Faits divers Du vin dans votre gel hydroalcoolique: la France commence à distiller les excédents de la crise

AFP

4.6.2020 - 15:54

Les viticulteurs français vont commencer de distiller à partir de vendredi quelque 2 millions d'hectolitres de vin non vendu en raison de la baisse de consommation durant le confinement, afin de fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique
Les viticulteurs français vont commencer de distiller à partir de vendredi quelque 2 millions d'hectolitres de vin non vendu en raison de la baisse de consommation durant le confinement, afin de fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique
Source: AFP/Archives

Les viticulteurs ont payé un lourd tribut à la Covid-19, en particulier les producteurs de champagne. A partir de vendredi, ils vont commencer à distiller quelque 2 millions d'hectolitres de vins non vendus afin de fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique.

«Dès demain, les 33 distillateurs agréés en France pourront collecter du vin et distiller», a déclaré jeudi Didier Josso, le délégué de la filière vins de l'organisme FranceAgriMer qui gère les marchés agricoles, lors d'une visioconférence de presse.

La mesure exceptionnelle, permise par Bruxelles et financée sur fonds publics européens, doit s'étendre jusqu'au 15 octobre. Il s'agit en particulier de libérer de la place dans les caves avant les prochaines vendanges.

Confrontés à une crise historique due à la chute de la consommation durant le confinement et à la baisse des exportations notamment vers les Etats-Unis, les professionnels ont estimé les besoins en distillation à trois millions d'hectolitres.

Les fonds débloqués devraient permettre de traiter deux millions d'hectolitres, à raison de 78 euros d'indemnisation pour un hectolitre de vin sous appellation et 58 euros/hl pour un vin sans indication géographique, a indiqué M. Josso.

Chaque viticulteur qui le souhaite a jusqu'au 19 juin pour souscrire le volume qu'il souhaite distiller auprès de son distillateur local, a-t-il précisé. FranceAgriMer indemnisera les distillateurs qui seront chargés de répercuter les aides sur les producteurs.

Tous les vins de tous les bassins sont potentiellement éligibles, à l'exception des vins sans indication géographique de Bourgogne, Beaujolais, Alsace, Savoie, Jura, Charente et Cognac, qui représentent néanmoins de faibles volumes.

Les deux autres grands pays producteurs viticoles, l'Espagne et l'Italie, ont recours à des mesures similaires pour réguler les excédents, ainsi qu'à des «vendanges en vert», c'est-à-dire des destructions de grappes immatures sur les ceps, que la France ne subventionne pas.

L'alcool issu de la distillation de crise est exclusivement réservé à l'industrie, pour la fabrication de bioéthanol, ou pour la pharmacie et les cosmétiques notamment pour la production du gel hydroalcoolique utilisé pour freiner la transmission de l'épidémie, et «en aucun cas à la fabrication de spiritueux», a précisé M. Josso.

- Champagne et cidre: les bulles victimes de la covid -

Alors que les ventes de produits de grande consommation ont fait un bond de 8,9% en grande distribution sur les huit semaines du confinement (source IRI), les ventes du rayon «liquide» ont baissé de 3% par rapport à la même période de 2019. En janvier-février, les ventes de vin non effervescents avaient déjà baissé de 4,9%, selon les statistiques présentées par FranceAgriMer.

Payant le prix de semaines anxiogènes et peu festives, les plus touchés par la crise sont les effervescents: du 6 janvier au 26 avril, il s'est vendu en France 36 millions de «cols» (bouteilles), soit 17% de moins qu'en 2019, pour un chiffre d'affaires en recul de 20% à 245,8 millions d'euros.

Le repli des bulles est général pour les champagnes, crémants et pétillants, et même les cidres, mais les effervescents étrangers, dont le prosecco italien, ont «mieux résisté» à la crise, a noté FranceAgrimer.

Le champagne a pris la Covid de plein fouet avec une chute hebdomadaire des ventes allant jusqu'à 64% au creux du confinement, pas du tout compensée par un petit rebond de 3% la semaine du déconfinement.

Outre les viticulteurs, FranceAgriMer a aussi réuni les cidriculteurs qui demandent également un plan de soutien, d'un montant global de 22 millions d'euros comportant des exonérations de charges, une communication de crise et une distillation de 200.000 hl, ainsi qu'un retrait de 100.000 tonnes de pommes à cidre du marché. «On espère un plan dans les jours qui viennent», a indiqué M. Josso.

Outre la région Occitanie qui a annoncé la semaine dernière un plan de soutien de 14 millions d'euros à sa viticulture, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence a aussi annoncé jeudi un plan de 1,2 million d'euros pour compenser une baisse d'activité de «l'ordre de 30%«.

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