Credit Suisse Les départs s'enchaînent mais des fidèles restent

lk

24.5.2023 - 10:40

Après avoir souffert d'importantes sorties de fonds, Credit Suisse doit faire face à une vague de départs de collaborateurs et collaboratrices. Malgré les incertitudes, certains employés ont cependant pris la décision de rester dans l'établissement chancelant, en voie d'absorption par le concurrent UBS.

Il est difficile de quantifier la vague de départ des collaborateurs et collaboratrices de Credit Suisse en cours, différents établissements bancaires annonçant régulièrement avoir recruté du personnel de la banque aux deux voiles.
Il est difficile de quantifier la vague de départ des collaborateurs et collaboratrices de Credit Suisse en cours, différents établissements bancaires annonçant régulièrement avoir recruté du personnel de la banque aux deux voiles.
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Keystone-SDA, lk

«Le marché est inondé par des curriculum vitae en provenance de Credit Suisse. Ceux qui peuvent partent, mais certains cadres occupant des positions clés préfèrent rester, car ils savent que Credit Suisse a besoin d'eux. Toutefois, la peur de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain est bien là», a fait remarquer à l'agence AWP un banquier sous couvert d'anonymat.

L. M. (nom d'emprunt) est une cadre de Credit Suisse toujours en poste. Elle n'est pas non plus à la recherche d'un autre poste, du moins actuellement. Des raisons familiales et professionnelles animent la décision de celle qui dirige une équipe basée en Suisse et à l'étranger.

«En partant maintenant, je perdrais une grande partie de mon bonus de 2022», confie-t-elle à AWP. Lors de la perception de leur bonus, les employés de Credit Suisse s'engagent à rester au sein de l'établissement pour une période de trois ans, sans quoi ils doivent rembourser la totalité du montant reçu.

«Aux Etats-Unis, les banques qui débauchent sont prêtes à payer ce bonus perdu lors du recrutement, mais en Suisse cette pratique est moins courante à moins d'être à un poste très senior», explique-t-elle.

Attendre les annonces

«Je peux aussi défendre les postes des personnes faisant partie de mon équipe mieux que quiconque en restant», relève la responsable impliquée directement dans le processus d'intégration en cours. «Tout comme la plupart de mes collègues, je ne considère pas la fusion comme la meilleure solution retenue, mais je suis persuadée que cette opération peut offrir des opportunités», affirme-t-elle.

Tout en étant convaincue d'avoir pris la meilleure décision en restant, L. M. fait remarquer qu'en raison des incertitudes qui pèsent sur les postes qui seront supprimés lors de la fusion, une ambiance «très compétitive» règne actuellement parmi les collaborateurs de la banque aux deux voiles. «Il y a pas mal de rétention d'information et chacun veut se faire voir sous son meilleur jour.»

A. W. (nom d'emprunt) est également un employé de Credit Suisse qui préfère pour le moment attendre que des annonces concrètes sur les suppressions de postes soient faites avant de postuler ailleurs.

«Après l'annonce du rachat, il y avait beaucoup d'incertitudes et nous ne savions pas s'il fallait arrêter de travailler sur les nouveaux projets, mais la situation s'est quelque peu améliorée», déclare-t-il à AWP.

«Maintenant, nous avons eu le feu vert pour continuer à développer les nouveaux projets et nous sommes à la recherche de nouveaux collaborateurs. Dans notre équipe, personne n'est parti pour le moment», poursuit A. W., précisant que la situation varie beaucoup d'une division à une autre au sein du groupe bancaire. Selon l'employé, les départs sont beaucoup plus nombreux dans les divisions gestion de fortune et d'actifs.

Les autres banques débauchent

«C'est le moment opportun pour les autres banques de renforcer leurs effectifs avec ceux qui désirent quitter Credit Suisse», renchérit un autre spécialiste du secteur bancaire. Au cours des dernières semaines, des banques ont officiellement annoncé avoir recruté certains employés de la banque aux deux voiles. Lombard Odier a ainsi débauché le directeur de l'investissement de Credit Suisse, Michael Strobaek. Le dirigeant rejoindra la banque genevoise à partir du 1er novembre, également en qualité de directeur pour l'investissement pour les activités de clientèle privée.

Sur la cinquantaine de gérants de fortune recrutés par la banque privée zurichoise EFG au cours du premier trimestre 2023, 30 à 40% proviennent de l'établissement en voie de reprise par UBS. «Et d'autres vont venir», prédit Alexander Classen, président d'EFG Private Bank, dans une interview publiée dans le journal Le Temps.

Le gestionnaire de fortune Julius Bär a aussi communiqué avoir recruté des conseillers à la clientèle, une quarantaine d'équivalents temps plein, soutenu «par les récentes turbulences ailleurs dans le secteur», une référence voilée aux déboires de Credit Suisse. Les embauches devraient se poursuivre dans le courant de l'année et favoriser l'arrivée de nouveaux capitaux, soutient le groupe zurichois.

Il est difficile de quantifier la vague de départ des collaborateurs et collaboratrices de Credit Suisse en cours, différents établissements bancaires annonçant régulièrement avoir recruté du personnel de la banque aux deux voiles.

UBS et Credit Suisse espèrent finaliser le rachat d'ici fin mai/début juin, diverses autorités réglementaires ayant déjà donné leur feu vert à l'opération. Il n'est cependant pas encore clair quand les banques communiqueront sur les coupes dans les effectifs.

Selon le journal dominical Sonntagszeitung, les deux groupes fusionnés, qui comptent ensemble environ 123'000 postes, envisageraient de supprimer 20% à 30% des emplois.