Crise énergétique En Alsace, la demande de bois de chauffage flambe

ATS

15.12.2022 - 08:03

La demande a «carrément explosé, on n'arrive plus à suivre»: face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, le bois de chauffage connaît un véritable boom, contraignant les vendeurs à «rationner», voire à refuser des clients.

Le bois de chauffage connaît un véritable boom, contraignant les vendeurs à rationner, voire à refuser des clients (photo symbolique).
Le bois de chauffage connaît un véritable boom, contraignant les vendeurs à rationner, voire à refuser des clients (photo symbolique).
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Keystone-SDA

En cette mi-décembre en Alsace, le mercure plonge largement en-dessous de zéro depuis quelques jours. Vendeur de bois de chauffage à Wissembourg (Bas-Rhin), à la frontière avec l'Allemagne, Christophe Glad est venu livrer bûches et granulés à l'entreprise Moose, spécialiste des poêles et des cheminées-inserts, installée à Vendenheim, près de Strasbourg.

M. Glad exerce «depuis 23 ans» mais cette année est particulière: «Je suis tout le temps sur la route en train de livrer. On est obligé de rationner, de livrer en deux, voire trois fois pour que les clients puissent commencer l'hiver», explique celui qui préside le groupement syndical des négociants en bois de chauffage d'Alsace.

Beaucoup de ses clients sont en Allemagne, où la «spéculation» sur le bois est importante: en France, le stère oscille entre «90 et 100 euros», contre «70 à 80» auparavant. Outre-Rhin, où la dépendance au gaz russe était très forte, il peut monter jusqu'à «200 euros».

Moins cher

«Il y a de plus en plus de gens qui souhaitent faire des économies» et «le bois», en chauffage principal comme en appoint, est «l'énergie la moins chère», confirme Laura Menrath, assistante administrative chez Moose. Celle-ci constate une explosion des poêles à bûches cette année, largement devant les appareils à granulés.

«Avant c'était vraiment du 50/50», mais désormais c'est la bûche qui a le vent en poupe: chez ce vendeur alsacien, seulement «une personne sur vingt» s'intéresse désormais aux granulés, explique-t-elle.

Le conflit ukrainien «dope le marché européen», notait en novembre Patrice Escrieut, président de la Fédération des installateurs de poêles et de cheminées (FIPC).

Avec pour conséquence «un engorgement au niveau des usines» et des délais de fabrication de poêles allant de «quatre à douze mois», expliquait-il sur Sud Radio. «Trop tard» donc pour ceux qui rêvent d'acheter un poêle cet hiver, prévenait-il, invitant les clients à commander dès à présent «pour l'hiver 2023».

Stocks à sec

Face à cette demande accrue, les vendeurs de bois, qui constituent traditionnellement leurs stocks en amont dans l'année, peinent depuis des semaines à suivre la cadence.

Normalement, «on livre durant l'été» mais cette année, on continue à avoir «entre 30 et 50 appels par jour», avec des pointes «jusqu'à 100 par jour», confie M. Glad. Il a dû renoncer à livrer des personnes qui, redoutant une facture d'énergie trop salée, ont opté, malheureusement trop tardivement dans l'année, pour un chauffage bois.

«Le marché est totalement exsangue, les stocks de bois sec sont à zéro depuis quelques semaines», confirme Jocelyn Auffret, vendeur de bois de chauffage à Gertsheim (Bas-Rhin). Lui aussi a dû récemment décliner des commandes de «personnes qui n'avaient pas eu le réflexe de commander assez tôt, alors qu'en mai ou juin, j'étais déjà dans le rouge».