Politique monétaireBNS : le scénario du statu quo s'imposera ?
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11.12.2023 - 14:44
La Banque nationale suisse (BNS) annoncera jeudi sa décision de politique monétaire et tout indique que c'est le scénario du statu quo qui s'imposera. Car l'inflation a nettement reculé ces derniers mois.
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11.12.2023, 14:44
ATS
Les prévisions des économistes sont unanimes. Lors de sa prochaine séance, les gardiens de la monnaies devraient maintenir leur taux de référence inchangé à 1,75%. En septembre, ils étaient encore une majorité à tabler sur un nouveau relèvement et avaient été pris de court par la décision des banquiers centraux de maintenir le taux inchangé.
Depuis juin 2022, le taux de référence, alors de -0,75%, a été relevé en cinq étapes au niveau actuel, mettant fait à la longue période de taux négatifs.
Qui sera le premier?
Si en septembre le marché craignait encore des hausses de taux, le recul de l'inflation observé aux Etats-Unis, en Europe et même en Suisse ont renversé la situation. Car la BNS a pour objectif de garantir la stabilité des prix, or l'inflation a reculé à 1,4% en novembre, après 1,7% en octobre.
L'objectif à long terme de la banque centrale est un taux d'inflation compris entre 0 et 2%. Les marchés se demandent donc quelle banque centrale sera la première à abaisser ses taux l'an prochain. Car du côté des obligations, les rendements ont en effet déjà entamé leur recul.
«L'inflation en Suisse en novembre exclut une nouvelle hausse», écrit Daniel Lüchinger de la Banque cantonale de Grisons. L'analyste ne prévoit pas pour autant une baisse rapide, car l'inflation est encore d'actualité au niveau des loyers. D'autre part, le renchérissement n'a dépassé le taux de 1% que sur cinq des 27 dernières années, ce qui signifie que la BNS préfère un taux dans la moitié inférieure de sa fourchette de stabilité.
Les avis sont en revanche nettement plus partagés pour la suite des opérations. Chez Capital Economics, Adrian Pettejohn prédit une première baisse en mars, avec à la clé une inflation de 1% en 2024.
Ses confrères Felix Hüfner d'UBS et Richard Moser d'Axa Investment Managers ne prévoient par contre pas de décision avant juin, voire septembre. «Compte tenu du fléchissement de l'économie suisse, nous nous attendons à ce que la BNS maintienne son taux directeur jusqu'au second semestre 2024», résume UBS dans le dernier numéro de sa publication «Investir en Suisse». «Nous ne prévoyons pas de baisse des taux directeurs avant le second semestre de l'année prochaine», écrivent les économistes.
Pour Thomas Stucki, de la Banque cantonale de Saint-Gall, il faudra même attendre 2025 pour voir la BNS abaisser son taux. «Celle-ci n'a actuellement aucune raison de ramener son taux, qui, à 1,75%, est loin d'être élevé et ne freine nullement la conjoncture».
Il est en revanche possible que la BNS ajuste ses prévisions d'inflation et modifie le choix des mots utilisés dans ses interventions sur le marché des devises.
Jusqu'ici, la BNS privilégiait un franc fort, y compris pour lutter contre l'inflation importée, et était prête à vendre des devises pour le soutenir. Les experts estiment désormais que cet instrument pourrait perdre en importance.
A l'étranger aussi
A l'instar de la BNS, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) devraient confirmer le statu quo. «Le calme de la politique monétaire avant Noël ne devrait pas être troublé», écrit ainsi Allianz Global Investors.
Dans le contexte des dernières données sur l'évolution des prix, le choix des mots employés par Jerome Powell et Christine Lagarde sera scruté de près. Ceux-ci devraient tout faire pour pouvoir maintenir les taux à leur niveau actuel aussi longtemps que possible.
«Ceux qui donnent trop rapidement des signaux de fin d'alerte sur le front des prix alimentent non seulement le fantasme d'une baisse des taux, mais aussi les attentes inflationnistes», avertissent encore les analystes d'Allianz Global Investors.