Au bord du gouffre Evergrande va rembourser une partie de sa dette

ATS

22.9.2021 - 04:47

Le géant immobilier chinois en grande difficulté Evergrande a annoncé mercredi le paiement d'intérêts sur une petite partie de sa dette. L'accord n'a cependant pas rassuré les marchés financiers, qui attendent toujours de savoir si Pékin va voler au secours du groupe.

22.9.2021 - 04:47

Le groupe immobilier Evergrande croule sous une dette de quelque 260 milliards d'euros (archives).
Le groupe immobilier Evergrande croule sous une dette de quelque 260 milliards d'euros (archives).
ATS

La crainte de voir se répéter en Chine, deuxième économie de la planète, un scénario à la Lehman Brothers, dont la faillite avait précipité la crise de 2008 aux Etats-Unis et dans le monde, a fait plonger les places financières ces derniers jours.

Tous les regards sont tournés vers le gouvernement chinois, qui n'a pas précisé s'il entendait intervenir en faveur du conglomérat, écrasé par quelque 260 milliards d'euros (280 milliards de francs) de dette.

Alors que menace le défaut de paiement, le promoteur immobilier a annoncé mercredi matin être parvenu à un accord avec des porteurs d'obligations sur une petite partie de sa dette. Dans un communiqué adressé à la bourse de Shenzhen, le groupe a précisé qu'une de ses filiales, Hengda Real Estate, avait négocié un plan de remboursement d'intérêts sur une obligation à échéance 2025.

D'autres échéances jeudi

Selon l'agence financière Bloomberg, Evergrande rembourserait ainsi 232 millions de yuans (33,1 millions de francs) dus jeudi sur cette obligation à 5,8% limitée au marché obligataire intérieur. Les porteurs «qui ont acheté et détiennent ces obligations» avant la date de mercredi «ont droit au paiement d'intérêts», précise le communiqué.

Mais le géant immobilier, dont le siège se trouve à Shenzhen, est loin d'être tiré d'affaire compte tenu du montant total de sa dette. D'autres emprunts arrivent à échéance jeudi sur le marché obligataire international et le groupe n'a pas précisé, comment il comptait les régler.

L'annonce du remboursement partiel «va aider et on peut espérer qu'elle va réduire un peu la volatilité et la baisse des marchés», a estimé Gary Dugan, du cabinet de conseil en investissement Global CIO Office à Singapour.

«Mais pour que la confiance revienne pour de bon, il faudrait que le marché puisse entrevoir des perspectives de restructuration chez Evergrande», a-t-il déclaré à Bloomberg. Or, le régime communiste n'a pas précisé s'il comptait aider à renflouer le groupe privé, dont 1,4 million de logements resteraient inachevés, au grand dam d'autant de propriétaires floués.

«Période la plus sombre»

La semaine dernière, des dizaines d'entre eux ont protesté devant le siège du groupe ainsi qu'ailleurs dans le pays. Créanciers, salariés et fournisseurs exigent aussi d'être payés par Evergrande, qui a multiplié les investissements jusqu'à ce que Pékin resserre l'an dernier les règles en matière d'emprunt.

Le président du groupe a affirmé à son personnel qu'Evergrande «sortirait bientôt de sa période la plus sombre», a rapporté mardi un média d'État. Le milliardaire Xu Jiayin, jadis homme le plus riche de Chine, a assuré que les chantiers reprendraient complètement et que le groupe apporterait «une réponse aux acheteurs, aux investisseurs, aux partenaires et institutions financières». Il n'a pas fourni plus de précision.

L'annonce du paiement des intérêts n'a pas suffi à rassurer les marchés, les bourses de Shenzhen et de Shanghaï restant en baisse mercredi matin, après quatre jours de pause pour cause de jours fériés. La bourse de Hong Kong était, à son tour, fermée mercredi.

Mardi, si les places européennes ont rebondi, Wall Street a fini en ordre dispersé, l'indice Dow Jones lâchant 0,15%, alors que les analystes cherchent à se projeter au-delà d'un éventuel défaut de paiement.

«Les investisseurs se demandent si les autorités chinoises seront en mesure de gérer les conséquences une fois l'échéance financière passée», indique Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Il semble admis, selon lui, qu'un défaut de paiement d'Evergrande est «une question de temps» et «la vraie question concerne la façon dont il sera géré».

ATS