Elon Musk, déjà principal actionnaire de Twitter avec un peu plus de 9% de son capital, veut désormais s'emparer de l'intégralité de l'entreprise et la retirer de Wall Street, dans l'idée affichée d'en faire «la plateforme de la liberté d'expression dans le monde».
Un portrait d'Elon Musk et son compte Twitter sur l'écran d'un smartphone, le 14 avril 2022 à Washington
Elon Musk déterminé à racheter et transformer Twitter, coûte que coûte
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Un portrait d'Elon Musk et son compte Twitter sur l'écran d'un smartphone, le 14 avril 2022 à Washington
Elon Musk déterminé à racheter et transformer Twitter, coûte que coûte
Son offre, qui valoriserait Twitter à 43,4 milliards de dollars, contre environ 36 milliards à l'heure actuelle, intervient après deux semaines de péripéties entre l'homme le plus riche au monde et le réseau social, et soulève de nombreuses questions sur ses intentions et l'avenir de l'oiseau bleu.
«Je propose d'acheter 100% de Twitter au prix de 54,20 dollars par action en numéraire», a indiqué le patron de Tesla dans un document transmis mercredi au gendarme boursier américain, la SEC. Le conseil d'administration du groupe californien a répondu «examiner avec attention» cette offre.
Elon Musk a déclaré jeudi avoir des «fonds suffisants», assuré qu'il avait un plan B si l'acquisition échouait, et aussi qu'il ne cherchait pas à «faire de l'argent», lors d'une interview en direct à la conférence Ted2022.
«J'ai juste une forte intuition qu'avoir une plateforme publique, largement inclusive, en laquelle on puisse avoir confiance, est extrêmement important pour le futur de la civilisation», a-t-il détaillé.
Dans sa lettre officielle, le milliardaire précise que c'est «sa meilleure offre et son offre finale» et menace de «réexaminer sa position d'actionnaire» au sein du réseau social.
«Débloquer le potentiel»
Très actif sur Twitter où il compte près de 82 millions d'abonnés, Elon Musk a fait une entrée remarquée au capital de l'entreprise en début de semaine dernière en acquérant 73,5 millions d'actions ordinaires de la société.
Il s'est vu offrir un siège au CA mais l'a finalement refusé dimanche, après une série de suggestions pour modifier la plateforme, comme l'ajout d'un bouton «éditer» ou encore le retrait des publicités, principale source de revenus de Twitter.
Il a aussi enchaîné les tweets désobligeants, se demandant si le réseau des gazouillis était «en train de mourir» parce que certains comptes très suivis postent peu, ou proposant que le siège du groupe à San Francisco soit transformé en centre d'accueil pour les sans-abri.
Sa priorité, a-t-il dit jeudi lors de l'interview, serait d'éliminer les spams et arnaques. Mais surtout, il veut rendre la modération des contenus plus transparente, pour que les tweets ne soient plus «mystérieusement promus ou rétrogradés».
Adepte des polémiques, provocations et blagues douteuses, il prône une vision plus large de la liberté d'expression. «En cas de doute, laissons le tweet exister», a-t-il affirmé, avant de reconnaître qu'il n'avait «pas toutes les solutions».
De nombreuses ONG et personnalités politiques considèrent au contraire que Twitter laisse passer trop de désinformation et propos haineux.
«Depuis que j'ai réalisé mon investissement, je me suis rendu compte que l'entreprise ne prospérerait pas et ne servirait pas, sous sa forme actuelle, son impératif sociétal» d'une démocratie fonctionnelle, argumente Elon Musk dans sa lettre officielle. «Twitter a un potentiel extraordinaire. Je vais le débloquer», a-t-il promis.
«C'est un homme extrêmement privilégié, qui se croit tout permis, et je ne suis pas sûre que le Twitter qu'il a en tête est une plateforme qui conviendrait à la majorité des personnes qui s'en servent aujourd'hui», a commenté l'analyste indépendante Carolina Milanesi.
«Pop-corn»
«Nous ne sommes pas surpris par le dessein de M. Musk d'acquérir entièrement l'entreprise après avoir rejeté une offre de rejoindre le CA, ce qui l'aurait menotté», a de son côté réagi Angelo Zino de CFRA.
A Wall Street, l'action de Twitter s'est envolée après l'annonce, avant de baisser légèrement pendant la journée.
«Je ne suis pas sûr d'arriver à l'acheter», a admis l'homme d'affaires jeudi, avant d'expliquer qu'il espérait rallier à son projet le plus d'actionnaires existants possibles.
L'un d'entre eux a déjà réagi: le prince saoudien et investisseur Al-Walid ben Talal a déclaré sur Twitter qu'il «rejetait» une offre trop faible par rapport à la «valeur intrinsèque de Twitter».
L'influence et la pression exercées par M. Musk ne laissent pas beaucoup d'options aux dirigeants de Twitter, estiment pour leur part les analystes de Wedbush Securities.
«Nous pensons que ce feuilleton à rebondissements se terminera par l'acquisition de Twitter par M. Musk après cette OPA hostile», prédisent-ils dans une note. «Le conseil d'administration sera probablement contraint d'accepter cette offre ou de lancer des démarches actives pour vendre Twitter».
«C'est le moment de sortir le pop-corn», ont-ils ajouté, «car on peut s'attendre à de nombreux rebondissements dans les semaines à venir en vue du mariage entre Twitter et Musk».