«La situation devrait encore s'aggraver» Face au franc fort, le chômage partiel revient dans l'industrie

cf

10.1.2024 - 10:32

La force du franc, en particulier par rapport à l'euro et au dollar, pousse les entreprises industrielles suisses, déjà confrontées à des baisses de commandes à l'export, à avoir recours au chômage partiel pour atténuer leurs coûts.

La force du franc, en particulier par rapport à l'euro et au dollar, pousse les entreprises industrielles suisses, déjà confrontées à des baisses de commandes à l'export, à avoir recours au chômage partiel pour atténuer leurs coûts. (image d'illustration)
La force du franc, en particulier par rapport à l'euro et au dollar, pousse les entreprises industrielles suisses, déjà confrontées à des baisses de commandes à l'export, à avoir recours au chômage partiel pour atténuer leurs coûts. (image d'illustration)
Imago

cf

«Comme beaucoup d'entreprises suisses, nous sommes clairement touchés par la force du franc», a indiqué le zurichois Bystronic à AWP. Le spécialiste des machines d'usinage de tôle a confirmé le chômage partiel pour 170 de ses 700 salariés à Niederönz, dévoilé dans les médias la semaine dernière.

«Rien qu'au premier semestre 2023, le franc fort nous a coûté presque 30 millions de francs de chiffre d'affaires. Et au total, on s'attend à un impact négatif de plusieurs millions sur le bénéfice d'expoitation», a ajouté le groupe. La réduction de l'horaire de travail (RHT), initiée en novembre, court jusqu'à fin janvier au sein de la production. Son éventuelle prolongation sera alors examinée.

La faîtière de l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux Swissmem confirme que le nombre d'entreprises à avoir mis en place cette mesure «a augmenté de manière significative» après «un niveau très bas l'été dernier». Elle ne donne toutefois pas de chiffres.

La tendance progresse alors que «les entrées de commandes sont en forte baisse et que les exportations vers l'Allemagne, les Etats-Unis et la Chine continuent de diminuer», a ajouté Swissmem. «Avec l'appréciation dramatique du franc, la situation devrait encore s'aggraver.»

La monnaie nationale, valeur refuge pendant la crise du Covid-19, a été peu à peu portée par les craintes d'inflation et de récession. Fin décembre, l'euro a chuté 0,92575 franc, un plancher pratiquement jamais atteint par la monnaie commune. En janvier 2023, la parité était encore de mise. Le dollar a reculé à la fin du mois dernier à 83,3 centimes, contre 0,926 centimes en début d'année.

Davantage de demandes

«En Suisse, nous avons introduit pour une partie des effectifs, 60% exactement, du chômage partiel pour trois mois à partir de janvier 2024», a souligné le chef des finances du zougois Bossard, Stephan Zehnder, spécialisé dans les techniques d'assemblage.

Le schaffhousois Georg Fischer souligne que «seuls certains départements sont concernés, avec pas plus de 50% des salariés». Comme par exemple pour quelques semaines chez GF Machining Solutions à Losone (Tessin) à cause de «la fluctuation de demande saisonnière». Une généralisation de la mesure à toutes les implantations helvétiques «n'est actuellement pas prévue».

Chez Phoenix Mecano, «en raison de la faible conjoncture industrielle, surtout en Allemagne, certains sites de productions examinent l'introduction du chômage partiel». Le fabricant de boîtiers reconnaît cependant être faiblement touché par la force du franc, vu que les activités suisses ne pèsent que 5% des recettes du groupe.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie voit aussi le chômage partiel se déployer en Suisse. «Ces derniers temps, de plus en plus d'entreprises ont déposé une demande», a constaté Boris Zürcher, chef de la Direction du travail au Seco. Il s'attend à ce que les indemnités correspondantes augmentent. L'an dernier, environ 50 millions de francs a été versé jusqu'ici pour l'indemnité en cas de RHT, contre 384 millions de francs en 2022.

Selon les derniers chiffres du Seco disponibles datant d'octobre, les réductions de l'horaire de travail ont touché 2635 personnes, soit presque 30% de moins qu'en septembre. Elles ont concerné 97 entreprises tandis que presque 136'700 heures de travail ont été perdues.