«C'est un choc, une déception» Le cigarettier BAT pourrait fermer le site de Boncourt

js, ats

27.10.2022 - 17:17

British American Tobacco Switzerland (BAT) envisage de transférer la totalité de la production du site jurassien de Boncourt vers d’autres usines en Europe. Le gouvernement jurassien déplore cette nouvelle qui représente un coup dur pour le canton.

Un désengagement du site de Boncourt par BAT est prévu (archives).
Un désengagement du site de Boncourt par BAT est prévu (archives).
ATS

js, ats

Pour le maire de Boncourt, Lionel Maitre, «C'est un choc, une déception, un sentiment de désolation et de gâchis», a-t-il dit au 19h30 jeudi sur la RTS.

«Le canton va suivre ce dossier pour s'assurer que le plan social soit exemplaire pour l'ensemble des collaboratrices et collaborateurs», a dit pour sa part le conseiller d'Etat jurassien Jacques Gerber.

Le gouvernement, qui a été informé de l'ouverture d'une procédure de consultation de quatre semaines, «fera en sorte de défendre les intérêts jurassiens et ceux des employés dans la phase de consultation qui s’ouvre», a-t-il indiqué jeudi dans un communiqué.

L’annonce de BAT laisse entrevoir un désengagement du site jurassien. Elle «a suscité la surprise et la déception du gouvernement jurassien au regard de l’importance historique de l’entreprise pour le canton».

Selon le site internet du groupe, BAT emploie plus de 360 personnes en Suisse, entre Boncourt où il y a le siège principal et le site de production et les bureaux commerciaux de Lausanne. Selon la RTS, l'usine compte actuellement quelque 220 employés, dont environ la moitié de frontaliers.

Fondée en 1814 par la famille Burrus, l'usine est passée aux mains de Rothmans International en 1996. Cette dernière a fusionné avec la multinationale British American Tobacco (BAT) en 1999, qui en a fait son siège principal en Suisse. Elle produit depuis 1887 les fameuses cigarettes suisses «Parisienne», 2e marque la plus vendue dans le pays.

Rentrées fiscales

En janvier 2014, le département recherche et développement de BAT avait déjà fermé son usine-pilote à Boncourt, avec une quinzaine de suppressions d'emplois à la clé. Le groupe avait toutefois célébré en mai de la même année les 200 ans d'activités du site de production.

Les festivités, marquant ce bicentenaire, avaient permis aux orateurs de rappeler le lien indéfectible entre la dynastie Burrus et le village frontalier de Boncourt. «La famille Burrus a laissé son empreinte sur la vie économique et sociale de Boncourt et de sa région», avait souligné Charles Juillard, ancien président du gouvernement jurassien.

L'économie locale dépend fortement du site de production. Les rentrées fiscales de l'usine BAT, dont le siège se trouve aussi à Boncourt, profitent au village et au reste du canton. «Le développement de Boncourt est étroitement lié à l'évolution de l'usine Burrus et maintenant BAT», avait expliqué l'ancien maire de ce village ajoulot, André Goffinet, lors du bicentenaire.

D'origine alsacienne, la famille Burrus s'installe au début du 19e siècle dans la région jurassienne. En 1814, Martin Burrus fonde la fabrique de tabac (tabac à pipe et tabac à chiquer). C'est en 1886 que débute la fabrication de cigarettes. Une année plus tard est lancée la marque «Parisienne».

Les membres de cette dynastie familiale vont diriger tour à tour l'entreprise. Ce ne sont ainsi pas moins de six générations qui se sont succédé à la tête de la société jusqu'à sa vente au groupe néerlandais Rothmans International en 1996.