Les services de renseignement américains et allemands auraient, durant des dizaines d'années, intercepté des milliers de documents via des appareils de chiffrement truqués de l'entreprise zougoise Crypto AG, et ainsi espionné plus d'une centaine de pays.
Yves Leresche est le photographe suisse de l'année, selon la Fondation Reinhardt von Graffenried. Il est honoré pour sa couverture de la grève des femmes le 14 juin 2019 à Lausanne pour le magazine L'Illustré.
Enquête sur l'espionnage en Suisse primée
Les services de renseignement américains et allemands auraient, durant des dizaines d'années, intercepté des milliers de documents via des appareils de chiffrement truqués de l'entreprise zougoise Crypto AG, et ainsi espionné plus d'une centaine de pays.
Yves Leresche est le photographe suisse de l'année, selon la Fondation Reinhardt von Graffenried. Il est honoré pour sa couverture de la grève des femmes le 14 juin 2019 à Lausanne pour le magazine L'Illustré.
L'indépendant Mehdi Atmani a été nommé «journaliste suisse de l'année» par la Fondation Reinhardt von Graffenried, pour son enquête sur l'espionnage. Le photographe de l'année est aussi romand: Yves Leresche (L'Illustré), primé pour son suivi de la grève des femmes.
Agé de 36 ans, Mehdi Atmani est le premier à recevoir ce titre dans le cadre des Swiss Press Awards. Ses recherches ont abouti à une web-série publiée sur le site de la RTS, intitulée «La Suisse sous couverture».
Cette série a été mise en ligne en novembre dernier, mais les révélations contenues dans le travail d'investigation, notamment sur la société Crypto AG, sont passées largement inaperçues, a relevé mercredi la Fondation Reinhardt von Graffenried, fondée en 2009 dans le but de soutenir le journalisme et la photographie de presse dans les médias imprimés et en ligne.
Ce n'est qu'en février 2020 que l'affaire a véritablement fait parler d'elle, lorsque l'émission Rundschau de SRF s'en est emparée. En collaboration avec la chaîne allemande ZDF et le Washington Post, la télévision alémanique a évoqué les liens, dès les années 50, entre cette société basée à Zoug et les renseignements américain et allemand pour espionner une centaine d'autres pays. Le dossier a alors déclenché de nombreuses réactions au niveau politique.
La Fondation relève que la série ne se contente pas uniquement de replonger dans le passé. Les cinq épisodes, sur la base de témoignages de hackers, d’agents de renseignements ou d'experts, «exposent les failles de la révolution numérique, les atteintes à la protection des données et aux droits humains dues à la faiblesse de la législation». Réalisée en collaboration avec Alexandre Bugnon, «La Suisse sous couverture» remporte aussi un Swiss Press Awards dans la catégorie vidéo.
Recherches en parallèle
«Je m'intéresse à la thématique depuis 10 ans», déclare Mehdi Atmani dans une vidéo diffusée par les organisateurs. Passé par 24 Heures, L'Hebdo, Le Temps et The Guardian, le journaliste a fondé en 2017 sa propre agence, Flypaper.ch. Ses recherches sur l'espionnage l'ont mené aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France ou encore en Belgique.
Cité par les organisateurs, Mehdi Atmani ne regrette pas le manque d'attention initial porté à son travail. Il estime seulement «dommage» que les unités de la SSR ne se soient pas coordonnées sur cette affaire, alors que des recherches étaient menées en parallèle. Le reportage de la Rundschau a alimenté un débat public attendu et lui et sa petite équipe ont gagné en légitimité en vue de nouvelles recherches, rapporte encore la Fondation Reinhardt von Graffenried.
Le 3 avril dernier, le photographe vaudois Yves Leresche avait remporté la catégorie Actualité des Swiss Press Awards pour une série de clichés réalisés lors de la grève féministe du 14 juin 2019 à Lausanne et parus dans L'Illustré. Ce travail lui vaut le titre de photographe suisse de l'année, a précisé la Fondation mercredi.
Dans le reste du palmarès de cette édition 2020 des Swiss Press Awards, la catégorie texte est remportée par Arnaud Robert (Heidi.news) pour son reportage au long cours intitulé «La révolution des toilettes». Cette enquête consacrée au défi sanitaire mondial posé par les déjections humaines a mené le journaliste de Lausanne à l'Afrique du Sud en passant par l'Inde ou la Chine. Une recherche publiée aussi bien sur le site du dernier-né de la presse romande qu'en format papier dans la revue «Explorations».
Pas de cérémonie, coronavirus oblige
Autre victoire romande dans cette édition 2020, François Ruchti remporte la catégorie «local» avec son enquête pour le compte de l'émission Mise au point de la RTS sur les safaris de chasse en Valais, qui avait suscité beaucoup de réactions dans le public.
L'équipe de journalistes autour de Christian Zeier s'adjuge la catégorie online, pour une recherche sur un scandale financier impliquant le Credit Suisse au Mozambique, publiée sur le site reflekt.ch et dans Das Magazin (édité par Tamedia).
Enfin, dans le domaine audio, la victoire revient au duo Franziska Engelhardt et Stefanie Müller-Frank, pour un podcast en six épisodes sur le site republik.ch, qui raconte l'histoire du père de la première, entasseur compulsif dans un village zurichois.
Les gagnants de chaque catégorie remportent 15'000 francs chacun, alors que les lauréats du journaliste suisse de l'année et du photographe suisse de l'année se voient remettre 25'000 francs chacun. Coronavirus oblige, la traditionnelle cérémonie de remise des prix à l'hôtel Bellevue à Berne a dû être annulée.
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