1er fournisseur de gaz d'EuropeGagnante de la crise énergétique, Oslo cherche des solutions
ATS
17.9.2022 - 08:16
La Norvège, désormais premier fournisseur de gaz de l'Europe, profite à plein régime de la flambée des cours attisée par la chute des livraisons russes. Cette situation est cependant inconfortable pour Oslo qui dit chercher une solution avec Bruxelles.
Keystone-SDA
17.09.2022, 08:16
ATS
La balance commerciale du riche pays scandinave a battu un nouveau record en août avec un excédent frôlant les 20 milliards d'euros, essentiellement grâce aux exportations de gaz, selon des chiffres officiels publiés jeudi.
«Les prix du gaz ont fortement augmenté en août, entre autres du fait que les livraisons (de gaz russe, ndlr) vers l'UE via (le gazoduc) Nord Stream 1 ont encore été réduites», a expliqué Jan Olav Rørhus, un expert de l'institut de statistique norvégien SSB. «Cela a fait que les volumes d'exportation de gaz naturel de la Norvège, déjà élevés, ont atteint une valeur record», a-t-il ajouté.
Sur fond d'extrêmes tensions entre l'Occident et la Russie à cause de la guerre en Ukraine, le géant russe Gazprom a d'abord diminué cet été ses livraisons de gaz passant par Nord Stream 1, qui dessert l'Allemagne et plusieurs pays européens, avant de fermer complètement les vannes fin août.
La Norvège, de son côté, a produit au maximum de ses capacités pour combler partiellement ce trou, supplantant ainsi la Russie au rang de premier fournisseur de gaz vers l'Europe. Résultat: son excédent commercial a atteint le niveau sans précédent de 197,7 milliards de couronnes (18,8 milliards de francs) en août, les exportations de gaz représentant à elles seules 176,4 milliards de couronnes.
Cette manne contribue à abonder les caisses déjà bien remplies de l'Etat norvégien qui contrôle notamment 67% du géant énergétique Equinor.
Celui-ci devrait engranger cette année un bénéfice imposable de 900 milliards de couronnes, la troisième meilleure performance mondiale derrière le saoudien Aramco et l'américain Apple, selon Nordea Markets. «Equinor, seul, gagne plus que toutes les entreprises cotées en Suède», a souligné l'économiste Robert Naess jeudi sur la chaîne TV2.
Revenir aux contrats de long terme?
Face à l'envolée des factures énergétiques sur le continent, certains s'inquiètent que le pays passe pour un «profiteur de guerre» et plusieurs Etats européens réclament un plafonnement du prix du gaz importé, y compris en provenance de Norvège.
Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, s'y dit «sceptique», estimant que le problème réside dans l'insuffisance de gaz sur le marché européen et qu'un prix maximum risquerait de détourner du continent des livraisons de gaz naturel liquéfié (LNG) que les fournisseurs pourraient être tentés d'aller vendre ailleurs.
Oslo préfère renvoyer la balle aux groupes pétroliers et à leurs clients en Europe, suggérant de négocier les contrats d'approvisionnement à long terme, aux prix fixes et donnant donc plus de visibilité mais boudés par les Européens depuis le tournant des années 2000, plutôt que ceux au comptant (spot), dont les prix varient.
«Dialogue étroit»
«Ce n'est pas le gouvernement norvégien qui vend le gaz. Ce sont les entreprises. Et, en principe, ce ne sont pas non plus les autorités européennes qui achètent le gaz», a répété M. Støre jeudi au sortir d'une réunion avec les principaux producteurs d'hydrocarbures du pays consacrée à la crise énergétique en Europe. «Mais nous avons à coeur d'avoir un dialogue étroit pour contribuer à apporter de la stabilité à un marché qui manque de gaz», a-t-il ajouté.
La Commission européenne et la Norvège ont annoncé cette semaine la mise en place d'un groupe de travail pour examiner ces questions. Aker BP, l'une des trois compagnies pétrolières conviées aux discussions de jeudi aux côtés d'Equinor et de Vår Energi, s'est dite favorable aux contrats de long terme, tout en soulignant les difficultés.
«Aker BP souhaite conclure des contrats de long terme mais la question est de savoir qui est l'autre partie», a dit son directeur général Øyvind Eriksen aux journalistes. «Au niveau actuel des prix, c'est un risque trop élevé pour la plupart des acteurs privés», a-t-il ajouté.