Gérer le matériel, le son, l'éclairage, la scène, les répétitions, les exigences des stars: le directeur de production Marco Güntensperger orchestre depuis 10 ans la préparation des concerts à l'Auditorium Stravinski pour le Montreux Jazz Festival (MJF). «Chaque jour, c'est un nouveau jeu de Lego à assembler», décrit-il.
Dans les coulisses de la production de l'Auditorium Stravinski avec Marco Güntensperger
Il se charge de produire les concerts de l'Auditorium Stravinski dans le cadre du Montreux Jazz Festival. Avec son équipe d'une quarantaine de personnes, Marco Güntensperger gère la logistique et la planification des deux productions musicales qui ont lieu chaque soir durant les deux semaines du festival. Entre gestion des instruments, des lumières ou encore des demandes spéciales des artistes.
08.07.2023
Le Zurichois de 54 ans a commencé dans la branche en 1992 auprès de «Good News Productions», le plus gros organisateur de concerts de Suisse. «J'étais ami de longue date avec Claude Nobs. Il m'a demandé de travailler comme producteur pour le MJF, un an avant sa mort», raconte-t-il dans une interview accordée à Keystone-ATS.
Depuis 2013, le responsable s'occupe avec une équipe de 40 personnes de la planification technique et logistique des concerts au mythique Auditorium Stravinski, soit 31 pour cette édition. «Cette année, je n'ai pas participé aux quatre premières soirées, car j'étais en tournée avec Bruce Springsteen», poursuit celui qui s'occupe également des Rolling Stones.
Adapté à chaque groupe
Alors que ses collaborateurs montent un rideau bleu roi sur la scène, ouvrent les malles et étuis contenant le matériel des musiciens, Marco Güntensperger souligne que «chaque artiste qui joue ici bénéficie d'une organisation sur mesure».
«Et il n'y a qu'une journée pour le faire. Notre équipe rencontre celle du musicien ou du groupe vers 11h00. L'après-midi, place au 'réglage du son' et aux répétitions. A 20h30, tout doit être prêt, peu importe la manière».
«C'est comme construire un nouveau Lego tous les jours», illustre le responsable. «Chaque soir, on démonte tout et on remonte le lendemain».
Tout un méli-mélo
Le matériel doit lui aussi être combiné, ajoute-t-il. Le MJF dispose d'un kit d'installation fixe en termes d'audio et d'éclairage. Mais chaque groupe apporte son propre équipement. «Nous devons calculer le poids, voir comment cela s'imbrique».
Il a fallu mercredi soir, par exemple, caser sur le plateau une monumentale structure gonflable (une énorme silhouette bien en chair couchée sur le côté, ndlr) pour le concert de Sam Smith. Mardi soir, c'était un cheval de trois mètres de haut, extrêmement lourd, que l'équipe a dû installer pour le rappeur Lil Nas X, rit Marco Güntensperger.
Autre problématique à régler: le fait que deux groupes se succèdent chaque soir sur scène. «Le matériel du premier doit être intégré dans l'agencement du deuxième», explique le responsable.
Exigences des stars
Les équipements, eux, arrivent dans de simples camionnettes ou dans d'énormes 40 tonnes, suivant l'artiste. «Situé au premier étage, l'auditorium n'est pas le lieu le plus facile, question logistique», relate le quinquagénaire: des tonnes de matériel doivent être acheminées par un vieil ascenseur fatigué.
Quant aux instruments, certains veulent les leurs, d'autres prennent le matériel du Stravinski. «Nous avons par exemple un excellent coordinateur qui s'occupe uniquement des pianos», poursuit le producteur. Pour les concerts de Chilly Gonzales et Sofiane Pamart, il a dû faire venir d'Allemagne des pianos extrêmement précieux, très lourds, de près de 5 mètres de long d'une marque germanique très rare, narre-t-il.
Enfin,certains artistes veulent répéter ailleurs, à l'instar cette année de Sam Smith, qui donnait à Montreux le premier concert de la tournée: le Britannique a voulu répéter au Casino, avec la même configuration que sur scène. Idem pour Jon Batiste dans un hôtel de la place.
Prince hyper perfectionniste
La production doit également répondre aux exigences des stars, aussi folles soient-elles, sur scène, comme dans les loges ou en matière de nourriture, de vin, de sofa ou d'habillement, décrit-il. Elle s'occupe également de sécurité, en partenariat avec celle des artistes.
Interrogé sur une anecdote qui l'a marqué, le responsable évoque Prince. Lors de son dernier passage à Montreux, où il jouait deux soirs de suite, il a voulu voir l'intégralité de l'enregistrement de son premier concert.
«Jusqu'à 4 heures du matin, nous avons passé en revue chaque plan. Hyper perfectionniste, il dictait à son assistant des corrections pour le lendemain, demandant», ah ici plus de lumière, ah, ici plus de bleu. «C'était fou», glisse-il, avant de filer organiser la suite de la journée.