FranceLoi visant à réintroduire des pesticides au Parlement
ATS
26.5.2025 - 20:22
Enjambant les débats à l'Assemblée nationale, les députés français ont repoussé temporairement lundi une proposition de loi qui réintroduit des pesticides néonicotinoïdes, l'opposition de gauche dénonçant un contournement du Parlement et promettant une motion de censure.
Les néonicotinoïdes, tout comme d’autres pesticides ou fongicides, peuvent avoir des effets sur «les capacités de communication et d’orientation des abeilles».
Trollinho / Unsplash
Keystone-SDA
26.05.2025, 20:22
ATS
Jugée «vitale» par la FNSEA, premier syndicat agricole en France, la proposition de loi est jugée «d'inspiration trumpienne» et comme «une capitulation politique» par ses détracteurs écologistes et de gauche.
Par cette tactique, soutenue par l'essentiel du camp gouvernemental et l'alliance RN-UDR (droite et extrême droite), les partisans de la proposition de loi renvoient directement le texte devant une commission mixte paritaire (CMP), sans débat dans l'hémicycle. Une manière de sauter l'obstacle des quelque 3500 amendements déposés, dont 1500 des écologistes et 800 de La France insoumise (gauche radicale).
Seuls sept députés et sept sénateurs devront s'accorder sur une version commune, en partant de la version déjà adoptée au Sénat.
Griefs
Parmi les griefs contre ce texte: la réintroduction, à titre dérogatoire, de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Efficace contre les ravageurs de la betterave ou de la noisette, ses effets chez l'humain font l'objet d'inquiétudes, même si ces risques restent incertains, par manque d'études d'ampleur.
Autorisé ailleurs en Europe, il est notamment réclamé par les filières de betterave ou de noisette, qui estiment n'avoir aucune autre solution contre les ravageurs. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre «un tueur d'abeilles».
Au-delà des pesticides, la version du texte adoptée à la chambre haute, à l'initiative du sénateur LR Laurent Duplomb, ne manque pas de sujets clivants, parmi lesquels le degré d'influence du gouvernement dans le travail de l'agence sanitaire Anses, les autorisations de pesticides ou encore des dérogations environnementales pour certains projets de prélèvements et stockage d'eau.
Tracteurs à Paris
Une dizaine de tracteurs étaient venus stationner aux abords du palais de l'Assemblée nationale depuis le début de la matinée, à l'appel des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA, pour défendre le texte.
«Cette proposition de loi (...) est très importante pour nous (...) Ce qu'on demande, c'est simplement d'exercer un métier dans un environnement européen: marché unique, règle unique», a déclaré à l'AFP Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.
A l'inverse, les écologistes ont fustigé, par la voix de la députée Delphine Batho, «un texte obscurantiste», «visage du trumpisme à la française». Le chef du groupe socialiste Boris Vallaud a lui fulminé contre «un déni de démocratie grave».
«Nous nous opposerons fermement à cette motion (de rejet), fruit d'une lâcheté politique et d'une soumission totale de la droite aux lobbys de l'agrobusiness», a déclaré le groupe LFI. «On va essayer de déposer une motion de censure» contre le gouvernement de François Bayrou, a déclaré devant des journalistes la cheffe du groupe insoumis Mathilde Panot.