L'économie suisse sort d'un 3e trimestre très difficile, avec un recul de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) par rapport aux trois mois précédents. Sur un an, la progression s'affiche à 2,4%, une hausse solide mais inférieure aux prévisions.
L'industrie, les services et, du côté des dépenses, la demande intérieure et le commerce extérieur ont tous livré des "impulsions négatives", annonce jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Il s'agit d'un coup de frein abrupt, après une phase de croissance dynamique enregistrée depuis un an et demi. L'évolution est synchrone avec celle observée au plan européen.
Trois mois plus tôt, à fin juin, l'économie suisse présentait encore une croissance de 0,7% en comparaison trimestrielle et de 3,5% en rythme annuel. "Cette hausse de 3,5% ne pouvait pas être durable. Reste que le fort recul des trois derniers mois est plutôt surprenant, en particulier dans le secteur industriel", a commenté Maxime Botteron, économiste chez Credit Suisse. "Il est probablement lié au fort ralentissement observé en Allemagne cet été.".
L'évolution a pris de court les sept économistes interrogés pour le consensus AWP. Ils avaient tous tablé sur une progression du PIB au 3e trimestre entre 0,2 et 0,6%. Et sur un an, ils s'attendaient à une augmentation de 2,7 à 3,1%.
VP Bank évoque une "vive déception", intervenant après la forte expansion des premiers mois de l'année. L'établissement parle d'un "retour à la réalité", suite à une période où l'économie helvétique avait surpassé ses rivales.
C'est la première fois depuis près de deux ans que l'économie suisse subit une contraction sur trois mois, la dernière fois remontant au 4e trimestre 2016 (-0,1%).
Le secteur de l'énergie a notamment souffert, avec une baisse de 2,2%, que le Seco explique par l'été sec qui a engendré une baisse de production dans les centrales hydroélectriques. Du coup, les exportations de biens industriels et d'énergie ont fortement chuté. Les exportations totales de marchandises ont elles aussi nettement faibli (-4,2%).
Le commerce (-1,0%) n'a pas été épargné, une évolution qui touche aussi bien le commerce de détail que celui de gros. La finance a elle aussi enregistré un léger repli. Reflet du climat d'incertitudes, les investissements en biens d'équipement ont de leur côté régressé de 2%.
Consommation anémique
Le secteur de la santé a crû de 0,5%, tandis que les services aux entreprises gagnaient 0,7%, des hausses dans les services qualifiées de faibles par le Seco.
Ce dernier pointe du doigt le climat de consommation "plutôt morose" que connaît la Suisse. Les dépenses de consommation ont à peine augmenté (0,1%).
Cette anémie est également soulignée par Maxime Botteron. "Malgré la croissance de l'emploi, la consommation des ménages reste faible depuis quelques trimestres. Cela est peut-être lié au recul de l'immigration, qui pèse sur la croissance de la consommation", suggère l'économiste. Le retour de l'inflation et la stagnation - au mieux - des salaires peuvent aussi avoir joué un rôle.
D'une façon générale, Maxime Botteron estime que le ralentissement est prioritairement lié à des éléments temporaires, comme la baisse de production énergétique. "Nous ne sommes pas au début d'une récession. Nous pouvons nous attendre à un rebond au 4e trimestre", prévoit-il. Une analyse partagée par VP Bank.
Les trimestres précédents avaient été favorisés par des facteurs exceptionnels comme les JO d'hiver ou la Coupe du monde, qui avaient donné un coup de fouet à l'économie du pays, siège de très nombreuses organisations sportives. La base de comparaison était donc élevée.
Dans l'Union européenne (UE), la croissance économique a nettement ralenti au 3e trimestre (+0,3% par rapport au précédent). Sur un an, elle a atteint 1,9%.
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