Automobiles Ford et VW renforcent leur coopération

ATS

12.7.2019 - 17:31

Ford et Volkswagen ont annoncé étendre leur alliance, formée en janvier, au développement des voitures autonomes et électriques, considérées comme le prochain eldorado de l'automobile.
Ford et Volkswagen ont annoncé étendre leur alliance, formée en janvier, au développement des voitures autonomes et électriques, considérées comme le prochain eldorado de l'automobile.
Source: KEYSTONE/AP/SETH WENIG

Les constructeurs américain Ford et allemand Volkswagen ont annoncé vendredi étendre leur alliance, formée en janvier, au développement des voitures autonomes et électriques, considérées comme le prochain eldorado de l'automobile.

Ce partenariat exclut toutefois un échange de participations croisées, ont tenu à préciser, dans un communiqué commun, les deux groupes qui travaillent déjà ensemble dans la production des fourgonnettes, des utilitaires et des pickups commerciaux.

Dans la voiture autonome, Volkswagen va investir 2,6 milliards de dollars (quasiment autant en francs) au total dans Argo AI, la filiale de développement des voitures autonomes de son rival américain Ford.

Cet investissement, qui se fera sous la forme d'un milliard de dollars en liquidités et de l'intégration dans Argo AI d'AID, filiale de technologies autonomes de Volkswagen, va valoriser la filiale de Ford à plus de 7 milliards, affirment les deux géants automobiles.

Ils seront des actionnaires à parts égales dans Argo AI, Volkswagen s'étant engagé à acheter des actions à Ford pour un montant de 500 millions de dollars sur trois ans, tandis que la marque à l'ovale bleu va elle finaliser les investissements restants (600 millions) promis à la startup.

Ce partenariat «va nous permettre de montrer la puissance de notre alliance globale à l'ère des véhicules intelligents», a souligné Jim Hackett, le PDG de Ford, cité dans le communiqué.

Dans l'électrique, l'alliance prévoit que Ford utilise la plateforme MEB, c'est-à-dire la base technique commune à toutes les nouvelles voitures électriques de Volkswagen, pour construire ses propres modèles destinés dans un premier temps au marché européen.

La première voiture Ford qui y sera assemblée sera commercialisée en Europe à partir de 2023, avec l'objectif de produire 600'000 véhicules sur six ans.

Ford et Volkswagen discutent aussi de la possibilité que le groupe américain produise un second modèle sur cette plateforme MEB.

Choc des cultures?

L'alliance renforcée entre Ford et Volkswagen traduit la transformation en cours du secteur automobile, qui est bousculé par les technologies électriques et autonomes, considérées comme le prochain eldorado de l'industrie automobile.

Ces technologies exigent toutefois de gros investissements se chiffrant en milliards de dollars. Et afin de limiter les risques et demeurer un acteur de premier plan, notamment face à l'offensive des géants de la high-tech (Waymo, né chez Google), ou ceux de l'économie de partage comme Uber, les constructeurs forgent de nouvelles alliances.

Honda a investi dans Cruise, la filiale de développement des voitures autonomes de General Motors (GM), tandis que le groupe italo-américain Fiat Chrysler et le français Renault ont essayé récemment de fusionner sans succès.

«Ford comme Volkswagen ont besoin de coopérer sur les véhicules autonomes. C'est une technologie très très coûteuse pour l'avenir. On doit investir aujourd'hui pour encaisser peut-être les premières recettes en 2030», estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center for automotive research (CAR) basé en Allemagne.

La coopération Ford-Volkswagen est la bienvenue pour les deux géants, qui sont actuellement en pleine restructuration.

«La branche voitures particulières de Ford Europe ne peut survivre dans la mobilité électrique sans l'appui d'un allié, car Ford n'a aucun modèle électrique dans les tuyaux en Europe», avance encore M. Dudenhöffer, alors que le groupe américain vient d'annoncer des milliers de suppressions d'emplois et des fermetures d'usines sur le Vieux continent.

Quant à Volkswagen, il devrait profiter des gros volumes de Ford en Europe pour réaliser des économies d'échelle dans les véhicules utilitaires et Ford l'aiderait également à se renforcer aux Etats-Unis, où sa part de marché est faible et où sa réputation a été ternie par le scandale des moteurs diesel truqués.

S'ils jugent nécessaires de tels partenariats, les analystes n'excluent toutefois pas des échecs en raison des différences de culture.

«La compréhension interculturelle est cruciale. Wolfsburg (siège de VW) et Dearborn (siège de Ford) peuvent-ils bien s'entendre? C'est la question», avance Ferdinand Dudenhöffer.

Par le passé, le partenariat Volkswagen-Suzuki Motors s'est terminé devant les tribunaux, bien avant même que le premier véhicule en commun ait été produit, tandis que les coopérations Daimler-Chrysler et Opel-GM ont été des échecs.

Herbert Diess, le PDG de Volkswagen, arrivé aux commandes l'an dernier, a promis d'ouvrir le groupe allemand aux coopérations.

Et pour dissiper les doutes, Volkswagen et Ford soulignent avoir déjà travaillé ensemble en Amérique du Sud et au Portugal.

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