclut l'animateur radio.