France Caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo

ATS

1.9.2020 - 15:59

«Nous ne renoncerons jamais»: Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet qui en avaient fait une cible des djihadistes, à la veille de l'ouverture du procès de l'attentat qui avait décimé sa rédaction début 2015.

«La haine qui nous a frappés est toujours là et, depuis 2015, elle a pris le temps de muer, de changer d'aspect pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable», écrit le directeur de l'hebdomadaire satirique, Riss, dans le numéro dont la couverture reprend ces caricatures, en kiosques mercredi et accessible en ligne mardi.

Face à cette haine et à la crainte qui l'accompagne, «nous ne renoncerons jamais», ajoute-t-il. Ces douze dessins avaient été publiés initialement par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005, puis repris par Charlie Hebdo en 2006. Ils montrent le prophète portant une bombe au lieu d'un turban ou en personnage armé d'un couteau flanqué de deux femmes voilées de noir.

«Une bonne raison»

Outre ces caricatures danoises, la Une du prochain Charlie Hebdo, sous le titre «Tout ça pour ça», reproduit également une caricature du prophète signée par son dessinateur Cabu, assassiné dans l'attentat du 7 janvier 2015.

«On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d'autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu'il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat», ajoute la rédaction dans un article publié au sein du même numéro.

- Une publication «indispensable» -

«Reproduire cette semaine de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable», ajoute-t-elle. Pour elle, ces dessins ont valeur de «pièces à conviction» pour ses lecteurs et les citoyens dans leur ensemble.

Le procès de l'attentat djihadiste contre Charlie Hebdo, qui avait fait 12 morts le 7 janvier 2015, suivi des attaques qui ont ciblé une policière à Montrouge et un supermarché casher ce mois-là, s'ouvre mercredi à Paris et durera jusqu'au 10 novembre pour juger quatorze accusés.

Ces caricatures avaient provoqué, quelques mois après leur publication initiale au Danemark, des manifestations violentes dans plusieurs pays musulmans et leur reprise par l'hebdomadaire français lui avait valu à l'époque de nombreuses critiques. Le journal avait publié par la suite d'autres caricatures du prophète.

La représentation des prophètes est strictement interdite par l'islam sunnite et ridiculiser ou insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans.

Mardi, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui a appelé à «ignorer» ces caricatures et à penser aux victimes du terrorisme. «Rien ne saurait justifier la violence», a ajouté M. Moussaoui, appelant à se concentrer sur le procès. «Les caricatures, nous avons appris à les ignorer et nous appelons à garder cette attitude en toute circonstance», a-t-il déclaré à l'AFP.

Plusieurs figures de Charlie Hebdo ont perdu la vie dans l'attentat du 7 janvier 2015, dont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, provoquant un mouvement de soutien sans précédent en faveur du journal satirique en France et à l'étranger.

La dernière caricature de Mahomet publiée par le journal avait figuré en Une du numéro suivant. Elle montrait le prophète portant une pancarte «Je suis Charlie», accompagné du titre «Tout est pardonné».

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