Pesticides France: produits à base de glyphosate retirés

ATS

9.12.2019 - 14:52

Le Roundup produit par Monsanto – racheté par Bayer – est l'un des produits contenant du glyphosate.
Le Roundup produit par Monsanto – racheté par Bayer – est l'un des produits contenant du glyphosate.
Source: KEYSTONE/EPA/CJ GUNTHER

L'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé lundi le retrait de 36 produits à base de glyphosate, un herbicide que la France a décidé d'interdire à partir de 2021. Ce pesticide représente près des trois quarts des tonnages de produits utilisés en 2018.

Actuellement, 69 produits à base de glyphosate sont disponibles sur le marché en France et ont fait l'objet d'une demande de renouvellement de leur autorisation.

«Par décision de l'Anses, 36 de ces produits vont être retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l'insuffisance ou de l'absence de données scientifiques permettant d'écarter tout risque génotoxique» (susceptible d'endommager l'ADN et de provoquer des mutations génétiques), indique-t-elle dans un communiqué.

Suite au prolongement pour cinq ans de l'agrément de la substance active par l'Union européenne en 2017, «l'Anses procède au réexamen des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France et a lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles», rappelle l'Agence.

Evaluation renforcée

Mais sans attendre la fin du processus en cours, «l'Agence a notifié le retrait des autorisations de 36 produits à base de glyphosate». Pour des raisons identiques, elle «a notifié une décision négative pour 4 des 11 nouvelles demandes d'autorisation déposées depuis janvier 2018 et en cours d'examen».

Ces 36 produits représentaient en 2018 «près des trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France», selon l'Anses.

L'évaluation des dossiers de demande d'autorisation déposés par les entreprises souhaitant renouveler ou obtenir une mise sur le marché de produits à base de glyphosate «a été spécifiquement renforcée en 2017 suite à la réévaluation de la substance active. Avec davantage d'exigences impliquant la fourniture de données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l'environnement», selon l'Anses.

«Ces nouvelles dispositions requièrent des études spécifiques menées selon des méthodes standardisées et robustes», assure l'Anses qui «poursuit l'examen des demandes d'autorisation et de réautorisation de produits à base de glyphosate».

«Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d'efficacité et de sécurité définis au niveau européen (...) et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante bénéficieront de l'accès au marché français», ajoute l'Anses, qui finalisera l'ensemble du processus d'évaluation «d'ici fin 2020».

L'Autriche renonce

Le gouvernement autrichien a pour sa part annoncé qu'il ne mettrait pas oeuvre l'interdiction du glyphosate votée cet été par le Parlement pour une entrée en vigueur début 2020, car la proposition de loi n'a pas été soumise aux instances européennes comme elle aurait dû l'être.

L'interdiction du glyphosate dès 2020 aurait fait de l'Autriche le premier pays européen à bannir l'herbicide controversé. Votée en juillet par le Parlement, cette interdiction avait pris de court le gouvernement qui n'était pas à l'origine de cette initiative.

L'interdiction du glyphosate avait été approuvée grâce à une alliance des députés de l'opposition -sociaux-démocrates, Verts, extrême droite- et contre la volonté des conservateurs de l'ÖVP, qui constituent le principal groupe parlementaire à la chambre.

Débat dans plusieurs pays

La licence d'utilisation du glyphosate dans l'UE court jusqu'au 15 décembre 2022. Son sort fait débat dans de nombreux pays, notamment en raison de la nécessité de trouver des alternatives à ce produit très utilisé par les agriculteurs.

La France a prévu «de sortir de l'essentiel des usages au 1er janvier 2021, et de tous les usages au 1er janvier 2023», selon le gouvernement.

En Autriche, aucune réflexion n'avait été engagée sur la mise en oeuvre de la mesure depuis son vote au Parlement. Le monde agricole jugeait irréaliste l'entrée en vigueur en janvier 2020 et avait qualifié la décision du Parlement de «populiste».

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