Il y a dix ans, un séisme touchait la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon. Cet accident a permis de lancer la transition énergétique en Suisse, mais l'abandon à terme de l'énergie atomique, décidé après la catastrophe, n'est pas pour tout de suite.
Le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi ont ravagé la région de Fukushima au Japon le 11 mars 2011 (archives).
La centrale nucléaire de Fukushima après l'explosion d'un réacteur, à gauche (archives).
Jusqu'à présent, seule la centrale nucléaire de Mühleberg a été arrêtée. Son démantèlement devrait se poursuivre jusqu'en 2034 (archives).
L'accident de Fukushima a lancé la transition énergétique en Suisse - Gallery
Le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi ont ravagé la région de Fukushima au Japon le 11 mars 2011 (archives).
La centrale nucléaire de Fukushima après l'explosion d'un réacteur, à gauche (archives).
Jusqu'à présent, seule la centrale nucléaire de Mühleberg a été arrêtée. Son démantèlement devrait se poursuivre jusqu'en 2034 (archives).
L'accident survenu à Fukushima le 11 mars 2011 est entré dans l'Histoire comme la catastrophe nucléaire la plus grave après celle de Tchernobyl. Il a eu des conséquences durables, également pour la Suisse.
Trois jours après l'événement, Doris Leuthard (PDC), la ministre de l'énergie de l'époque, suspendait les demandes de construction de trois nouvelles centrales nucléaires déposées par des entreprises électriques en 2008. Le 25 mai 2011, le Conseil fédéral décidait officiellement d'abandonner progressivement l'énergie atomique.
Stratégie 2050
En mai 2017, le peuple suisse confirmait la voie choisie en approuvant la stratégie énergétique 2050 et donc l'abandon progressif de l'énergie atomique. Toutefois, à ce jour, seule une centrale nucléaire, celle de Mühleberg (BE), a été fermée, à la fin 2019.
Les quatre autres centrales nucléaires (Beznau I et II en Argovie, Gösgen SO et Leibstadt AG) devraient continuer d'alimenter le réseau en électricité dans les années à venir. En effet, le peuple suisse a rejeté en novembre 2016 l'initiative «Pour la sortie programmée du nucléaire», qui visait entre autres à limiter la durée de vie des centrales existantes à 45 ans, ce qui les aurait obligées à fermer ces prochaines années.
Ainsi, tant qu'elles sont encore considérées comme sûres par l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), ces centrales nucléaires continueront d'alimenter le réseau.
Test de résistance de sûreté réussi
Après les événements de Fukushima, l'IFSN avait ordonné des mesures immédiates et des contrôles sécuritaires supplémentaires dans les centrales nucléaires suisses. Ces dernières avaient également été soumises au test de résistance de sûreté de l'Union européenne, qui consiste notamment à déterminer si une centrale nucléaire arrive à résister à des séismes et à des inondations.
Les résultats ont confirmé que les quatre infrastructures suisses présentent un niveau de sécurité élevé en comparaison internationale. Mais ce test a révélé des problèmes non résolus pour lesquels l'IFSN avait posé des exigences supplémentaires aux centrales nucléaires.
Il s'agissait entre autres d'examiner dans quelle mesure l'isolation de l'enceinte de confinement du réacteur pouvait résister aux tremblements de terre ou de déterminer les éventuels blocages des goulets d'étranglement dans les cours d'eau utilisés pour le refroidissement des installations.
Nouvelles analyses
Selon l'IFSN, les centrales nucléaires suisses ont fourni toutes les preuves requises dans les années qui ont suivi l'accident de Fukushima, ce qui a également entraîné des mises à niveau sélectives pour augmenter les marges de sécurité.
À la fin février seulement, les autorités et l'IFSN, tout comme l'Institut Paul Scherrer à Villigen (AG) et la ville d'Olten (SO), ont présenté de nouvelles analyses de risques pour les centrales nucléaires de Mühleberg (qui reste une infrastructure critique même fermée), de Gösgen et de Beznau, toutes trois refroidies par l'Aar – la centrale de Leibstadt est refroidie par le Rhin.
Procédure au Tribunal fédéral
En cas de crue extrême de l'Aar, phénomène qui se produit en moyenne tous les 100'000 ans, les sites des diverses centrales nucléaires et d'autres infrastructures critiques seraient inondés, parfois sur plusieurs mètres de hauteur, selon ces analyses. Celles-ci concluent aussi que, même si toutes les installations sont déjà suffisamment préparées à faire face à de telles inondations, leurs exploitants devraient revoir leurs analyses de sûreté.
Outre le risque d'inondation, la sécurité sismique a récemment fait l'objet de controverses et est même au coeur d'une procédure en cours devant le Tribunal fédéral. Après l'accident de Fukushima, l'IFSN avait exigé qu'Axpo, l'exploitant de la centrale nucléaire de Beznau, prouve la sécurité sismique des infrastructures.
L'entreprise devait prouver que l'exposition aux radiations autour de la centrale ne dépasserait pas la limite de 100 millisieverts en cas de séisme, phénomène qui ne se produit que tous les 10'000 ans. L'IFSN avait estimé début 2017 que la preuve était suffisante et correcte. Quinze particuliers, soutenus par des organisations environnementales, avaient recouru auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF) contre cette décision.
Ce n'est qu'en janvier que le TAF a rejeté ce recours. Selon lui, l'IFSN a estimé à juste titre que la centrale nucléaire de Beznau pouvait résister à un tremblement de terre. Les recourants ont depuis lors fait recours devant le Tribunal fédéral. Le jugement est toujours en suspens.